Le Danois Anders Fogh Rasmussen a laissé sa place de secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) au Norvègien Jens Stoltenberg. Si Anders Fogh Rasmussen était considéré comme l’homme des Américains, il est difficile de savoir quel genre de secrétaire général sera Jens Stoltenberg.
Âgé de 55 ans, il a été au pouvoir durant neuf des quatorze dernières années en Norvège, comme premier ministre de 2000 à 2001 puis de 2005 à 2013, après une carrière parlementaire et ministérielle (secrétaire d’État à l’Environnement, ministre de l’Industrie, ministre des Finances) depuis les années 1990. Fervent partisan de l’Union européenne (UE), il n’a pas réussi à y faire adhérer la Norvège. Malgré les pressions – c’est lui qui dirigeait le pays quand sont survenues les attaques – il avait refusé de démissionner après l’action d’Anders Behring Breivik.
Actuellement membre du Parti travailliste (AP, Arbeiderpartiet), il avait réuni autour de lui une large coalition allant de l’extrême gauche au centre. Issu d’une famille d’importants politiciens – son père et sa mère ont exercé tous deux des responsabilités ministérielles – il est lui-même issu de l’extrême gauche la plus sectaire.
Avec sa sœur aînée Camilla – leur sœur cadette Nini, libertaire, héroïnomane et militante pour la légalisation des drogues, est décédée cette année –, il adhéra au groupe marxiste-léniniste de la Jeunesse rouge (RU, Rød Ungdom), un groupe qui organisa notamment des attaques contre l’ambassade américaine, auxquelles participèrent les Stoltenberg, durant la Guerre du Vietnam. Chef de la Ligue des jeunes travaillistes (AUF, Arbeidaranes Ungdomsfylking) de 1985 à 1989, il fit carrière au journal de gauche Arbeiderbladet (devenu Dagsavisen) avant d’intégrer les services étatiques de la statistique puis d’être élu.
Ce passé d’extrémiste de gauche n’est pas si lointain pour Jens Stoltenberg, puisque la Jeunesse rouge fut intégrée à la coalition gouvernementale qu’il dirigea à partir de 2005, partageant avec le groupuscule marxiste les mêmes vues concernant l’antiracisme, le féminisme, l’Union européenne ou l’immigration.
Jusqu’à la chute du communisme-régime, en 1990, ce jeune cadre du Parti travailliste appelé à un grand avenir fut en contact étroit avec un diplomate soviétique qui était en réalité un agent du Comité pour la sécurité de l’État (KGB, Komitet gossoudarstvennoï bezopasnosti). Il avait reçu de la part du KGB le surnom de Steklov. Il mit fin, au moins officiellement, à ses relations avec le KGB quand celles-ci furent découvertes et que l’Agence de sécurité de la police (PST, Politiets Sikkerhetstjeneste) norvégienne lui « apprit » que son ami était un agent du KGB, lui conseillant de rompre tout contact avec lui.
En tant que premier ministre, il mena des négociations à propos d’un conflit territorial avec la Russie, cédant la moitié d’une zone maritime à son voisin de l’est, avec lequel il entreprit de nouer de bonnes relations diplomatiques, tout en augmentant le budget de la Défense et renforçant le rôle de la Norvège au sein de l’OTAN. Il avait fortement dénoncé l’invasion de la Crimée par la Russie, dénonçant alors ce pays comme une menace pour la sécurité en Europe. Une idée qu’il a reprise après sa nomination au secrétariat général de l’OTAN. Selon lui, l’invasion de l’Ukraine par la Russie « a rappelé de façon brutale la nécessité de l’OTAN ».
Il a gardé de sa jeunesse à l’extrême gauche un fort penchant propalestinien : il a soutenu la « flottille de Gaza » et n’a jamais caché son hostilité aux politiques criminelles d’Israël.
Peu importe d’où il vient, ce qu’il a en tête aujourd’hui, tout est décidé à Washington, au Pentagone, ce n’est qu’un bouffon de plus.