Erich Priebke, ancien officier SS condamné à la prison à vie, à Rome en 1998, pour sa participation au massacre des Fosses ardéatines de 1944, est assigné à résidence dans l’appartement romain de son avocat Paolo Giachini qui réclame depuis 19 ans sa libération. Il a eu 100 ans le 29 juillet dernier et cet anniversaire avait soulevé un tollé (voir ici). À la même époque un journaliste de Hambourg, un certain Malte Herwig (un nom à retenir), a profité de l’ingénuité du capitaine Priebke pour s’introduire sans autorisation auprès de lui et lui soutirer une interview qui, le politiquement correct l’exige, commence ainsi: « A 100 ans, Erich Priebke est le plus vieux des criminels de guerre nazis vivants. Comprend-il ce qu’il a fait? A-t-il des remords? » Et on imagine la suite…
Cette interview a révolté plusieurs de nos correspondants qui ont eu l’occasion de rencontrer Erich Priebke et d’apprécier la noblesse de cet Allemand.
L’un d’eux a tenu à ne pas laisser « le dernier mot » à Malte Herwig et on trouvera en pièce jointe l’hommage qu’il rend au capitaine Priebke.
Le dernier mot
Sur Erich Priebke on a beaucoup écrit, beaucoup dit. Aujourd’hui âgé de 100 ans (!), il est le symbole de l’Allemagne du siècle passé. À l’époque de sa naissance, en 1913, l’Allemagne était à l’apogée de sa puissance économique, scientifique et politique. Elle allait être projetée dans la Grande Guerre, la Première Guerre mondiale, être humiliée, puis, comme un phénix renaît de ses cendres, elle allait retrouver une nouvelle force, une nouvelle confiance en elle, attirant l’opposition de ses adversaires, anciens et nouveaux, pour ensuite être détruite à l’issue d’un combat mondial de six années qui l’a anéantie sur toute la ligne, géographiquement, économiquement, humainement – et mentalement.
Après 1945, Erich Priebke dut immigrer, pour échapper aux dirigeants élus au pouvoir, entamer une nouvelle vie, humble, construire sa propre famille, une famille allemande. Puis, un jour, alors qu’il atteignait la dernière phase de sa vie, le voilà traîné sous les projecteurs des médias par des larbins élus, présenté comme étant l’incarnation du Mal, privé des tous ses droits, sans le moindre soutien de la part des autorités, et certainement pas de la part de son Allemagne natale. Seuls quelques partisans, comme ses avocats italiens, ont eu la grandeur humaine de se tenir aux côtés de ce vieil Allemand, cet homme droit et viril, pour lui apporter leur aide dans son adversité.
À la suite d’une farce juridique sans précédent, et après trois tentatives, il était enfin, à 85 ans, condamné à la prison à vie en Italie, fin 1998. Les faits qu’on lui reprochait remontaient à plus de cinquante ans et ses collègues officiers de même rang en avaient été acquittés après la guerre ; son supérieur direct, qui, pour des raisons personnelles – il était le père d’un enfant illégitime, ce qui le mettait à ses yeux au pied du mur au regard de la hiérarchie SS – , s’était empressé de mettre à exécution l’ordre de représailles donné personnellement par Hitler à la suite de l’attaque terroriste meurtrière de la Via Rasella, entraînant avec lui dans cette calamité ses plus proches collègues comme Erich Priebke, ce Herbert Kappler, donc, avait été jugé coupable à la suite de manoeuvres juridiques douteuses contraires à toute jurisprudence militaire, alors que des officiers de rang supérieur, qui lui avaient donné l’ordre de lancer les représailles, n’ont pas été poursuivis – autrement dit on pend les petits et on laisse courir les gros. Ces représailles, elles ont eu lieu à une époque où dans le monde, sur ordre de chefs d’Etat et de chefs militaires, des millions de gens étaient tués ou assassinés sans que quiconque fût traîné en justice, en tout cas certainement pas du côté des vainqueurs – il y avait matière à trouver des raisons 1 000 fois meilleures de traîner en justice des gens beaucoup plus importants, militairement ou politiquement, mais non : on a inventé dans les années 1990 une farce politique et judiciaire aux yeux des médias internationaux au centre de laquelle s’est trouvé un homme simple, un Allemand d’Argentine : Erich Priebke.
Contrairement aux pratiques habituelles de la plupart de ses compatriotes contemporains, il n’a pas plié devant les accusations, les calomnies et les diffamations de ses adversaires, mais il s’est défendu vaillamment, convaincu de son innocence, avec le courage de la vérité, toute la vérité, sans nier sa propre responsabilité qu’il avait dû admettre, comme des millions d’autres soldats l’ont fait à cette époque. Devant les tribunaux et, plus tard, également à la télévision et dans des interviews données à des journaux, et surtout dans son autobiographie longue de plus de 1 000 pages, Vae Victis !, il a manifesté sa compassion pour les familles des victimes de l’action dont on l’accusait ; il a dit regretter sincèrement ce qui s’était passé, mais il ne s’est pas laissé aller à la tentation, comme l’ont fait d’autres avant lui et après lui, de renoncer à son honneur et à sa dignité en échange d’une apparente « rédemption » l’obligeant à se prosterner devant l’hypocrisie des accusations. Ce qu’il a fait, il l’a fait en dépit de toute l’hostilité qui l’entourait, d’une manière noble, droite, calme et ferme qui n’a pas son pareil ailleurs et qui incitait d’autant plus ses adversaires à attaquer de la manière la plus vile cette icône de la vertu allemande.
Contre toutes normes légales et éthiques de la tradition italienne, Erich Priebke, âgé et déjà malade, a été condamné à la prison à vie. Ce n’est que grâce aux efforts désintéressés de son grand supporter, l’avocat italien Dr. Paolo Giachini, qu’à la fin 1997 cet emprisonnement à vie a pu trouver une solution plus humaine : l’assignation à résidence. Les cercles élus d’Italie et d’ailleurs n’ont pas du tout apprécié la chose, et, sans surprise, ils allaient profiter de toute occasion pour se venger publiquement de leur victime allemande, comme, par exemple, l’exploitation éhontée qu’ont faite les médias lors de son 90e anniversaire fêté avec de très bons amis dans un restaurant. Ce qui caractérise également cette extraordinaire tragédie humaine est le fait que ni les dirigeants politiques de l’Allemagne ou de l’Italie, ni le Pape allemand, qui résidait à quelques centaines de mètres de son domicile assigné ne prirent la moindre mesure pour venir en aide à ce vieil Allemand victime d’une vengeance digne de l’Ancien Testament. Tous les slogans dont on fait étalage habituellement sur l’humanité, la compassion, l’indulgence et la tolérance étaient interdits ici, car on avait affaire dans ce cas à l’incarnation de l’infamie, le pire de tous les maux : Satan en personne.
Il n’en fut pas autrement le 29 juillet 2013, pour l’anniversaire de ses 100 ans. On avait l’impression que les cercles élus devaient manifester une fois de plus au monde toute leur bassesse et leur vilenie en présentant cet homme de 100 ans comme l’incarnation du mal, ne méritant pas la moindre clémence ni la moindre pitié que son âge seul auraient dû lui valoir. La folie de tout ce cirque infernal devient évidente aux yeux de tous ceux qui ont traité de l’histoire de la vie d’Erich Priebke, mais, surtout aux yeux de ceux qui ont eu le privilège de rencontrer personnellement cet homme noble et aimable ; qui l’ont rencontré dans l’appartement de son avocat et lui ont parlé, ont ressenti cette aura particulière, cette bonté humaine et cette paix qui irradiaient de sa personne. Lui qui s’était converti à la foi catholique après la guerre n’éprouvait aucune hostilité envers ses ennemis qui avaient été déloyaux envers lui. Il conservait encore l’espoir que son voeu le plus cher serait exaucé de son vivant : se voir accorder la pleine liberté. Son attitude, sa force, sa volonté, son courage, sa bonté, son amour pour les autres sont alimentés par cette source intérieure : de pouvoir éliminer de son vivant le stigmate du prisonnier.
Aujourd’hui, dimanche 6 octobre 2013, il semble que son voeu ne sera probablement pas exaucé. En septembre, sa santé s’était détériorée de façon significative ; il fallut même le transporter pour quelques jours à l’hôpital, ce qu’il voulait éviter. A présent il est de retour dans « son » appartement, entouré et soigné par ses parents les plus proches, par sa compagne italienne et par son avocat et son ange-gardien italien, le Dr. Paolo Giachini. Après tout ce que l’on peut apprendre de Rome, son courage semble maintenant vouloir s’échapper de son corps. 100 ans, c’est long, et, même pour le plus grand des hommes, c’est une gageure. Voir approcher la fin d’un fidèle, grand et noble Allemand, à la volonté de fer, ne laisse pas indifférent toute personne qui possède un coeur et une âme. Prendre la défense de Erich Priebke, tel est maintenant l’ordre du jour, pour tout honnête homme, allemand, italien, juif ou autre, qui a suivi l’histoire de cet homme de 100 ans. Surtout si à la dernière minute il reçoit, de la part de journaleux malhonnêtes et méchants, le coup de pied de l’âne, comme cela s’est produit avec l’innommable article d’un certain Malte Herwig, de Hambourg, dans le magazine de la Süddeutsche Zeitung. Cet ignoble article est intitulé « Le dernier cas », et ce titre convient parfaitement en ce sens qu’il est certainement le dernier cas de trahison et d’inhumanité porté par un journal du vivant d’Erich Priebke. Il ne fallait pas que les paroles de cet article soient les dernières à être publiées ; il ne fallait pas que cet article soit la dernière publication réalisée du vivant de cet vieil Allemand de Rome : telle est donc la raison et le but de ces lignes. L’auteur de ces lignes a eu le privilège de rencontrer personnellement Erich Priebke à la fin de sa vie, au cours de plusieurs rencontres dans son appartement de Rome. Et c’est un honneur et un plaisir pour lui d’être devenu le bon camarade de cet homme exceptionnel. Erich Priebke – un homme de courage, un Allemand plein de dignité, de caractère, d’honneur, un modèle pour nous tous, un homme comme il en existe peu sur terre. Erich Priebke – un Allemand. Et qui sait – peut-être qu’Erich Priebke donnera à cet écrivaillon de Hambourg de la Süddeutsche Zeitung une bien meilleure réponse que ne le font ces lignes : en se remettant rapidement de sa grave maladie et gâchant ainsi la jubilation de ses ennemis qui le voyaient déjà disparaître de la terre. Puisse Erich Priebke demeurer avec nous longtemps encore !
Un ami allemand.
(Via Bocage)
@rédaction : Merci. Avez-vous aussi reçu les photos récentes d’EP ?
Non, nous n’avons pas eu ces photos ?