Horace de Carbuccia est né à Paris le 1er mars 1891 d’une célèbre famille corse, originaire de Bastia, connue depuis le XVIe siècle, issue de Sebastiano de Carbuccia, député à Gênes
Horace de Carbuccia, titulaire d’un doctorat en droit de la Faculté de Paris, est mobilisé dans l’infanterie durant la Première Guerre Mondiale, blessé et décoré de la médaille militaire.
Sa femme, Adry de Carbuccia, était la belle-fille de Jean Chiappe, préfet de police de Paris. Elle fut aussi productrice de films, notamment de La vache et le prisonnier avec Fernandel dans le rôle principal, Le Triporteur et Ali Baba et les Quarante Voleurs.
En 1921, il fonde avec son cousin Marcel Prévost, Joseph Bédier et Raymond Recouly la Revue de France chez La Renaissance du livre.
À partir des années trente, le salon des Carbuccia, avenue Foch, est l’un des plus courus de Paris. Les Carbuccia recevaient aussi sur la Côte d’Azur, à Sainte-Maxime dans leur villa du quartier de la Grande Pointe. Furent notamment reçues avenue Foch des personnalités du monde politique comme André Tardieu, conseiller de Clemenceau, et des écrivains, notamment Pierre Drieu la Rochelle, Céline, Jean Cocteau, Colette, André Maurois, Joseph Kessel, Somerset Maugham, Romain Gary ou encore François Mauriac.
Carbuccia est élu député de Corse (circonscription d’Ajaccio) du 1er mai 1932 au 31 mai 1936, siégeant dans les rangs de la Gauche radicale, groupe parlementaire qui, contrairement à ce que le nom laisse penser, était situé au centre droit.
En 1928, il avait aussi fondé Gringoire, hebdomadaire politique et littéraire. À l’image de son fondateur, le journal est nationaliste et anti-communiste. Il atteint le plus fort tirage, jusqu’à 975.000, et la plus forte vente de son époque.
La formule du journal, c’est une place importante accordée à la politique, une page littéraire de qualité, de grands reportages et de grands feuilletons (en l’occurrence avec Pierre Drieu la Rochelle et Francis Carco), des dessins satiriques (le principal dessinateur de Gringoire est Roger Roy), une présentation simple. Et d’emblée, Gringoire est pamphlétaire. C’est même le principal trait commun d’un journal que Carbuccia lui-même définit comme « une macédoine ». Le marxisme et la gauche en général sont ses cibles favorites. Il représente la frange droite de l’Union nationale dirigée par Raymond Poincaré, avec un esprit ancien combattant qui imprègne le journal jusqu’à la fin.
Après le 6 février 1934, suivant le mouvement général de radicalisation de la vie politique française, l’influence de l’Action française se fait sentir bien que Gringoire ne soit pas monarchiste. En , il se prononce contre les sanctions internationales imposées à l’Italie après son invasion de l’Éthiopie pour éviter un rapprochement entre Mussolini et Hitler. Gringoire se montre favorable au régime italien, ainsi qu’au régime de Salazar au Portugal. Il développe également une anglophobie de plus en plus marquée. Henri Béraud, rédacteur du journal, publie, dans l’édition du , un article humoristique intitulé « Faut-il réduire l’Angleterre en esclavage ? »
De 1930 à 1936, le journal, d’abord germanophobe, glisse vers une hostilité à la guerre contre l’Allemagne en raison de la faiblesse militaire de la France au moment où le militarisme monte en Allemagne.
À partir de 1936, l’antibellicisme et l’hostilité ouverte à l’égard de la gauche convergent : les partisans de la guerre sont les partisans de l’extension du communisme. Les Juifs y sont accusés de vouloir la guerre pour renverser le régime d’Hitler malgré la faiblesse militaire de la France. Certains Juifs y sont dénoncés comme les meilleurs agents du communisme en France, et favorisant l’immigration, honnie par Gringoire comme génératrice de troubles. Le , Gringoire titre : « Chassez les métèques ».
Le Front populaire français et le Front populaire espagnol sont vitupérés par l’hebdomadaire. Il prend parti pour les franquistes pendant la guerre civile espagnole, par opposition au communisme. En 1939, après la chute de la république espagnole, le journal dénonce violemment l’arrivée de réfugiés sur le sol français : « L’armée du crime est en France, qu’allez-vous en faire ? », interroge-t-il en une.
Dans les années 1930, Gringoire est très apprécié — de même que Candide, L’Action française et Je suis partout — dans les milieux de la droite roumaine. Ses numéros se vendent très bien à Bucarest.
En 1940, Gringoire et Carbuccia se replient en zone libre et approuve l’Armistice. Il soutient la politique du maréchal Pétain, et est très hostile à la Résistance, tout en refusant les subventions du régime.
Horace de carbuccia est aussi l’auteur de Corse, terre de fidélité qui s’oppose à l’annexion de la Corse par l’Italie et lui vaut un mandat d’arrêt de l’occupant italien.Il dirige également une maison d’édition, les Éditions de France.
Après la Libération, le gouvernement exerça également contre lui des poursuites, mais lorsque son procès vint devant le tribunal militaire de la Seine, l’accusation fut abandonnée et Carbuccia acquitté à l’unanimité.
Il s’intéressa ensuite à l’édition et au cinéma, tout en rédigeant des mémoires, Le Massacre de la victoire, qu’Alain Decaux décrira comme « tout l’entre-deux-guerres vu de droite et d’un inestimable observatoire ».
Il décède à Paris le 2 février 1975.
Horace de Carbuccia est le père de Jean-Luc de Carbuccia, lui aussi éditeur.
Dans le téléfilm L’Affaire Salengro, réalisé par Yves Boisset en 2008, il est interprété par Philippe Magnan.