En ce début décembre 2024, le régime baasiste de Syrie a été balayé en quelques jours à la surprise générale. Ainsi, disparaît le dernier des régimes baasistes qui s’étaient installés dans le monde arabe au Proche-Orient. L’échec de ces expériences baasistes marque celui de l’influence de la pensée nationaliste européenne faisant primer la culture sur la religion qui avait dominé au cours du XXe siècle. Mais cet échec est moins dû au refus de certains courants musulmans d’accepter de vivre sous des lois qui n’étaient pas celles de la sharia, que de la volonté de l’oligarchie occidentale de ne pas laisser se développer des régimes nationalistes arabes qui s’opposaient à sa mainmise sur le monde arabe. Ils commettaient en outre le « crime » de lèse-Israël, défaut rédhibitoire s’il en est dans le monde contemporain. Suite de la première partie…
Des forces cornaquées par les Occidentaux
Continuons. Comment les forces qui ont vaincu le régime de Damas ont-elles été constituées ? Après la dilution de l’Etat Islamique, les forces islamistes qui s’étaient regroupées dans la région d’Idlib auraient dû être désarmées par la Turquie mais ce n’a pas été le cas. Bien au contraire : les Turcs les ont armés, sans que la Russie ne proteste d’ailleurs, attitude qui ne laisse d’interroger, répétons-le. Certains de ces combattants ont même été engagés en Ukraine, dès le début de l’opération spéciale, pour combattre les Russes, Erdogan, tout en souriant à Poutine, ne cesse de mener une politique étrangère très souvent inamicale envers la Russie et il n’a jamais accepté la récupération de la Crimée par la Russie, estimant que cette péninsule relevait du monde turc, avec la minorité tatare qui y vit, témoin d’une époque révolue depuis plus de deux siècles. D’ailleurs, le ministre de la défense ukrainien n’est autre qu’un certain Rustem Umerov, un Tatar de Crimée…
Et il y a quelques mois, en juin 2024, la presse ukrainienne disait que l’Ukraine voulait ouvrir un front contre la Russie en Syrie et des forces spéciales ukrainiennes ont agi contre les forces spéciales russes présentes en Syrie sur la base russe près de Lattaquié, à partir d’Idlib.
La conjonction du conflit avec la Syrie et l’Ukraine se retrouve là : les Occidentaux, ne parvenant pas à affaiblir la Russie à partir de l’Ukraine, élargissent le conflit à d’autres parties du monde, le phénomène étant actuellement accéléré par la transition politique à Washington ; mais rien ne prouve qu’il cesse avec Trump.
En 2012, en effet, ayant compris que les Occidentaux n’en avaient fait qu’à leur tête en Libye, ignorant les limites d’une résolution de l’ONU concernant la surveillance de l’espace aérien libyen, les Russes sont intervenus pour stopper l’avance de l’Etat islamique en Syrie et avec leur aviation ont été les principaux contributeurs de sa destruction en Irak ; en fait la Russie a bloqué le dessein des Occidentaux de destruction de la Syrie.
Les Etats-Unis ont instrumentalisé les groupes islamistes qui ont pour leur part recruté des réfugiés sur place. Toutefois, lorsque ces milices ont compris qu‘elles étaient victimes d’attaques, aériennes notamment, elles ont changé d’oriflamme ; les combattants de l’EI ont alors rejoint le front Al nosra qui s’est transformé en Hayat Tahrir al-Cham, composé de militants chiites islamiques et de combattants de l’EI.
Mais après la bataille d’Alep, Russes et Américains, en substance (car ces derniers n’étaient pas présent au premier plan), ont décidé qu’il fallait en quelque sorte arrêter le conflit. Ce sont les Accords d’Astana de 2017 signés entre la Russie, la Turquie, l’Iran. Ils ont décidé de créer des « zones de cessez-le-feu », quatre zones négociées par les Etats-Unis, la France, la Russie. Il s’agissait de désarmer ces milices. Néanmoins, la situation n’a pas évolué dans ce sens. Ainsi, à Alep, il y avait rien moins que 80 groupes islamistes auxquels on a proposé de devenir des islamistes modérés ou bien rejoindre Idlib ; aucun n’a accepté de se dire modéré ; tous ont rejoint Idlib qui est devenu une sorte d’émirat islamique.
Les quatre zones étaient : près de la frontière israélienne à Dhara, près de Damas, près de Hama et surtout une grande zone dans la région d‘Idlib ; là, il y avait déjà une forte présence turque ; les Turcs devaient désarmer ces milices et les rendre à la vie civile. Ils n’en ont rien fait, bien au contraire ; ils les ont réarmés, la Turquie revendiquant depuis longtemps une vaste zone au nord de la Syrie et se donnant ainsi les moyens de s’en emparer lorsque l’occasion leur en serait fournie. En outre, comme indiqué précédemment, les Turcs ont intérêt à vouloir s’installer en Syrie ne serait-ce que pour se débarrasser des centaines de milliers de réfugiés syriens qui constituent une masse de déstabilisation, en dépit du fait qu‘il est prêt à les envoyer dans l’U.E. (le chantage d’Erdogan fonctionne depuis 2011 avec Merkel inaugurant le rôle de la victime).

Ce sont ces milices, équipées par Ankara, par les Occidentaux, qui ont provoqué la chute d’Assad. Outre les remarques énoncées précédemment, il est à penser que les Russes ont retenu la leçon : outre le fait qu’il ne faut jamais apporter le moindre crédit aux Occidentaux, il ne faut jamais accepter le gel d’un conflit : le dégel arrive toujours, avec des effets qui s’exercent au détriment de ceux qui ont accepté en fait de suspendre le temps. En Ukraine, ils ne doivent en aucun cas accepter un tel marché de dupes. Il semble qu’ils l’ont compris si l’on en juge par les déclarations de responsables gouvernementaux. Par exemple, Sergueï Lavrov a fait savoir que ce que les Etats-Unis proposaient n’était rien d‘autre qu’une nouvelle mouture des accords de Minsk (dont nous savons la tromperie qu’ils constituent).
Quant à Sergueï Ryabkov vice-ministre des affaires étrangères, a déclaré que les « plans de paix » vantés par l’entourage de Trump ne sont qu’un stratagème pour piéger la Russie à long terme et Moscou n’acceptera jamais une défaite différée déguisée en compromis. (CNN World, 4 décembre 2024). Répétons-le, la solution est la disparition de cet Etat artificiel créé par les soviétiques avec des régions – la « Nouvelle Russie » – revenant à la Russie, une autre à ce qu’on appelait la « Petite Russie » dans un statut comparable à celui de la Biélorussie, la Galicie constituant état un Etat indépendant dans le prolongement de la Slovaquie, les régions hongroises et roumaines retournant à leurs mères patries respectives.
Cependant, il est fort possible, sinon probable que la Russie ne soit pas au bout de ses peines : son « ami » Erdogan, dans ses vastes projets pan touraniens, pourrait déstabiliser toute l’Asie centrale sur le flanc sud de la Russie, l’Arménie en étant la première victime avec la nécessité, pour les Turcs, de créer ce couloir qui leur manque pour relier l’Azerbaïdjan à la Turquie à travers le Siounik (ou Zengezour) arménien. Le tout, évidemment, avec la bénédiction de Washington. Quant à la Syrie « djihadisée », elle menace de constituer un abcès de déstabilisation qui pourrait aller au-delà du Croissant Fertile. Nous ne savons pas ce que les Occidentaux ont dans la tête, mais soyons très vigilants et ayons un tel schéma en tête.
Le cadre planétaire
Il faut toutefois replacer ces événements dans un axe mondial plus large qui se rapporte à la volonté de l’oligarchie occidentale de tenter de préserver son hégémonie en voulant affaiblir la Chine et, pour commencer, la Russie, jugée plus faible par eux. Ce qui se passe en Ukraine comme ce qui se passe en Syrie doit être regardé comme des batailles entre le monde multipolaire qui est en train de naître et dont les BRICS sont l’emblème et le monde unipolaire, hégémonique de l’oligarchie occidentale où la composante talmudique est essentielle.
En Géorgie, se développe un scénario analogue à celui de l’Ukraine des années 2000- 2014 : on veut bien aller avec l’ouest mais sans jamais rompre les liens avec la Russie, premier partenaire économique. Aujourd’hui, cela est renforcé par le fait que la Russie se porte bien et que l’Occident bat de l’aide économiquement. Et présentement, l’UE utilise les Géorgiens tels des otages, comme en 2013 avec Kiev. Les Occidentaux voyant leur entreprise en échec, en reviennent à pratiquer les méthodes utilisées par les Etats-Unis à l’égard des républiques bananières au siècle dernier : la Franco-géorgienne qui joue le rôle de présidente de la Géorgie refuse de quitter le pouvoir à l’issue de son mandat – avec la bénédiction des Occidentaux !
La Roumanie – pièce majeure dans la volonté d’agresser la Russie, avec la création d’une monstrueuse base militaire devant abriter 10 000 soldats dont 4 000 Français – subit un processus politique du même ordre, avec l’annulation du premier tour de l‘élection présidentielle qui a vu Calin Georgescu, un candidat tenant un discours relativement russophile, anti LGBT, arriver en tête. Mesquinerie supplémentaire, « ils » lui ont coupé l’internet et l’électricité ! Un tel cas de figure, c’est ce qui se passait du temps de l’URSS.
Nous pourrions nous étendre sur la Moldavie et son refendum truqué sur l’adhésion à l’U.E. tout autant que l’élection présidentielle qui a vu la reconduction de l’agent romanesque Maïa Sandu.
Ce sont autant de signes que l’oligarchie occidentale s’affole en apercevant de jour en jour qu’elle est en train de perdre la partie, sans se rendre compte que son entêtement est son meilleur ennemi.
Des élites détraquées en Europe occidentale
Pour finir aujourd’hui, il faut remarquer une fois de plus l’inconséquence des « élites » occidentales en Europe, tant politiques que médiatiques, (élites étant un mot désignant les éléments détenant les leviers de commande d’un pays) tout autant que leur bêtise et leur crapulerie.
Elles se réjouissent de la chute du « dictateur » Assad et voient déjà leur sacrosainte démocratie, mot scandé comme un mantra, installée à Damas. On nous montre un peuple heureux, en liesse et les dirigeants politiques de l’UE. ont décidé en conséquence de suspendre les études de demandes d’asile pour ce motif : la liberté étant arrivée en Syrie, il ne peut pas, par définition, y avoir de demandeurs d’asile.
Sauf que les islamistes installés à Damas ont déjà marqué leur pouvoir en multipliant les exécutions, les pendaisons publiques. Il est plutôt à craindre que d’ici quelques temps, de nouvelles vagues de réfugiés, de demandeurs d’asile, venant en masse de Syrie se pressent à nos frontières, les chrétiens en étant les plus gros contingents. Rappelons-nous : les Talibans revenus au pouvoir en 2021 à Kaboul se disaient « ouverts », « modérés » ; demandez par exemple aux femmes afghanes ce qu’il en est aujourd’hui !
Les Occidentaux ne semblent pas comprendre qu’à chaque fois qu’ils créent quelque golem, celui-ci leur échappe et se retourne contre eux. Mais, selon l’adage célèbre, les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre, ce qui est finalement un bon signe si nous avons compris que les peuples d’Europe doivent se délivrer d’une oligarchie mondialiste qui est leur ennemi. Car, faut-il le marteler, le premier ennemi des peuples de civilisation européenne et chrétienne n’est pas hors de leurs frontières mais à l’intérieur, détenant les postes de direction, à travers le magistère spirituel, les média, la finance, et étant prêt à utiliser toutes les ficelles du totalitarisme pour se maintenir, surtout s’ils se rendent compte que leur pouvoir se fragilise de plus en plus.
Il suffit de voir ce qui se passe au Royaume Uni avec le Premier ministre Keit Starmer qui emprisonne à tour de bras les opposants à la politique destructrice menée par la classe politique britannique, au point de libérer de prison de criminels, des trafiquants de toutes sortes pour avoir la place d’y interner ceux qui contestent son action, Tommy Robinson en tête, méprisant éventuellement l’habeas corpus, tant vanté outre-Manche. N’attendons de leur part aucune clémence mais une répression sans pitié. En réalité, nous avons à mener un combat existentiel contre un ennemi implacable et nourri de lâcheté.
Et, de même que les Russes semblent avoir compris qu’il ne faut accorder aucune confiance aux dirigeants occidentaux, quels qu’ils soient, nous devons en aucun cas leur accorder le moindre crédit lorsqu’ils disent vouloir notre bien : ils sont tout simplement les ennemis jurés de notre civilisation européenne et chrétienne. La réouverture clownesque et maçonnique de Notre-Dame de Paris en est l’un des derniers signes d’importance visible en date.
Cette fuite en avant de l’oligarchie mondialiste est cependant un signe d’espérance pour les naturels non reniés des nations d’Europe car l’entropie qui gagne ce système fondamentalement vicié, mortifère, crée les conditions de l’émergence de forces de rétablissement d’une histoire fondée sur des traditions millénaires, bousculée seulement depuis, finalement, quelques dizaines de décennies.
Merci à André Gandillon.
Merci pour ces « libres propos » ne se limitant pas, comme trop souvent, à l’évènementiel, pour aborder la géopolitique sur le long terme et à l’échelle des forces en présence sur l’ensemble de la planète.
Pour avoir pérégriné, ces derniers temps, sur divers « réseaux sociaux », je mesure combien le soin apporté à la documentation, la rigueur de l’analyse et l’élévation des critères de jugement font de la « Lettre de Jeune Nation » un vecteur idéologique de tout premier plan.
Je ne vois que « RIVAROL » et la revue « OMERTA » pour atteindre un tel niveau.
Rivarol pour le courage de dire… Et Omerta pour le suivi de l’actualité et la diversité des intervenants…
Des esprits s’élevant à un tel seuil d’excellence devraient accéder aux plus hautes responsabilités au plan national.
J ai entendu dire qu un simple soldat syrien touchait 7 dollards et qu un rebelle en touchait 2000 meme sans combattre.
Je pense qu il faut se mefier de l armee professionnelle…Elle aime trop la bonne soupe.
Il y a necessite a creer un echelon de securite comme les gardiens de la revolution .
Une deuxieme armee en parallele a la premiere et dans l armee de metier glisser des officiers politiques.
Il y a aussi a revoir le role du renseignement plutot utilise dans la sauvegarde de la caste en place, de ses interets propres et du muselage des rabats joie.
Le renseignement doit etre orientes vers la recherche d elements subversifs exterieurs vers des agents interieurs suceptibles de passer a l action.
Au niveau de la communication manifestement des lacunes sont visibles tant vers l interieur(le peuple)que vers l exterieur (au sens large).
J ai impression que les barbues ont pris le pouvoir sans trop y croire avancant comme dans du beurre face a une armee professionnelles dont les officiers attendaient du fric pour bouger du cul.
Le peuple Français n’ est plus homogène depuis de nombreuses decenies ….des identités différentes donnent quasiment toujours des opinions divergentes …Personnellement je ne vois rien de positif émerger de notre pays puisque tout est verrouillé par une caste étrangère et hostile ….Je ne vois pas de soulèvements et de révoltes du peuple qui sera sévèrement réprimés comme pendant la période gilets jaunes…je vois plutôt un effondrement très lent jusqu’ à toucher le fond Après avoir vampirise toutes nos ressources l’ élite prendra la fuite laissant derrière elle un pays ruine …comme le vide appelle le plein qui seront nos prochains » maitres »? J’ ai ma petite idée…géographie oblige ….prions Dieu , qu’ Il vienne à notre aide
« Les Occidentaux voyant leur entreprise en échec »… « Ce sont autant de signes que l’oligarchie occidentale s’affole en apercevant de jour en jour qu’elle est en train de perdre la partie »…
Le camp occidental au contraire avance ses pions partout sur l’échiquier, conséquence logique et directe de la défaite russe en Ukraine, ce que démontrent les exemples d’ailleurs avancés par André Gandillon, dont je ne parviens pas à m’expliquer l’aveuglement.