La rentrée 2017 est marquée par l’affaire des ordonnances relatives au droit du travail concoctées par l’équipe Macron-Philippe. Elles avaient été précédées de bien sombres prévisions relatives à une nouvelle étape de régression sociale. En fait, celle-ci apparaît assez limitée. Nous pouvions craindre une remise en cause radicale du contrat de travail et de la protection sociale. Ce ne sera pas pour cette fois. Certes, nous pouvons dénoncer le plafonnement des indemnités de licenciement et mettent donc les conseillers et juges prud’homaux sous tutelle, une plus grande facilité pour les patrons de licencier, de modifier les contrats de travail, d’imposer des accords moins favorables que la convention collective en matière de primes, treizième mois, congés supplémentaires.
Les affaires sérieuses sont pour plus tard. Le gouvernement a déjà prévenu. Dans les mois qui viennent, seront lancées de nouvelles dispositions néfastes aux salariés avec, entre autres, la hausse de la CSG qui touchera fortement les retraités et les fonctionnaires, la remise en cause de l’assurance maladie fondée sur le salaire différé, de l’indemnisation des chômeurs ou des régimes de retraite, à commencer par l’emblématique statut des cheminots, sujet hautement sensible.
Qu’il faille épurer, réécrire le code du travail, c’est certain. Mais, pour qu’une œuvre salutaire s’opère, il faut avant tout rétablir la confiance entre chefs d’entreprise et salariés. En France, la logique de lutte de classes plus que centenaire est loin d’y contribuer. L’idée de « communauté de travail » n’est pas encore entrée dans les mœurs françaises. D’ailleurs, il faut distinguer les PME des grosses entreprises et notamment des sociétés transnationales : le contexte n’est pas le même. Les contraintes non plus. Nombre de PME se retrouvent en situation d’employés de grosses sociétés occupant la position de donneurs d’ordre et sont soumises aux drastiques appels d’offre.
Néanmoins, nous devons dénoncer la pratique courante qui fait des salariés la cause des problèmes de compétitivité des économies nationales. Le contraste est saisissant entre des salaries auxquels les gouvernants demandent, voire imposent des contraintes financières de tous ordres et les sociétés du CAC 40 dont les bénéfices d’envolent depuis 2016, lesquels servent plus souvent à nourrir des placements spéculatifs qu’à l’investissement ou à la rémunération des personnels (sauf les PDG), bien sûr dont la part, dans les chiffres d’affaire, ne cesse décroître depuis plus de trente ans. Les maux qu’il faut dénoncer sont en premier lieu le mondialisme économique et financier caractérisé par la suppression de toute frontière, un système de formation déficient qui ne forme pas assez de travailleurs d’élite dont toute économie a besoin pour être puissante et prospère, un Etat qui, par ses réglementations complexes et un racket fiscal afférent, décourage l’entreprise économique, voire la tue dans l’œuf. Macron, le syndic du mondialisme en place à l’Elysée, montre son mépris pour le monde du travail en insultant du qualificatif de « fainéants », ceux qui refusent de servir de bouc émissaire aux visées hégémoniques et prédatrices de mondialistes. Dans leur immense majorité, les Français sont des gens travailleurs qui demandent simplement à être traités avec dignité, dans le respect de leur personne humaine.
Bien entendu, nous ne serons pas surpris que le cirque politique institutionnel constitué d’une majorité et d’une opposition, de préférence « de gauche » n’aborde pas ces sujets. Tout se passe comme s’il s’établissait un jeu convenu entre Macron et consort et Mélenchon, opposant en chef, dans une joute certes vivante mais sans issue sur le fond, les deux étant d’accord sur au moins un point : la France charnelle n’existe pas.
Tout se passe comme s’il s’agissait de faire en sorte que l’actualité soit dominée par ces problèmes qui sont, somme toute de l’intendance, en dépit de leur importance vitale, afin d’occulter des sujets plus fondamentaux encore, à savoir l’âme des peuples d’Europe et singulièrement de la France.
Macron, Mélenchon et consorts communient dans la pensée de Marc Bloch selon lequel « il n’y a pas d’histoire de France mais une histoire de l’Europe » et celle de son héritier Fernand Braudel pour lequel « il n’y a pas d’histoire de l’Europe mais une histoire du monde », cités par Le Monde du 8 septembre 2017 qui ajoutait par ailleurs que « le propre de l’Europe serait de rien n’avoir en propre sinon une appropriation de ce qui lui est étranger » et qu’elle était « une invention inachevée et contestée ». Bref, selon ces gens, l’Europe et a fortiori la France est une sorte de « nulle part », de res nullius que l’on peut passer par pertes et profits ! Homère, le fond indo-européen, l’héritage gréco-romain, la pensée helléno-chrétienne sont inconnus !
Plus gravement, le fait est général en Occident : durant l’été, aux Etats-Unis, l’agitation politique a consisté à tenter de faire disparaître une partie de l’histoire des Etats-Unis les agents de l’anti civilisation voulant déboulonner les statues des héros sudistes de la Guerre de Sécession, tel celle du général Lee, ceux-là même qui portaient consciemment l’héritage de notre civilisation millénaire.
Ne nous y trompons pas. En agissant ainsi, en posant les questions d’actualité sur le seul terrain économique et social, les élites de l’anti-France, de l’anti civilisation européenne n’ont d’autre but que de nous couper de nos racines, de notre tradition, code génétique de chaque peuple, et de favoriser ainsi la destruction de nos peuples, soumis à la pression migratoire, à l’invasion de leur territoire par les « migrants, bref, à masquer un génocide ethno culturel des peuples d’Europe. Le mouvement macroniste « En marche » est, avec les Insoumis, le pendant français des Syriza grec ou Podemos espagnol.
En effet, la question sociale devient de plus en plus une question de fracture ethnique, culturelle, nationale, comme nous avons pu l’observer avec les troubles de Saint Martin à la suite de l’ouragan Irma, tandis qu’en France et en Europe, elle se double d’une fracture religieuse avec l’implantation croissante de l’islam qu’une Eglise déboussolée depuis longtemps est incapable de contrer.
Répétons-le, à l’exception près, les dirigeants occidentaux sont les premiers ennemis des peuples qu’ils dirigent. Et la question sociale ne pourra être résolue que par la fin de la mondialisation mondialiste, le rétablissement de l’unité ethnique culturelle, spirituelle des peuples et l’instauration d’une économie nationale et sociale au service des peuples et de la puissance des Etats qui ne sont que la nation organisée en vue d l’accomplissement de son destin.
Éditorial de Militant n° 696 de septembre 2017
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