L’arrestation fortuite de deux hommes de la DGSE, fin juillet 2020, à Créteil, soupçonnés d’être venus assassiner une coach en entreprise, a révélé une série de crimes – perpétrés ou en projet – attribués à des membres d’une officine maçonnique : la loge Athanor.
Créteil (Val-de-Marne), fin juillet 2020, au petit matin, un riverain s’étonne de voir deux hommes simulant un somme à l’avant d’une Clio trafiquée. Il appelle la police. Interpellés, Pierre B. et Carl E. se révèlent être des militaires affectés au Centre parachutiste d’entraînement spécialisé, situé à Saran (Loiret), un site qui dépend de la Direction générale de la sécurité extérieure (la DGSE, le service de renseignement/espionnage de l’État français). Ils assurent aux enquêteurs être en mission secrète pour la Direction des opérations de la DGSE, ciblant Marie-Hélène Dini, une femme, figure du milieu du coaching en entreprise.
Mais ils nient avoir eu l’intention de la tuer. Pourtant, dans leur voiture sont retrouvés un pistolet 9 mm chargé, des munitions, des gants, des bouchons d’oreilles anti-bruit… Les deux paras affirment qu’ils avaient pour tâche d’arrêter ses « activités anti-étatiques » liées au Mossad (« Institut pour les renseignements et les affaires spéciales », le sinistre service de renseignement/espionnage de l’État juif). Mensonge ou naïveté ? Difficile d’avaler que la DGSE mènerait des opérations violentes contre d’éventuels « honorables correspondants » de son homologue israélien ! Ne croyant pas à la possibilité d’une double allégeance, nous craignons que tout juif à papiers français en France appartiennent de facto au vivier d’informateurs potentiels pour leur « patrie de cœur » ce qui constituerait alors un nombre éloquent de « cibles » pour la DGSE…
Leurs téléphones mettent les enquêteurs sur la piste de Sébastien Leroy, agent de protection rapprochée dans le privé depuis 2011, rapidement interpellé. Devant la brigade criminelle, lui aussi nie que le projet visait à assassiner Marie-Hélène Dini. Mais présenté à un juge et mis en examen, Sébastien Leroy finit par reconnaître avoir mandaté l’un des deux militaires pour tuer la coach. Il met les enquêteurs sur deux nouvelles pistes :
- d’abord, un membre de la DGSI (la Direction générale du renseignement intérieur, ce coup-ci le service de contre-espionnage/renseignement de l’État français) qu’il accuse d’avoir « actionné » les deux interpellés à Créteil.
- et surtout, Sébastien Leroy évoque un commanditaire présumé mais non identifié, surnommé « le vieux ». Marie-Hélène Dini évoque sans certitudes quelques rivaux professionnels, dont un certain Jean-Luc Bagur, échaudés par sa volonté de développer une certification pour le coaching.
Après quelques mois de flottement, tout bascule mi-janvier, lors d’une audition de la compagne de Sébastien Leroy : la jeune femme identifie le donneur d’ordre de son compagnon comme étant un certain Daniel Baulieu, cette fois un retraité, ancien chef adjoint de division à la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur, le service ayant précédé la DGSI avant la fusion réalisée par Sarközy entre RG, DST et DCRI) qui a effectué l’essentiel de sa carrière aux RG (les Renseignements généraux).
Devant les policiers Daniel Beaulieu reconnaît avoir remis à Sébastien Leroy les contrats ciblant Marie-Hélène Dini, et explique qu’il l’a fait à la demande d’un nouveau suspect, Frédéric Vaglio (compagnon de l’ancienne conseillère régionale UMP Stéphanie Chupin, elle-même ex-directrice de cabinet d’Henri Plagnol lorsqu’il était maire de Saint-Maur-des-Fossés). Daniel Beaulieu renforce la piste de la rivalité professionnelle en citant celui que Marie-Hélène Dini a mentionné comme rival en affaires, Jean-Luc Bagur, comme possible commanditaire.
L’histoire prend alors un tournant exceptionnel : Daniel Baulieu non seulement passe à table mais révèle l’ensemble des menus : « Il raconte [aux enquêteurs] tout ce qu’ils veulent savoir et bien plus encore ». Il évoque ainsi le projet d’assassinat d’un « syndicaliste gênant » de la CGT à Bourg-en-Bresse, mais surtout l’assassinat en 2019, confié à Sébastien Leroy et abouti semble-t-il cette fois, de Laurent Pasquali. Ce dernier était un pilote de rallye, dont le corps enterré avait été découvert neuf mois après sa disparition par un promeneur en septembre 2019 dans un bois de Haute-Loire. Un couple d’amateurs de voitures, créanciers de Pasquali, est mis en cause pour avoir mandaté l’officine.
Athanor : la loge maçonnique, officine de tueurs à gages
Frédéric Vaglio, cité par Daniel Beaulieu est également interpellé. C’est un ancien journaliste reconverti dans la sécurité privée qui a rencontré Daniel Baulieu au sein d’une loge maçonnique francilienne. Daniel Beaulieu fait allusion à la loge Athanor située dans les Hauts-de-Seine. Celle-ci dépend de la Grande loge de l’Alliance maçonnique française (GL-AMF), exclusivement réservée aux hommes, et où on pratique le REAA (« Rite écossais ancien et accepté »).
Celui que tous désignent comme central dans la cellule criminelle confirme que la mission sur Marie-Hélène Dini lui vient de Jean-Luc Bagur, également franc-maçon et ancien « vénérable » (le chef qui dirige les « travaux ») de la fameuse loge. Et Frédéric Vaglio accrédite aussi l’existence de projets visant le syndicaliste de l’Ain et le pilote de rallye.
Jean-Luc Bagur, enfin, est interpellé. Il reconnaît, au bout de sept auditions, avoir demandé d’assassiner Marie-Hélène Dini. Ironie de l’histoire, Jean-Luc Bagur codirige une collection d’ouvrage de coaching dont une des parutions s’intitule : « Coaching et milieu carcéral – Les clés de la libération ».
Affaire dans l’affaire
Selon Le canard enchainé du 24 février dernier, les enquêteurs travaillent aussi sur une affaire dans l’affaire ! Après ses aveux, Daniel Beaulieu aurait fait une étrange tentative de suicide dans sa cellule de prison de Meaux-Chauconin en Seine-et-Marne le 26 janvier : « il a été retrouvé gisant au sol, la tête fracassée. En tant qu’ancien policier au cœur d’une affaire sensible, il devait pourtant bénéficier d’une surveillance particulière »…
Une véritable PME du crime
Les principaux intervenants dans ce projet criminel, Frédéric Vaglio, Daniel Baulieu et Sébastien Leroy, semblent donc désormais avoir été identifiés. Et, à ce jour, au moins 12 personnes sont mises en examen dans l’affaire de la tentative d’assassinat de Marie-Hélène Dini. Mais, les différentes séries d’aveux ont mis les enquêteurs sur bien d’autres pistes :
- un éventuel autre assassinat : projet criminel visant le maire de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), Sylvain Berrios,
- un autre contre le général Ferdinand Mbaou, opposant congolais au président Sassou Nguesso,
- mais aussi un projet qui aurait impliqué un politicien connu, sans autre précision…
DGSE, DGSI, DCRI, Athanor… : un enchevêtrement de liens fraternels et d’intérêts – l’un n’exclut pas l’autre – pas vraiment étonnants entre barbouzes et maçons qui ont évidemment en commun ce goût du secret : le secret recherché par tous les adeptes des coups tordus… Mais qui posent quand même de sérieuses questions sur la moralité du recrutement de ceux qui sont censés protéger la France et les Français plutôt que mettre au service d’intérêts mafieux les moyens que l’État leurs confie.
Jamais n’auront été mieux illustrées les hiérarchies parallèles enkystées jusqu’au cœur de l’État, et surtout de son appareil répressif et de surveillance, qui permettent à la franc-maçonnerie d’être ce système occulte et tout-puissant au service d’intérêts qui ressentent le besoin de rester cachés…
Il est plus que temps de faire voter cette loi de séparation de la Franc-maçonnerie et de l’État que tous les nationalistes ne peuvent qu’appeler de leurs vœux !
Il faut éradiquer cette peste coûte que coûte !
Excusez ma » naïveté » , j’ai cru presque jusqu’au bout en lisant le texte, qu’il s’agissait du résumé d’un roman, mais non…
Et après ça, les politiques de tous bords, vont nous marteler le cerveau avec » les valeurs de la République ».
J’ignorais qu’il y avait autant de valeurs ! …