Cinq mois après une première condamnation, Ludovic Freygefond a écopé d’un an de prison avec sursis et deux ans d’interdiction de droits civiques. Une condamnation presque aussi faible que pour les faits de corruption : la République protège bien les siens.
L’ancien maire de Taillan-Médoc, ancien vice-président de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) – dirigée par un autre corrompu, Alain Juppé –, ancien numéro un de la fédération de Gironde du Parti socialiste, a été reconnu coupable de harcèlement contre son ancien directeur de cabinet quand il était maire de Taillan-Médoc.
Il avait choisi pour ce poste Alexandre Metzinger, dont il prétend être tombé « éperdument amoureux [sic] ». Durant des mois, il a harcelé son employé pour qu’il accepte de coucher avec lui. Révélant les pratiques de la caste politique républicaine, il procédait tantôt par la corruption – lui promettant, en échange de faveurs sexuelles, de lui céder sa place de maire, la mairie étant considérée comme une charge personnelle devant servir les intérêts particuliers des politiciens –, tantôt par la menace. Alors que son directeur de cabinet refusait ses propositions indécentes, il le menaçait de l’interdire de travailler en politique dans toute la région, laissant planer l’ombre de réseaux autres que les seules sections du Parti socialiste. Ludovic Freygefond était connu pour son influence sur les carrières à gauche : mieux valait ne pas déplaire au déviant sexuel, quel qu’en soit le prix.
La victime a fourni plusieurs centaines de courriels menaçant, provoquant, contenant des incitations à la corruption, de propositions indécentes. Devant la perversité de son chef, Alexandre Metzinger avait fini par démissionner.
S’il a commencé par reconnaître un léger emportement, le pervers malade a ensuite attaqué son « amoureux » :
« Il n’a jamais vraiment dit stop. Il y a des réponses à mes mails qui ne sont pas dans le dossier »,
a-t-il prétendu, sans présenter la moindre preuve. Alexandre Metzinger, il est vrai, est resté durant trois années à ses côtés. Il s’est depuis reconverti dans le… théâtre.
En novembre dernier, Ludovic Freygefond a été condamné (très légèrement) à dix-huit mois de prison avec sursis et cinq ans d’inéligibilité. Il avait été reconnu coupable de prise illégale d’intérêt et corruption passive pour avoir abusé et profité de sa position de maire pour la construction d’un lotissement dans lequel il avait fait construire sa propre maison.
Ludovic Freygefond, condamné pour corruption, condamné pour harcèlement homosexuel, est toujours actuellement conseiller régional vivant de l’argent du contribuable, sans provoquer la moindre réaction parmi la classe politique républicaine. Aucun élu girondin, pas plus qu’aucun député ou sénateur au niveau national, n’a exigé la démission de ce délinquant qui a toute sa place parmi les autres républicains exemplaires, Manuel Aeschlimann, Jean-Christophe Cambadélis, Serge ‘Dassault’ Bloch, Patrick Balkany-Smadja, Thomas Thévenoud, Jérôme Lavrilleux, pour les plus emblématiques des corrompus.
Il devra cependant payer près de 70 000 euros de dommages et intérêts à sa victime.