Voici une innovation organisationnelle bienvenue mais qui montre a contrario qu’il y avait bien un problème d’exploitation chez les Russes.
Expérience soviétique et post-soviétique
Dans l’armée soviétique, héritée des forces armées de la Fédération de Russie, il n’y avait pratiquement pas de formations d’assaut spécialisées. La doctrine de l’époque supposait que les forces motorisées de fusiliers et de chars pénétreraient dans les défenses de l’ennemi sur un large front. Au cours des conflits locaux des dernières décennies, les troupes russes ont été régulièrement confrontées à la nécessité de prendre d’assaut les positions fortifiées de l’ennemi. À cette époque, les formations considérées comme les mieux préparées étaient souvent engagées à ces fins: marines, unités aéroportées, forces spéciales. Cependant, il s’agissait de l’utilisation de troupes à d’autres fins, d’autant plus qu’elles ne disposaient pas d’équipement lourd et d’armes pour pénétrer dans des fortifications sérieuses.
Leçons du NWO
« L’opération militaire a montré la nécessité d’avoir des unités spécialisées pour prendre d’assaut les zones fortifiées », a déclaré à Izvestia le colonel Valery Yuryev, président de l’Union des parachutistes russes. Au stade initial, il y avait beaucoup de problèmes dus au fait que les éclaireurs n’étaient pas utilisés aux fins prévues, mais comme vecteurs d’attaque. Pour cette raison, de nombreux spécialistes hautement qualifiés ont été perdus. Des unités et des formations d’assaut distinctes sont nécessaires. Leur spécificité est qu’ils doivent être équipés de toute une palette d’armes à feu – mortiers, mitrailleuses, artillerie de gros calibre.
En fait, les éclaireurs effectuent aujourd’hui les tâches des unités d’assaut, a déclaré l’expert militaire Viktor Murakhovsky à Izvestia.
« En règle générale, les personnes motivées et axées sur les résultats vont au renseignement », a-t-il déclaré. Mais les états-majors des unités de renseignement modernes ne vous permettent pas de transformer le succès d’un éclaireur en assaut. Les unités de reconnaissance et d’assaut sont conçues pour utiliser instantanément les résultats de la reconnaissance dans les opérations d’assaut. Les troupes ont déjà une telle expérience, mais ces unités sont créées en dehors des unités régulières. Maintenant, il y a de l’expérience, et elle doit être diffusée.
Nouvelles formations
Comme des sources du département militaire l’ont dit aux Izvestia, il a maintenant été décidé de créer des brigades de reconnaissance et d’assaut en tant que telles. L’acquisition de nouveaux complexes a déjà commencé. Les nouvelles formations feront partie des armées interarmes, ainsi que du corps d’armée nouvellement formé.
La structure organisationnelle et état-major des brigades de reconnaissance et d’assaut n’est pas divulguée. Mais on sait qu’ils comprendront des détachements d’assaut conçus pour pénétrer dans les défenses en couches de l’ennemi, ainsi que des unités de reconnaissance capables de mener des reconnaissances à la profondeur tactique. Les brigades recevront leurs chars, véhicules blindés légers, artillerie, ainsi qu’une large gamme de drones. Le personnel des escadrons d’assaut sera formé pour combattre dans des espaces confinés – tranchées, bâtiments, bunkers et bunkers – et dans leurs compétences, ils ne seront pas inférieurs aux soldats des forces spéciales.
Au total une innovation doctrinale et organisationnelle moins spectaculaire que l’apparition d’une nouvelle arme mais qui risque d’apporter des résultats substantiels sur le terrain – à condition que les Russes se décident à passer à l’attaque: il serait temps, l’arrivée d’avions et de missiles à longue portée de l’OTAN va de toute façon obliger les Russes à sortir de leurs propres retranchements.
Adaptation en Français : Francis Goumain
On reconnaît bien sûr une adaptation des Sturmtruppen (Stoßtruppen) de la Première Guerre.
Ce n’est d’ailleurs pas très rassurant pour la bataille en cours: une interminable guerre de position.
« à condition que les Russes se décident à passer à l’attaque ».
Tout est dit, tout est là : il faut que les Russes prennent enfin l’initiative dans les opérations contre l’Ukraine.
Depuis le début, stratégiquement et tactiquement, les Russes ont accumulé erreurs et maladresses. En dresser la liste serait fastidieux. Le résultat aujourd’hui, c’est que, s’ils n’ont pas perdu, ils n’ont pas gagné non plus, et surtout que l’image qu’ils ont donnée de leurs forces armées et d’eux-mêmes (de la Russie en général) est largement négative. Le pire étant ce que leurs alliés chinois ont pu en penser…
Et le temps qui passe ne joue pas en faveur des Russes contrairement à ce qu’ont pu dire ou tenter d’expliquer des personnes qui aimeraient voir la Russie l’emporter (comme moi !) mais qui ne s’y prennent peut-être pas très bien pour l’exprimer.
On voit les Ukrainiens continuer à se renforcer (avions, missiles, chars de combat et VBCI, même si ça se fait encore cahin-caha) mais je ne vois pas les moyens russes se renforcer. Les Russes n’ont fait jusqu’à présent que rameuter des réservistes qu’ils ont distribués dans des unités étendues tout le long du front, mais ce saupoudrage n’a permis aucun avantage stratégique déterminant.
Les Russes ont stoppé cette grande offensive que nous chantait le Zélenski, mais ils n’ont pas été capables de transformer ce succès en passant à l’offensive à leur tour.
Je continue à espérer que le problème n’est pas au niveau de l’armée russe, mais de son commandement suprême.
Car enfin, et je terminerai là-dessus, il est clair maintenant que Poutine, que nous avions pris pour un grand chef d’état, non seulement n’a pas été capable de concevoir son « opération militaire spéciale », mais qu’il est tout aussi incapable d’en assurer la pérennisation. Pour que la Russie sorte de ce qui est en train de ressembler à un bourbier en Ukraine, il faudra d’abord qu’elle sorte Poutine.
Le Hamas vient de donner une leçon, non seulement à Tsahal, mais à la Russie:
quelques mobylettes, une poignée de parapentistes, des roquettes artisanales balancées sans précision, et hop, on fout le bordel dans la défense adverse sur 35 km, on zigouille 1200 personnes en quelques heures, on fait une bonne centaine de prisonniers, on récupère quelques véhicules … Bilan du week-end honorable.
En face, les Russes n’ont pas avancé d’un mètre, de la haute stratégie que ni vous ni moi ne pouvons comprendre, chétives larves que nous sommes qui osons respirer le même air que Poutine …
Bon, enfin, il est quand même question que l’encerclement d’Advika progresse (ça fait jamais que 18 mois qu’ils le disent) et qu’un chaudron se prépare à Kupyansk (mais aucun des chaudrons précédents n’a jamais fonctionné).
J’ai une idée, on envoie 40 000 Russes à Gaza en force d’interposition et on fait venir 40 000 du Hamas en Ukraine pour attaquer: l’art et la manière de régler deux crises d’un coup!