Les résultats quasi définitifs des élections législatives en Turquie donnent le gouvernement islamiste de Recep Tayyip Erdoğan très largement en tête, comme prévu, mais assuré d’avoir la majorité absolue, ce qui ne l’était pas jusqu’aux ultimes sondages d’avant scrutin. Le Parti pour la justice et le développement (AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi) a recueilli, sur 98,7 % des bulletins dépouillés, 49,36 % des votes, en hausse de 8,5 points en quatre mois. Le Parti républicain du peuple (CHP, Cumhuriyet Halk Partisi), de gauche, totalise 24,95 % des voix (+0,5). Le Parti d’action nationaliste (MHP, Milliyetçi Hareket Partisi) obtient 11,95 % des voix (-4,3) devant le Parti démocratique du peuple (HDP, Halkların Demokratik Partisi), issu des partis indépendantistes kurdes, qui retombe à 10,66 % (-2,5).
L’AKP dispose de la majorité absolue dans le nouveau parlement avec 316 élus (+53), loin devant le CHP (134, +3), le HDP (59, -21) et le MHP (41, -38). Les deux plus petits partis font les frais de la grande tension qui a régné jusqu’au scrutin. Le parti islamiste est majoritaire dans le centre étendu du pays, la gauche l’étant dans l’ouest occidentalisé et le HDP dans les régions kurdes du sud-est. La carte électorale laisse apparaître un pays très divisé.
Le scrutin a été marqué par une forte participation (86,1 %), l’AKP étant assuré d’un fort soutien populaire. La stratégie de la tension mise en place par le gouvernement, qui a laissé les groupes terroristes s’implanter en Turquie et y commettre des attentats meurtriers puis qui a déclenché une violente guerre contre le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, Partiya Karkerên Kurdistan) a payé. L’unité, celle de la Turquie étant utilisée de façon mélodramatique par le pouvoir contre les ennemis kurdes, islamistes et marxistes, s’est réalisée autour du premier ministre par intérim Ahmet Davutoglu, qui pourrait être reconduit à son poste.
Mis à part le fait qu’elles laissent officiellement les mains libres au gouvernement islamiste pour mener sa politique, ces élections ne semblent rien devoir régler concernant les problèmes sécuritaires, politiques ou économiques. Cette victoire de l’AKP n’est pas une bonne nouvelle pour les Européens : le gouvernement islamiste va poursuivre sa politique de chantage aux réfugiés d’une part, tout en continuant ses folles actions de déstabilisation en Syrie et en Irak, qui elles-mêmes accroissent le nombre de réfugiés et renforcent les groupes terroristes.
Sur place, des affrontements ont éclaté dès dimanche au Kurdistan, notamment à Diyarbakir.