Selon le médiat sioniste I24 (Patrick Drahi), seule source à l’évoquer jusqu’ici, l’armée de l’air russe va déployer des avions de chasse, des hélicoptères, leurs équipages et leurs équipes au sol en Syrie pour mener des frappes contre l’État islamique (ÉI) et les autres groupes terroristes. Ce déploiement aurait été décidé après des pourparlers entre l’Iran, principal soutien notamment par solidarité chiite, du régime syrien, et la Russie. Il s’agirait pour ces derniers de soutenir un allié de la Russie et de contenir la contamination islamiste dans les régions musulmanes qu’elle domine dans le Caucase.
La Russie et la Syrie sont de proches alliés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, et les liens entre les deux pays, qui sont d’importants partenaires économiques et militaires – la Russie est le principal fournisseur d’armes à la Syrie –, se sont resserrés après l’accession au pouvoir d’Hafez el-Assad. Ils ont permis à la Russie d’obtenir une base maritime à Tartous (nord-ouest), en Méditerranée.
Cet engagement, quatre ans après le déclenchement de la guerre civile en Syrie, pourrait permettre de modifier le rapport de force dans la région, sans que cela ne paraisse pouvoir ouvrir la voie à une solution politique durable à court terme.
La Russie rejoint donc les grandes puissances régionales (Arabie séoudite) et internationales (États-Unis, Grande-Bretagne, France) dans les coalitions contre l’ÉI qui ne sont jusqu’ici que parvenues, avec difficulté, à le contenir. Le groupe, qui a repris le relais de La Base (el-Qaïda) comme force islamiste intransigeante et mondialisée attirant tous les déçus du Nouvel Ordre mondial, s’est établi durablement en Syrie, en Irak avant que divers groupes le rejoignent ces derniers mois. Ainsi, au Nigéria, le Groupe sunnite pour la prédication et la lutte (Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’Awati Wal-Jihad, dit Boko Haram) a fait allégeance au chef de l’ÉI, Abu Bakr el-Baghdadi, ainsi qu’Abu Sayyaf aux Philippines. Plusieurs petits groupes se réclament également de l’ÉI en Libye, dans le Sinaï, au Yémen et dans le Caucase combattus dans ces différents pays par des coalitions ou les autorités locales et régionales, sans compter les nombreux soutiens dans les pays occupés d’Europe.
Le déploiement russe en Syrie, s’il est confirmé, semble la dernière possibilité pour Bachar el-Assad de se maintenir au pouvoir. En cas d’échec, outre la chute à terme du gouvernement syrien, l’ÉI pourrait se targuer d’avoir mis en échec deux États au moins (Irak et Syrie), mais également des coalitions et des soutiens mêlant désormais États-Unis et Russie, France et Iran, Arabie séoudite et le Parti d’Allah (Hezbollah) libanais, et encore le Qatar, l’Australie, la Grande-Bretagne, le Canada, les Pays-Bas, le Danemark, la Belgique, le Maroc, l’Italie, la Jordanie, Bahreïn mais aussi la Turquie et les miliciens kurdes, sans oublier en Afrique les Émirats arabes unis (ÉAU), l’Égypte et la Libye au Maghreb et le Tchad, le Cameroun, le Niger, l’Union africaine et le Nigéria dans la région de ce dernier pays..