La droite internationaliste et la gauche nationaliste : une inversion des rôles souvent oubliée, mais essentielle pour comprendre les recompositions idéologiques actuelles. À l’aube du XIXᵉ siècle, la droite aristocratique, soutenue par des réseaux transnationaux, se faisait l’écho d’une vision internationaliste, tandis que la gauche révolutionnaire défendait une souveraineté farouche. Ce clivage s’inverse brutalement avec l’affaire Dreyfus, marquant le passage de la gauche à un internationalisme revendiqué et de la droite à un patriotisme enraciné.
Cette évolution se complexifie au XXᵉ siècle avec l’émergence du souverainisme, porté par des figures comme De Gaulle. À l’opposé, la gauche glisse progressivement vers un mondialisme assumé, sous l’impulsion de François Mitterrand et, plus récemment, d’Emmanuel Macron. Ces repositionnements brouillent les repères traditionnels : souverainistes de gauche et nationalistes de droite s’allient, tandis que les élites mondialistes défendent une vision technocratique et sans frontières.
Aujourd’hui, la confusion des alliances atteint son paroxysme. Des oppositions idéologiques historiques s’effacent au profit de nouveaux clivages. Le souverainisme se dessine comme une force transpartisane, face à un mondialisme qui se radicalise. Quels seront les prochains équilibres dans une société où les repères explosent ? Les réponses se trouvent peut-être déjà dans ces fractures émergentes.
Entretien avec Florent bastide, animateur de Culture populaire
Source : Géopolitique Profonde