Cette relation a été établie par la veuve du colonel Boumédiene, Anissa, dont on pouvait estimer, avec le bon sens propre au Grand Michel (comme on désigne la naïveté robuste traditionnelle de ce que notre fabuliste qualifiait de « paysan du Danube » ou celle d’un Candide) qu’elle aurait plus spontanément évoqué Dieu ou Allah, maître des deux univers ! Elle s’adresse ainsi à la cheftaine des dits « combattants du peuple » [Moudjahidines du peuple] qui sont une force offensive armée, notons le cependant, de type également révolutionnaire, islamico-marxiste, néo-bolcheviste opposée à l’Etat iranien.
« Je suis prise au dépourvu car vous ne m’avez pas dit que je devais parler (…) Et je pense, si je pouvais émettre un vœu et que le Grand Architecte de l’univers m’entende, de dire eh bien oui, nous souhaitons la fin de ce régime en Iran et pour suprême gageure et suprême vengeance, nous aimerions que ce soit une femme qui le remplace et que ce soit, en particulier, Miryam Radjavi » (Anissa Boumedienne)
Si le Grand Architecte entre dans la partie, c’est qu’une mobilisation interne et externe est prévue contre ce grand pays dont la République de 1979 a continué le développement engagé par le premier Châh d’Iran, Reza, qui entretenait de si fortes et aimables relations politiques et technologique avec l’Europe nouvelle dressée contre le nouvel ordre du Traité de Versailles dessiné à la Conférence des Maçonneries des puissances alliées de juin 1917, tenue à Paris, qu’il fut renversé par une coalition anglo-soviétique en 1941.
Une des conditions de pareil bouleversement placé sous l’invocation de ce Grand Architecte de l’Univers, est le déracinement du patriotisme persan ou iranien, en le coupant de son passé, en le calomniant ou le caricaturant, et en cultivant au sein du peuple, entre nouveaux riches et classes appauvries par un blocus prolongé, une sorte de lutte des classes où triomphent les marchands d’illusion : pareil déracinement est sensible au sein d’une jeunesse nombreuse, majoritairement féminine, qui ne connaît du monde extérieur que l’image qu’en donnent les chaînes de télévision étrangères auxquelles elle a accès, et sans qu’un enseignement non pas religieux, mais moral et philosophique, ne lui ait été prodigué qui l’armât suffisamment.
Il est vrai, concédons le, qu’un mot a été lancé par le Guide religieux Suprême, mais qui demeure un concept vide sans mobilisation verticale de haut en bas, de la population, « d’économie de résistance ». L’idée est juste, et elle reprend la vieille idée allemande du philosophe et patriote Fichte, d’un « Etat commercial fermé » : une nation doit pouvoir compter sur ses forces, sans songer uniquement à monnayer ses produits naturels. A cet égard un marché commun asiatique pourrait s’ouvrir, sauf à considérer, avec bon sens, que cette région d’Asie centrale est, en premier avec le Kazakhstan et sa capitale, Astana, ornée d’une pyramide due à un architecte anglais rénovateur de la City de Londres, une véritable loge maçonnique monumentale donnant ainsi à la veuve du Président Boumédienne cette lumière sur l’avenir et de l’Iran et de son pays frère, que chante l’épopée du Livre des Rois ou Châh Nameh, l’Afghanistan rongé par une lutte terroriste sans fin.
L’exemple de l’Iran, de sa reconstitution moderne, de son indépendance ruinée par l’Angleterre par deux fois en 1917 et en 1941, de la guerre avec l’Irak qui servit de point de départ à une destruction de ce pays qui pousse maintenant l’audace de l’Arabie wahhabite à viser directement l’Iran dans une lutte sans merci, est celui d’un pays qui dut chacune de ses renaissances 1 – à un chef autoritaire et plongeant les racines du peuple dans un passé mythique et enthousiaste, 2°- un écartement de toute division du pays, en mettant la Nation au dessus des intérêts particuliers, ce qui est le contraire de ce que diffuse l’idéologie actuelle d’assistance généralisée, 3°- une aide européenne efficace.
Un aveu de taille : le Dieu des printemps arabes et persans
L’on dit que la vérité sort de la bouche des enfants, mais aussi que la bonne méthode de raisonner peut être, selon le mot de Descartes dans son Discours de la Méthode, entendue de tous, y compris des femmes et des Turcs, comme étaient de son temps entendus les Musulmans. C’est le bénéfice de cet entretien improvisé de la veuve du Président Boumédiene de nous révéler ce dieu des batailles qui ravage le Yémen, la Syrie, allume les canons du nouvel Ottoman très proche de l’Etat d’Israël, entre deux colères, et pousse enfin le monde au chaos en criant à la démocratie. C’est lui qui tire sur les Coptes d’Egypte, fit massacrer une quantité impressionnante d’Algériens, et permet aux fausses ambulances d’Afghanistan d’exploser ! C’est un pareil dieu qui conduisait l’an dernier la justice britannique à approuver le commerce d’armes d’ Ilam Fox, ancien ministre écossais de la Défense, conservateur, promu secrétaire d’Etat, et partisan du Brexit, adversaire de la Défense européenne au profit de l’OTAN, ayant exporté près de 3,5 millions de livres sterlings d’armes en Arabie wahhabite, création, depuis le XVIIIe siècle, des intrigues britanniques visant à détruire les grands empires ottomans et perses.
Il faut aussi que ce dieu ait des charmes pour faire oublier que le Dieu de son enfance n’était pas celui qui trône en loge, qui a coupé la tête du roi-martyr, et quelques mois après, de notre reine qui écrivait à son frère Leopold, empereur d’Allemagne, en juin 1790, mort visiblement empoisonné par la secte :
« Méfiez-vous là bas de toute association de francs-maçons. C’est par ce moyen que tous les monstres d’ici comptent parvenir dans tous les pays au même but. O Dieu garde ma patrie et vous-même de pareils malheurs » (Marie-Antoinette)
Cette troupe de monstres est composée de plusieurs étendards, que les démons qui volent bas essaient de faire s’entrechoquer, et ce pour ne pas qu’on s’aperçoive qu’un abîme final est ouvert, celui dans lequel les illusionnistes plongent les dupes ou les âmes naïves répétant des mots dont elles ne saisissent pas le sens.
Cette étourderie de femme semi-savante enthousiasmée par le Grand Architecte est celle même de la raison contemporaine qui ne prend pas la peine d’abandonner ses distractions pour fixer la réalité. Le monde n’est point un chaos, mais un ordre qui a ses degrés, et tant que la duperie humaine préférera un dieu qui flatte à un qui juge, un dieu brouillon à un dieu sage, le vouloir-vivre aveugle à la sérénité d’une mort victorieuse, comme il s’en trouve la trace dans les vraies religions qui n’en font qu’une au crible de la philosophie, alors le compas d’architecte aura toujours la capacité de se transformer en fléau des peuples. Ce que montre le tableau de notre écroulement mondial.
Pierre Dortiguier