Les journalistes et relais d’opinion les plus véhéments, qui se disent pro-européens, ont toujours le drapeau ukrainien à côté de leur photo de profil. Ils veulent dire leur indignation qu’une « jeune démocratie » ait été envahie par un dictateur qui s’est emparé de pans de son territoire (même à majorité russe) au point que le « pays victime » est devenu pour eux plus important et plus urgent que le leur.
Je n’ai vu aucun d’entre eux arborer le drapeau de la Syrie, également par solidarité et par sens civique planétaire. Leurs médias nous disent que le peuple syrien est heureux de se débarrasser du dictateur. Serait-elle aussi sur la voie de l’intégration européenne et de l’OTAN, qu’elle pourra participer à l’Eurovision et aux matches organisés par l’UEFA, comme Israël, Azerbaïdjan, Kazakhstan, Turquie, Géorgie.
Ce que leurs médias ne nous disent pas, c’est qu’Israël a déjà annexé d’importants territoires en Syrie, où il n’y a pas de minorité juive, encore moins de majorité. L’Israël a effectué plus de 800 frappes la semaine dernière, depuis la « chute de la dictature », détruisant tout ce qu’elle pouvait trouver en termes d’infrastructures militaires, portuaires et aériennes, dans tout le pays voisin.
Dans le même temps, un pays de l’OTAN en négociations d’adhésion à l’UE, la Turquie, a supprimé une partie de sa frontière avec la Syrie, y a massé d’importantes troupes et se prépare à procéder à ses propres annexions. Et si Erdogan a été un jour dénoncé comme dictateur, ils l’ont oublié.
Les relais d’opinion exigent que la Russie restitue également la Crimée, occupée depuis 2014, pour rétablir l’ordre juridique international. Mais ils ne demandent pas à Israël de restituer le plateau du Golan, annexé à la Syrie en 1967, qui est désormais complété par un nouvel encerclement s’étendant presque jusqu’à la capitale Damas. Vous n’apprendrez pas de leurs médias que le gouvernement Netanyahu a ordonné cette semaine de nouveaux investissements pour coloniser le plateau du Golan avec sa propre population. Où sont les sanctions, les listes des entreprises boycottées, des personnes qui « avaient des liens avec… » ?
Le silence des célébrités engagées civiquement sur le génocide en cours depuis plus d’un an est complet et révélateur. Avant d’avoir le drapeau ukrainien, ils avaient le logo BLM (« Black Lives Matter »). Et avant lui quelque chose sur le fait de se couvrir la bouche et le nez, ce qui, selon eux, sauvait la vie des grands-parents. Et avant cela, quelque chose avec « #metoo », pour se montrer solidaires des femmes qui avaient couché avec le producteur Harvey Weinstein sans devenir des stars à Hollywood, comme elles l’avaient espéré.
Leur faillite morale est totale. S’il en était autrement, ils feraient au moins semblant de se soucier des dizaines de milliers de femmes tuées dans les bombardements de Gaza. Comme si c’était pire que le harcèlement ou que changer d’avis après un rapport sexuel consenti, n’est-ce pas ?
Il s’intéresserait au moins à qui sont les « libérateurs » qui ont renversé la dictature d’Assad. Qui sont-ils ? Les pénétrateurs des plus grands actes de barbarie, commis par l’État islamique et al-Qaeda, armés par l’Occident. Quand ils ne filmaient pas les décapitations, les nouveaux « combattants de la liberté » violaient, kidnappaient et organisaient des ventes d’esclaves sur la place publique. Mais il est bien plus chic de ne pas voir l’esclavage existant dans des pays comme la Libye, elle aussi « libérée du dictateur » avec le soutien de l’Occident. En revanche il faudrait s’inquiéter des traumatismes induits par l’esclavage il y a 200 ans sur les Afro-Américains, qui sont statistiquement les plus prospères des populations noires de la planète à ce jour.
En 2014, alors que les féministes se demandaient quel pays posséderait la Crimée, le journal Times titrait : « Les djihadistes vendent des femmes pour 10 dollars sur les marchés aux esclaves pour attirer des adeptes ». Avez-vous entendu cette information de la part des féministes et de leurs sympathisants ? Ont-ils seulement sonné l’alarme en disant que ces marchands remplaçaient un dictateur laïc, dont la femme, élevée à Londres, s’habillait à la mode occidentale, sans même un foulard ?
Si vous n’avez rien à attendre des néo-marxistes, je pense à la façon dont les libéraux et libertaires, tout aussi amoraux, auraient commenté la nouvelle : « Si la loi de l’offre et de la demande en décide ainsi et que le marché dit que 10 dollars est le juste prix, ce qui est important c’est que l’État n’intervienne pas pour maintenir le prix artificiellement élevé ou avec des taxes… »
Quand elles n’ont pas le drapeau ukrainien en photo de profil, les étoiles du civisme ont toujours leur photo des grandes manifestations « #resiste » sur l’ordonnance 13 [tentative du pouvoir roumain de décriminaliser certains faits de corruption en 2017]. Leur grand moment de défense de « l’État de droit ». Ils n’ont pas eu honte de le retirer dans une humiliation scandaleuse lors des mesures tyranniques de lutte contre la « pandémie ». Ils ne le sont pas non plus aujourd’hui, après avoir annulé les élections et mis fin à la démocratie en Roumanie.
En fait, toutes les vaines prétentions morales sur lesquelles repose l’arrogance occidentale se sont effondrées une à une. Et, ce qui est très important, ce sont précisément les « idéaux » au nom desquels les pays euro-atlantiques, y compris nous-mêmes, ont été méthodiquement détruits. Ces mêmes pays ont été envahis et empêchés de se défendre, au nom de l’égalité des chances dans le monde et en mémoire des victimes du passé. Mais seulement certaines.
L’Occident regorge de sympathisants des mouvements islamistes terroristes. Mais la priorité des relais d’opinion est le renforcement de la censure et la persécution des nationalistes défenseurs de la civilisation européenne et la foi chrétienne. Leur cible, ce sont les anticorps des sociétés silencieusement envahies.
E.P.
De Roumanie, le 18.12.2024