C’est une première sous la Ve République qui en dit long sur l’affaiblissement voire le discrédit de l’Exécutif. 56 députés de la majorité ont tenté ces jours-ci de déposer une motion de censure de gauche contre le gouvernement Valls. Ces parlementaires, opposés à la loi El Khomri, ont échoué, à deux voix près, à réunir les 58 signatures nécessaires pour le dépôt d’une telle motion de censure. Parmi eux on retrouve 25 socialistes. Cette initiative, même si elle a échoué, est un signe de plus que la gauche, au bout de quatre ans de pleins pouvoirs, est en lambeaux, qu’elle ne parvient plus à masquer son bilan désastreux dans tous les domaines. Et comme c’est toujours le cas lorsque tout va mal, que les sondages et intentions de vote sont catastrophiques, inquiets pour leur réélection, quantité de députés socialistes commencent à sérieusement ruer dans les brancards tandis que Macron ne cache même plus son ambition présidentielle au point d’exaspérer le Premier ministre qui l’a tancé vertement dans l’hémicycle. Quant à la motion de censure déposée par la “droite” et qui a échoué faute d’atteindre la majorité absolue, on s’aperçoit que 15 députés étiquetés à gauche l’ont votée. Les frondeurs ne désarment pas et envisagent le dépôt d’une nouvelle motion de censure lorsque le texte sur le Travail reviendra en seconde lecture à l’Assemblée. « C’est un avertissement très ferme envoyé au gouvernement et qui vient de toute la gauche. Oui nous lancerons une deuxième motion de censure lors du retour du texte devant l’Assemblée nationale, si nous sommes assez nombreux bien sûr » a déclaré le député socialiste Christian Paul qui fera tout pour obtenir les deux voix qui lui manquaient. Si tel est le cas, leur départ sera inéluctable et la gauche aura officialisé son éclatement. Face à cela, Valls que l’on sait très colérique, n’a pas mâché ses mots face aux frondeurs, entérinant une forme de rupture : « Je prends cette tentative pour ce qu’elle est. Elle est grave, même si elle a échoué. Mais leurs signataires sont dans une impasse. Je vais vous livrer une conviction : je ne laisserai pas détruire la gauche de gouvernement, la social-démocratie française » a déclaré avec grandiloquence le Premier ministre pour qui cette « démarche aventureuse » a néanmoins eu « un intérêt » : une « clarification, entre ceux qui s’arc-boutent sur le passé, et ceux qui préparent l’avenir. Entre ceux qui assument l’exercice du pouvoir et ceux qui se contentent d’être dans la proclamation ». On le voit, Valls et l’équipe dirigeante du PS veulent en finir avec le socialisme à l’ancienne et faire du parti à la rose un parti démocrate comme aux Etats-Unis. Cela ne se fera sans doute pas sans douleurs, l’échec et l’impopularité du gouvernement exacerbant les antagonismes au sein du PS et de la gauche tout entière. Se pose désormais la question de l’éventuelle exclusion du PS des députés signataires de la motion de censure. Le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a annoncé avoir saisi la Haute Autorité éthique du parti à propos de ces députés frondeurs pour statuer sur leur sort.
Les purgeset les exclusions ne concernent pas seulement le PS. Elles sont toujours d’actualité au néo-Front national. Pour avoir participé au dépôt de gerbe de Jean-Marie Le Pen à Jeanne d’Arc le 1er mai, Myriam d’Ornano a été relevée immédiatement de ses fonctions de secrétaire départemental de l’Isère tout comme Philippe Chevrier, secrétaire départemental des Yvelines. Quant à Marie-Christine Arnautu, ayant refusé de démissionner du bureau politique et du bureau exécutif du FN, Marine le Pen a indiqué dans un communiqué qu’elle serait traduite devant les instances disciplinaires du parti. Tout laisse à penser qu’elle sera exclue du mouvement. Arnautu est convaincue qu’on veut se débarrasser d’elle parce qu’elle est favorable à la défense de la famille. Elle voulait en effet créer un Collectif Famille, ce qui lui a été refusé par Marine Le Pen et Florian Philippot qui manifestement ne sont pas intéressés par ces questions. Rappelons que dans son discours d’intronisation lors du congrès de Tours en janvier 2011 Marine Le Pen n’avait pas prononcé une seule fois le mot famille. C’était plus qu’un aveu, c’était un programme et presque un testament. Ce qui va dans le sens d’Arnautu, c’est que Barbara Mazières, chargée de mission pour le FN en Maine-et-Loire, a elle aussi été démissionnée alors qu’elle était très investie dans la défense de la famille et de la vie. Pas facile en effet de défendre les valeurs traditionnelles dans une cage aux folles ! Rappelons également que les propos de la très philippotiste (car très arriviste) Sophie Montel en faveur de la « sanctuarisation de la contraception et de l’avortement libre et du droit des femmes à disposer de leur corps » ont été chaleureusement approuvés par Marine Le Pen qui, dans son discours de clôture le 1er mai à La Villette, s’est écriée (le cri du cœur sans doute) : « Tu as raison, Sophie ! »
Ces propos que ne renieraient pas les mouvements les plus féministes et gauchistes étaient d’évidence une agression caractérisée contre les derniers militants pro-vie et pro-famille…
Suite de l’éditorial de Jérôme Bourbon dans le Rivarol du 19 mai 20156
Entre-soi : Mariton reproche a Azoulay une boulette de Zimet.
http://www.ledauphine.com/drome/2016/05/17/affaire-black-m-herve-mariton-s-en-prend-a-audrey-azoulay-manuel-valls-la-defend-mwiz