Macron souvent varie, bien fol qui s’y fie. Pendant la campagne présidentielle de 2017, et lors de son premier quinquennat, Emmanuel Macron s’était engagé à ne pas reculer l’âge du départ à la retraite. En témoignent notamment ces propos prononcés lors du Grand débat en avril 2019, peu après la crise des gilets jaunes : « Est-ce qu’il faut reculer l’âge légal qui est aujourd’hui à 62 ans ? Je ne le crois pas pour deux raisons. La première est un peu directe, c’est que je me suis engagé à ne pas le faire. Et c’est quand même mieux sur un sujet important de faire ce qu’on a dit. La deuxième raison, c’est que tant qu’on n’a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, ça serait assez hypocrite de reculer l’âge légal. » Mais on sait que chez les politiciens mentir est une seconde nature. Par conséquent, toute honte bue, le président de la République a demandé à son gouvernement dirigé par la sinistre (dans tous les sens du terme) Elisabeth Borne née Bornstein d’engager un projet de loi sur la réforme des retraites, repoussant le départ des actifs à l’âge de 64 ans. Dans un premier temps, il avait même été question de le repousser à 65 ans. Le projet de loi a été présenté en Conseil des ministres le 23 janvier et sera débattu au Parlement à partir du 6 février. « Franchement, ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal de départ en retraite. Quand on est soi-même en difficulté, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! », s’était pourtant exclamé Macron en 2019. Le cynisme de ces gens-là est décidément sans limite.
Et ce qui est vrai du chef de l’Etat l’est également du ministre du Travail, Olivier Dussopt, chargé d’expliquer, de présenter et de défendre l’actuelle réforme de la retraite. Or, dans une vidéo datant de 2010, le même Dussopt, alors député socialiste, fustigeait le « gouvernement et l’Élysée (dont le locataire était alors Nicolas Sarkozy) », qui envisageaient « de reculer l’âge légal de départ à la retraite de manière progressive de 60 à 63 ans d’ici 2030 ». Il dénonçait encore le « mépris fait aux partenaires sociaux reçus sans qu’ils soient écoutés et entendus ». Confronté à ses contradictions, le ministre du Travail a louvoyé, en déclarant sur BFMTV : « La maturité politique fait qu’on évite parfois les solutions simplistes. Il faut assumer parfois de mûrir et de mesurer les contraintes et la complexité des choses. » Le ministricule appelle maturité ce qui n’est ni plus ni moins qu’un mensonge caractérisé. Lorsqu’on est dans l’opposition, on feint de combattre la réforme des retraites avec recul de l’âge légal et augmentation des annuités pour les cotisations mais lorsqu’on est aux responsabilités, tout à coup le discours n’est plus le même.
Alors que nous sommes déjà asphyxiés par les charges, les taxes et les impôts de toutes sortes qui découragent l’effort, l’initiative, la prise de risque et qui s’apparentent à une forme de confiscation tellement ils sont élevés et exorbitants, les pouvoirs publics n’ont d’autre obsession que de rendre la vie des Français encore plus difficile en allongeant la durée de cotisation qui va passer à 43 annuités, dès 2027 (après avoir été fixé pendant longtemps à 37 ans et demi, puis à 40 ans) pour pouvoir bénéficier d’une retraite à taux plein et en reculant l’âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, de manière graduelle d’ici 2030, la réforme devant commencer à s’appliquer à partir de l’été 2023. A noter que rien n’est prévu à ce stade pour les actifs étant entrés à 20 ans sur le marché du travail et qui devront donc a priori cotiser pendant 44 ans avant de pouvoir bénéficier d’une pension à taux plein. Or il s’agit souvent de travailleurs manuels, aux revenus généralement modestes, aux métiers usants voire épuisants, mais qu’importe pour le gouvernement qui entend « rester inflexible » sur cette question. On est là à des années-lumière du « quoi qu’il en coûte » macronien pendant la crise covidesque. La colère des Français telle qu’on a pu la mesurer dans la rue le 19 janvier, avant la nouvelle journée de mobilisation le 31 janvier, colère qui dépasse largement les appareils syndicaux qui sont là pour la canaliser, la neutraliser et la conduire dans une impasse, et telle qu’elle peut se lire dans les enquêtes d’opinion où la cote de popularité de Macron et de Borne recule fortement tandis que le soutien à la réforme est extrêmement minoritaire, s’explique donc aisément, et ce d’autant plus dans un contexte de forte inflation, d’augmentation du prix de l’énergie et des matières premières et de recul du pouvoir d’achat. Est-ce raisonnable d’imposer des réformes aussi dures dans un contexte économique et social déjà si dégradé ?
43 années de cotisations, c’est vraiment beaucoup. La loi Touraine de 2014, sous présidence socialiste, avait déjà prévu cet allongement de durée des cotisations, mais la réforme devait se faire de manière relativement lente jusqu’en 2035. Là le gouvernement Borne accélère : tout doit être en place pour 2027, huit ans avant la date prévue. Il semble pourtant que 40 annuités de cotisations était une durée raisonnable. Quarante ans, c’est un chiffre symbolique que l’on trouve souvent dans la Bible notamment et qui correspond à toute une vie. Sachant de surcroît que beaucoup de jeunes gens et de jeunes filles font aujourd’hui des études plus longues et rentrent donc plus tardivement dans la vie active, aller jusqu’à 43 ans de cotisations pour bénéficier d’une retraite à taux plein conduira donc beaucoup d’actifs à devoir travailler jusqu’à près de 70 ans. Et même davantage si d’ici là, comme on peut le craindre, la durée de cotisations est encore augmentée. Or, c’est souvent après 60 ou 65 ans que se déclarent les maladies graves, les cancers, les AVC, les infarctus, que l’usure des ans conduit à toutes sortes de rhumatismes douloureux et handicapants voire à des formes de paralysie. Les actifs qui s’occupent des soins à la personne, du ménage, qui doivent soulever des objets lourds, conduire énormément ont très souvent de gros problème de colonne vertébrale en prenant de l’âge. Reculer pour eux l’âge de la retraite, augmenter la durée de cotisation ne sont vraiment pas des solutions humaines et raisonnables.
Cela ne signifie pas qu’il n’y a pas un réel financement des retraites. Mais outre que les pouvoirs publics savent trouver l’argent, quand ils le veulent, il y aurait toute une série d’économies à faire qui permettrait d’éviter ou, à tout le moins, de limiter le sacrifice supplémentaire demandé aux Français. Si l’Etat cessait sa “subventionnite” aiguë en faveur du tissu associatif et de toute une série de secteurs, à commencer par la presse qui ne devrait vivre que de ses lecteurs, si l’on mettait de l’ordre dans les finances publiques, dans les innombrables niches fiscales, si l’on fermait fiscalement les pompes aspirantes de l’immigration, les milliards manquant au financement des pensions seraient assez aisément trouvés. Mais au-delà de cet aspect essentiellement technique et comptable, il est évident que la question des retraites est inséparable de la question démographique et tout particulièrement du taux de renouvellement des générations. Plus la natalité est faible dans un pays, moins le financement des retraites des anciens est assuré sur le long terme. C’est donc la mission des pouvoirs publics, dont la noblesse et l’obligation fonctionnelle sont de prévoir, de voir loin, de favoriser par tous les moyens, moraux et matériels, une politique nataliste ambitieuse, dynamique et conquérante. Or, c’est le contraire qui est fait depuis des décennies. On légalise et on rembourse à 100 % l’avortement, on promeut les mœurs et groupes LGBTistes, on facilite le divorce, on fragilise et on matraque fiscalement les familles, et singulièrement les familles nombreuses, qui sont par exemple fortement pénalisées par le malus écologique (de plusieurs milliers d’euros !) lorsqu’ils doivent acheter une voiture de dimension suffisante pour loger tous les enfants.
Au moment même où l’Exécutif présente sa réforme des retraites, l’INSEE publiait le 17 janvier son bilan démographique annuel, évoquant « un nouveau baby crash ». En effet, en 2022, 723 000 bébés sont nés, soit 19 000 de moins qu’en 2021. C’est un niveau historiquement bas, jamais atteint depuis plus de 70 ans. Le taux de fécondité a baissé et s’établit cette année à 1,80 enfant par femme en 2022, contre 1,84 en 2021. Et encore ce chiffre prend-il en compte les naissances étrangères et d’origine étrangère sur notre sol, sans quoi il serait encore nettement plus bas. De plus, le nombre de femmes de 20 à 40 ans, en âge de procréer, diminue également. Aujourd’hui, les femmes ont 31 ans en moyenne au moment de la naissance de leur premier enfant. Il y a 20 ans, elles étaient âgées de 29,4 ans. Autre indicatif alarmant : le solde naturel de la population, qui correspond à la différence entre le nombre de naissances et de décès, a atteint en 2022, toujours selon l’Institut national de la statistique, son « plus bas niveau depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Il n’y a eu en effet l’année dernière que 56 000 naissances de plus que les décès qui se sont élevés à 667 000 (5000 de plus qu’en 2021 : est-ce l’effet du covid ou plutôt des vaccins ?). Le vieillissement de la population se poursuit et s’aggrave : au 1er janvier 2023, en France, 21,3 % des habitants avaient 65 ans ou plus. Ils n’étaient que 17,1 % dans cette tranche d’âge en 2012. Les moins de 20 ans représentaient, eux, en début d’année 23,5 % de la population et les 20 à 64 ans 55,2 %. Enfin, l’espérance de vie à la naissance est actuellement de 85,2 ans pour les femmes et de 79,3 ans pour les hommes. On le voit, la relance d’une politique nataliste est d’une urgence absolue, et cela d’autant plus que c’est sur le temps long qu’on peut en mesurer les effets.
Mais ce n’est pas la voie que compte suivre le gouvernement. Plutôt qu’œuvrer à une politique familiale audacieuse, l’Exécutif entend résoudre la question du financement des retraites non seulement, on l’a dit, en augmentant la durée des cotisations et en retardant l’âge légal de départ à la retraite mais aussi en dépénalisant et en promouvant l’euthanasie et le suicide assisté. Ce n’est pas un hasard si Macron met en œuvre sa réforme des retraites en 2023, au moment même où il est question de légiférer dans les mois qui viennent, à l’issue du pseudo-débat sur la fin de vie en mai prochain, sur l’euthanasie, Macron s’étant déjà dit ouvertement favorable à la loi belge, abominable, et ayant publiquement approuvé le combat de la momie Line Renaud en faveur de cette évolution législative et sociétale. Et en effet comme il est difficile politiquement d’alourdir et d’allonger à l’infini les cotisations, comme il est délicat électoralement de réduire sans cesse le montant des pensions, la solution efficace et machiavélique, conforme de surcroît aux desiderata de la maçonnerie, est de réduire massivement le nombre des retraités. Par l’exhortation à la piqûre létale.
Après la seringue prétendument anti-covidesque, voici venu le temps de la seringue pour envoyer ad patres. Le “prophète” Jacques Attali écrivait dès 1981 dans L’Avenir de la Vie (éditions Seghers) ces phrases chocs : « Dès qu’il dépasse 60/65 ans, l’homme vit plus longtemps qu’il ne produit et il coûte cher à la société. Je crois que, dans la logique même de la société industrielle, l’objectif ne va plus être d’allonger l’espérance de vie, mais de faire en sorte qu’à l’intérieur même d’une vie déterminée, l’homme vive le mieux possible mais de telle sorte que les dépenses de santé soient les plus réduites possible en termes de coût pour la collectivité. Il est bien préférable que la machine humaine s’arrête brutalement plutôt qu’elle se détériore progressivement. L’euthanasie sera un instrument essentiel de nos sociétés futures. » Il suffit de déguiser ces positions cyniques et criminelles en pseudo-humanisme en parlant du « droit de mourir dans la dignité », « de choisir sa mort », « de ne pas souffrir inutilement ». Le Diable est habile quand il s’agit de nous vendre sa quincaillerie mortifère. Il sait se déguiser en ange de lumière. A nous de résister de toutes nos forces à ces suggestions et à ces séductions funestes qui ne sont au final que subversion, destruction et perdition.
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Source : Éditorial de Rivarol
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» En effet, en 2022, 723 000 bébés sont nés, soit 19 000 de moins qu’en 2021. »
Je vois partout ce chiffre mais selon INSEE c’est sans décembre 2022!
Sinon excellent article.