Le MLRS (Multiple Launch Rocket System ou Système Lance-Roquettes Multiple) est un système d’arme monté sur un châssis de char ou de camion, voire de navire, constitué d’une batterie de lance-roquettes. Contrairement aux armes antichars à tir tendu, les roquettes ont un vol balistique et sont intégrées dans l’artillerie. L’ancêtre des MLRS actuel sont les « Katioucha » (ou « orgues de Staline ») développés par les Soviétiques et engagés à partir de 1940 lors de la Seconde Guerre mondiale, auxquels les Allemands répliquent avec le « Wurfrahmen 40 ».
Les lance-roquettes multiples permettent de bombarder une zone très large avec assez peu de moyens, ciblant des regroupements d’infanterie ou des véhicules faiblement blindés, et avec également un aspect psychologique certain du nombre et de la cadence des projectiles que la cible réceptionne.
Il existe plusieurs modèles aujourd’hui utilisés dans le monde, dont les MLRS américains tels que les HIMARS qui peuvent aussi lancer des projectiles de type missile. Le BM-21 soviétique, successeur du « Katioucha » reste le plus répandu. Les LRU français (Lance-Roquettes Unitaire) ont été développés par les États-Unis sur châssis chenillé Bradley et construits entre autre par la France. Ils équipent le 1er régiment d’artillerie.
Le ministère français de la Défense envisage de moderniser le parc d’artillerie de nos forces terrestres. Les systèmes de tir existants ne répondent plus aux exigences modernes en raison de leur âge et de leurs caractéristiques limitées. Deux MLRS auraient été transférés à l’Ukraine à titre d’aide militaire, et il ne resterait que neuf MLRS de type LRU en service en France. À l’avenir, il est nécessaire de les remplacer par des modèles plus modernes.
Récemment le Général de brigade Stéphane Richou, officier général « relations internationales » de l’état-major de l’armée de terre, a déclaré à l’agence indienne ANI que la France envisageait d’acheter le MLRS indien « Pinaka » dans le cadre de son programme de remplacement des systèmes de missiles américains M270 :
« Nous avons une urgence concernant la succession du LRU. Nous évaluons le système de lance-roquettes multiple Pinaka parce que nous avons besoin d’un système comme celui-là. Nous évaluons le système parmi les autres systèmes proposés par les pays les plus élevés qui offrent de tels systèmes. L’Inde est l’un des plus grands pays producteur d’armes »
Alors qu’un certain nombre de pays européens dans le cadre du remplacement du système américain MLRS envisagent le MLRS israélien PULS, la France est obligée de se tourner vers l’Inde avec son MLRS exotique Pinaka. En effet la France est en désaccord avec Israël du fait des opérations d’anéantissement de Gaza, et maintenant le marché des armes israélien pour les Français est fermé. On va pas se plaindre…
Mais alors que la France produit des systèmes avancés comme les Caesar, Rafale, Mistral et autres Scalp, envisager maintenant d’acquérir de l’artillerie indienne est assez étonnant.
Le complexe militaro-industriel français est-il dans l’incapacité de répondre à nos besoins en artillerie de roquettes, que ce soit par ses propres moyens ou avec l’aide de ses « alliés ». La France serait-elle obligée de se tourner vers l’Inde, un nouvel acteur relativement récent sur le marché mondial des armements, pour s’approvisionner en MLRS. La meilleure option serait de fabriquer un LRU français. Placer dix tuyaux sur un camion n’est pas extrêmement compliqué et les entreprises françaises pourraient facilement concevoir des munitions guidées très performantes.
Quoi qu’il en soit, c’est l’occasion de constater aussi que l’Inde franchit des étapes dans le processus d’élévation des puissances émergentes commençant à égratigner la vieille suprématie occidentale : l’an dernier la sonde spatiale indienne Chandrayaan-3 avait réussi son alunissage et il y a quelques jours elle a testé son premier missile hypersonique de longue portée.
Selon le ministre indien de la Défense, Rajnath Singh, le lancement a été effectué avec succès depuis l’île Abdul Kalam, dans le golfe du Bengale : « L’Inde a franchi une étape importante en réussissant l’essai d’un missile hypersonique de longue portée depuis l’île du Dr Abdul Kalam, au large de la côte de l’Odisha. Il s’agit d’un moment historique et cette réussite importante a placé notre pays dans le groupe restreint des nations qui disposent de technologies militaires critiques et avancées ».