Quant aux causes de la guerre en Ukraine, on vous aura tout dit :
Qu’en 882 déjà, Oleg le Sage, prince de Kiev, considérait cette ville comme « la mère de toutes les villes Russes », ce qui justifie l’attachement des Russes pour l’Ukraine, dont Kiev est la capitale.
Qu’à partir du 26 décembre 1991, date de la dissolution de l’URSS, L’OTAN, bras armé de l’occupation américaine officialisée en 1949 et qui n’avait plus de raison défensive de se maintenir en Europe de l’Ouest, loin de se retirer du continent européen, a commencé à s’immiscer à l’Est, menaçant désormais la Fédération de Russie.
Qu’en 1995 puis 1999, l’OTAN s’est attaquée par deux fois à la Serbie, alliée de la Fédération de Russie, par des bombardements intensifs n’épargnant pas les civils.
Que successivement, en 1999, 2004, 2009, 2O17, 2020, des pays d’Europe centrale, puis d’Europe orientale, ont accepté de voir les lanceurs de missiles de l’OTAN s’installer sur leur sol, intensifiant les menaces contre la Fédération de Russie.
Que le renversement d’un gouvernement pro-Russe en Ukraine en 2014, dit « révolte de Maïdan » a été favorisé par la CIA, dont le directeur, John Brennan s’est déplacé à Kiev à l’époque, ce que n’ont jamais cherché à nier les décisionnaires concernés à Washington.
Que l’enchaînement de ces provocations impliquait, à terme et en toute logique, une réaction de défense de la Fédération de Russie, telle qu’elle se manifeste aujourd’hui.
On vous aura tout dit… sauf peut-être l’essentiel.
Car un élément essentiel, ce tréfonds de l’opinion publique identifié par Carl Gustav Jung en tant qu’inconscient collectif conditionnant à long terme le devenir des peuples n’a pas été pris en compte, et surtout pas par Vladimir Poutine, dont ce fut peut-être la seule erreur, mais aux redoutables conséquences.
Pourtant, l’immense Soljenitsyne avait bien senti le danger d’un égarement des opinions des peuples d’Europe Centrale au lendemain de la fin de l’URSS. Fils d’un Russe et d’une Ukrainienne, il ne pouvait envisager une séparation entre les deux pays, et il dénonçait la pernicieuse attribution des crimes bolcheviques aux seuls Russes qui en étaient pourtant les principales victimes.
« Frères ! clamait Soljenitsyne, ce cruel partage ne doit pas avoir lieu ! C’est une aberration née des années de communisme. Nous avons traversé ensemble les souffrances de la période soviétique. Précipités ensemble dans cette fosse, c’est ensemble que nous en sortirons. »
Cependant, la gangrène du ressentiment contre la Russie s’insinuait dans les pays satellites de l’ex-Union Soviétique. Le Kremlin et la sinistre Loubianka ayant successivement abrité la Tchéka, le GPU, le NKVD, le MGB, le KGB et leurs tortionnaires n’étaient-ils pas moscovites ?
La culpabilisation de la Russie était pourtant une terrible erreur.
Cette mise en accusation de la Russie, portant en devenir la défiance et souvent la haine des anciens pays satellites allait pourtant à l’encontre de la réalité historique, laquelle démontre au contraire que, loin d’être à l’origine du bolchevisme et de ses crimes, le peuple russe en fut la principale victime, mais aussi celui qui y résista par les armes le plus vigoureusement.
On oublie trop que loin d’être d’origine russe, l’idéologie communiste était le fait d’apatrides mondialistes déracinés ayant pris la Russie pour cible.
On oublie trop que Karl Marx et Friedrich Engels, dont l’idéologie fut à l’origine des crimes soviétiques, n’étaient pas Russes, mais Prussiens.
Quant au sinistre Dzerjinski, fondateur de la Tchéka, précurseur du KGB, « égorgeur en chef de Lénine », selon certains auteurs, et dont la majorité des victimes furent Russes, n’était-il pas un aristocrate Polonais dévoyé ?
De plus, comme l’a démontré l’historienne Françoise Thom, ce ne furent pas des réseaux russes, mais des réseaux de délateurs géorgiens répartis dans toute la Russie qui renseignèrent la police secrète des géorgiens Staline et de son âme damnée Lavrenti Beria, ce dernier n’ayant jamais été réhabilité compte-tenu de crimes contre l’humanité perpétrés majoritairement en Russie.
On oublie trop que Lev Davidovitch Bronstein dit « Trotsky », dont les purges sanglantes décapitèrent les cadres russes de ce qui allait devenir « l’Armée Rouge », n’était pas Russe mais Ukrainien.
Quant aux Ukrainiens d’aujourd’hui qui justifient leur rejet des Russes en évoquant la terrible famine dite « holodomore » qui décima 20% de leur population, ne devraient-ils pas garder en mémoire…
– que d’une part, Lazare Kaganovitch, qui organisa cette élimination de masse par la faim, n’était pas plus Russe que la plupart de ces complices, mais, tout comme Trotsky, Ukrainien…
– et que d’autre part, si cette même famine organisée par Kaganovitch coûta la vie à près de cinq millions d’Ukrainien, elle eut les mêmes effets en Russie, notamment au Kazakhstan, au Caucase, dans l’Oural et sur les rives de la Volga et du Don.
Guerre mémorielle et contrôle de l’opinion publique.
La thèse défendue par Soljenitsyne, selon qui rien ne justifiait que les anciennes victimes du communisme se divisent, puisqu’ayant été, les unes autant que les autres, victimes d’un même système mortifère, est donc confirmée par les historiens… Mais non – hélas ! – par les propagandistes occidentaux cherchant à introduire le poison de la discorde entre Europe Centrale et Europe Orientale.
D’où une guerre mémorielle intense menée notamment à l’ONU, entre la diplomatie de la Fédération de Russie et ceux qui tentaient de faire passer pour un génocide, visant les seuls Ukrainiens, les outrances répressives de l’Ukrainien Kaganovitch frappant pourtant toute la Russie, et ne visant que les « Koulaks », ces paysans aisés réfractaires au bolchevisme.
Ce combat mémoriel, ayant pour objet de déculpabiliser la Russie, s’inscrivait dans le droit fil de ce qu’avait souhaité Soljenitsyne, en s’attaquant aux germes de la discorde entre anciens pays de l’ex-bloc soviétique.
Jusqu’à ce que ces efforts soient réduits à néant par une faute psychologique inexplicable, dont les conséquences se payent aujourd’hui par une guerre fratricide faisant des milliers de victimes.
Quand Poutine revendique l’héritage soviétique…
Dans le cadre de cette guerre mémorielle, on pouvait s’attendre à ce que tous les moyens diplomatiques, culturels, médiatiques, soient mis en œuvre par le Kremlin pour dissocier le peuple russe des bolcheviques apatrides et de leurs crimes, éliminant à la source les arguments de ceux qui cherchaient à diviser les peuples de l’Est.
D’où la jubilation des fauteurs de discorde lorsqu’en 2005, Vladimir Poutine qualifiait officiellement de « plus grande catastrophe géopolitique du XXème siècle », la dissolution de L’URSS, précisant même qu’il y voyait « une désintégration de la Russie historique ».
Allant plus loin, à partir de 2015, Staline et même Dzerjinski, le fondateur de la sinistre Tchéka, précurseur du non moins redoutable KGB, étaient réhabilités.
On imagine sans peine l’effet produit sur les populations de la plupart des anciens pays satellites de l’URSS, Pologne, Hongrie, Ukraine et autres, à peine remis d’une époque d’oppression hantant encore toutes les mémoires et voyant justifiée la crainte diffuse que leur inspirait le puissant voisin russe.
Au plan de cette guerre de l’information qui a pour objet d’armer ou désarmer les opinions publiques à son avantage, le Kremlin venait de commettre une faute et d’ouvrir dans ses défenses une brèche par laquelle les manipulateurs de l’OTAN allaient s’engouffrer pour semer la discorde et la haine.
Quelles que soient les immenses qualités de Vladimir Poutine, c’est en partie ces orientations mémorielles désastreuses qu’expient en 2022 les combattants « Russes de Russie » et « Russes d’Ukraine », dans une guerre fratricide qui ne peut que désoler ceux qui, comme nous, Nationalistes, respectent le combat identitaire de la Russie éternelle.
Tout est dit, excellent article. Malheureusement le Patriarche Kyril, dont le grand-père paternel a été expédié et tué dans les Goulag parceque prêtre, a influencé Poutine pour tenter de réhabiliter Staline. Je me demande de ce qui motive le patriarche ?
Soljenitsyne n’aurait sans doute jamais approuvé cette désastreuse, injuste et même criminelle réhabilitation. Et il approuva la fin de L’URSS, non la séparation de la Biélorussie et de l’Ukraine de la Fédération de Russie sans doute. Et que dire des Pouchkine, Gogole, Dostoïevski, Soleviev, Tchekov ou Tolstoï, ces 6 grands auteurs russes, aux racines Biélorusses et/ou ukrainiennes, et aux origines Tartares et parfois même françaises TOUS LES 6 parlaient et écrivaient aussi en français, compris certains ouvrages ? Ils n’auraient jamais imaginé de telles frontières, particulièrement Pouchkine étant pour la langue russe, ce que Goethe est aux Allemands, Dante aux Italiens, Shakespeare aux Britanniques, D’ailleurs tous parlaient français. Précisons que le grand père maternel de Pouchkine fût un esclave africain noir, fait Chef suprême des Armées tsaristes, formé à La Fère dans l’Aisne.
Le monde est petit : en 1704, Hannibal est emmené en Russie, depuis Istanbul, par l’envoyé de l’ambassadeur russe, escorté par Piotr Andreïevitch Tolstoï, arrière-grand-père de l’écrivain Léon Tolstoï. En 1717, Abraham Hannibal est envoyé en France, afin d’y poursuivre son éducation dans les arts, les sciences et la guerre. Là, il apprend plusieurs langues et révèle de grandes dispositions dans les mathématiques, notamment en géométrie. En 1720, il étudie à l’école d’artillerie de La Fère (Aisne) et y obtient le brevet d’ingénieur du roi. Il combat dans les armées de Louis XV contre celles de l’oncle de celui-ci, Philippe V d’Espagne et reçoit le grade de capitaine. C’est durant ce séjour qu’il adopte son nom en l’honneur du général carthaginois Hannibal. À Paris, il se lie d’amitié avec plusieurs figures des Lumières, qu’il s’agisse de Montesquieu ou de Voltaire. Voltaire appelle alors Hannibal l’« étoile noire des Lumières ». Parmi sa progéniture, son fils aîné d’Abraham Hannibal, Ivan (1735-1801), devenu officier de marine accompli, il fonde la ville de Kherson en 1779 pour le compte du prince Potemkine et est élevé au grade de général en chef (1798), le deuxième grade le plus élevé en Russie; un autre fils, Ossip fondera le domaine Pouchkine, son petit-fils sera l’auteur russe en question.
https://www.medias-presse.info/exclusif-ukraine-les-donnees-de-700-mercenaires-etrangers-rendues-publiques/155342/
N’est il pas surprenant de voir une partie de la droite nationaliste française ou européenne se battre au coté des jihadistes de l’Etat islamique, des Turcs des Loups gris pour défendre le régime Zelensky, largement inféodé aux Etats unis?
Le combat identitaire de la Russie éternelle ? Que d’illusions, que d’illusions !
Les Ukrainiens ont fini par comprendre que l’étatisme moscovite était le socle constant de leurs malheurs, et de celui de tous les peuples issus de la Rus’ de Kiev, et sous tous les régimes. Les magouilles occidentales sont secondaires par rapport à ce fait massif, qui est la vie d’un peuple.
Quand au milieu d’origine des Marx, Trotsky, Yehuda dit Yagoda, Kamenev, Ilya Ehrenburg ou Vladimir Eidelstein dit Jirinovsky, il n’est ni ukrainien ni russe.
Notez que cette « opération spéciale » n’a aucune raison d’être puisque Poutine et Medvedev l’ont dit : les Ukrainiens n’existent pas, sinon comme Nazis. Ce sont des Russes au même titre que les Tchétchènes, les Tatars, les Caréliens, les Yakoutes ou les Circassiens, tous peuples soumis au Grand Frère, qui n’ont (pas encore) la chance de se libérer du carcan moscovite et de son messianisme anethnique.
Cela dit, il est bien agréable pour nous, nationalistes, de se venger par Ukrainiens interposés, de nos échecs politiques et de notre impuissance sociétale. Alain Soral, qui n’est pas des nôtres, en est à espérer l’apocalypse atomique sur la France. On ne peut pas être et avoir été.
Complément : peuples européens de la Rus’ de Kiev passés, progressivement, sous la coupe de la principauté de Moscou vassale de la Horde mongole. Le nom de Russie apparaît tardivement, par confiscation, pour désigner la Moscovie. Il y eut aussi une autre Russie, celle de Novgorod, exterminée sous Ivan IV.
Prussien, un bien drôle adjectif pour qualifier Karl MARX. Ukrainien, un bien drôle d’adjectif pour qualifier TROTSKY (BRONSTEIN) et KAGANOVITCH (Lazare de son prénom) !
Cher Momo… Cher Yermak…
A une époque ou tout prétexte est bon pour interdire un site internet, il n’est pas interdit de tabler sur l’intelligence de ses lecteurs.
Qui ignore l’origine ethnique de Marx ? Et quand on site Davidovitch ou Lazarre, est-il nécessaire de préciser ?
Quand on s’exprime dans le cadre de « Jeune Nation », on s’adresse à des lecteurs disposant d’une certaine culture.
Et on en tient compte !
Sauf que ce n’est même pas tant une guerre entre Slaves qu’une guerre entre Occidentaux, on ne va pas tarder s’en rendre compte.
Petit conseil à Poutine, le mois de septembre est un très bon mois pour attaquer la Pologne, je me souviens que la dernière fois, ça s’est très bien passé, bon, bien entendu, il faut avoir un plan, mais en attaquant de Kaliningrad, de Biélorussie et d’Ukraine en même temps, ça doit être faisable dans les temps.
Quand nous parlons des élites russes des XVIIIe et XIXe siècles jusque vers 1914, nous ne considérons pas le peuple dans sa réalité sociale et ethnique, encore moins les peuples. On ne peut être et avoir été, et Poutine nous fait un réchauffé de nationalisme chauvin qu’aucun stalinien des années 1960 n’aurait eu l’indécence de mettre en scène. (Les USA aussi ont bien changé : mort de l’hémisphère blanc ?)
Fin XIXe, les Russes faisaient le meilleur accueil aux poèmes de Mickiewicz. Tout passe : les pesanteurs administratives, le laisser-aller, y compris dans l’armée (dont le pouvoir s’est toujours méfié, de peur qu’elle ne devienne un acteur politique et éthique), et la servilité de l’Eglise orthodoxe du Patriarcat de Moscou (réactivé sous Staline et encensé par Poutine), tout cela a déterminé profondément l’absence de vie civique russe. A contrario l’extension médiévale du Droit de Magdebourg aux villes d’Ukraine (Lodomérie, Galicie) et de Bélarus (la « Rus’ lituanique ») les a fait entrer de plain-pied dans la culture politique européenne, tout comme, bien plus tôt, le développement des Fraternités orthodoxes dans ces mêmes régions non moscovites. A quoi s’ajoute pour l’Ukraine l’organisation des Slobodes ou « Libres » de Kharkiv.
Pour parler clair, ce qui est parfois s bien difficile, les patriotes et nationalistes français ou simplement les gens de Droite, et d’autres (je parle de ceux qui ne sont pas rémunérés par Moscou) qui soutiennent l’action de V. Poutine le font pour de mauvaises raisons :
– parce que Zelensky est juif : c’est une raison suffisante pour anéantir l’Ukraine (qui, nous dit Poutine, n’existe pas et, surtout, ne doit plus exister). On préfère Eidelstein-Jirinovsky et la politique de russianisation universelle du Kremlin. C’est un peu court.
– parce le monde occidental US-centré semble s’opposer au Kremlin (ce qu’il fait péniblement au bout de trois mois et avec parcimonie). Mais on relève beaucoup d’analogies de fond.
– parce que la Russie paraît combattre pour les « valeurs traditionnelles » et le bien de la population, ce qui est une farce : ruine du système social, instrumentalisation du Patriarcat, corruption institutionnelle, turn-over des oligarques cosmopolites, ruine des voie de communication, location de la Sibérie à la Chine, turcisation de la Sibérie, censure généralisée, etc.
– parce que les Russes donnent un spectacle de force, qu’ils ont des fusées et des canons, et aucun scrupule. Parce qu’à leur tête se trouve un super-De Gaulle ou, pour certains, un nouveau-Führer, brutal, implacable, omniscient, stratège, grand géopoliticien, etc. (mais issu du KGB, carrière faite en Allemagne rééduquée, et communiste).
– parce qu’il affirme la primauté de l’Etat, étant aussi hyper-souverainiste (pas pour les Etats qui l’entourent).
– parce que les clichés sur la Russie nés avant 1914 ont toujours cours en France, surtout à Droite où l’on fonctionne trop souvent par clichés.
– et même (!), pour d’aucuns, parce qu’il est antifasciste et combat les Ukro-nazis, comme Staline en son temps. Parce que le Ukrainiens sont par nature des Nazis et des « Bandéristes » (Moreau, Soral, Guigue, Meyssan, et la clique).
C’est une occasion pour des Droites qui échouent régulièrement depuis soixante-quinze ans chez elles de se venger de leurs échecs à domicile. Glorieuse compensation.
V. Poutine vient de donner une magnifique occasion aux Occidentaux de se refaire une santé.
Quant à l’Ukraine, elle existe, et ça perturbe. La Turquie se frotte les mains, la Chine observe, etc.
Monsieur Yermak…
Votre erreur consiste tout simplement à oublier la FRANCE !
Vous vous demandez qui a raison entre la Russie et l’Ukraine, mais l’idée ne vous vient pas de vous demander qui a raison en FRANCE !
Alors que l’occupation a reculé en Allemagne, en Pologne, en Hongrie et dans les ex satellites soviétiques, qui nous impose encore l’OTAN, bars armé de l’Amérique, pas les Russes, semble-t-il ?
Qui, par ses films, ses séries, sa propagande, nous impose « l’american way of life » et ses moeurs décadentes ? Qui nous impose la gay pride et le wokisme, la Russie ou les USA ?
Qui se permet de choisir à notre place nos hommes politiques, de les formater pour détruire notre nation et de favoriser leurs carrières ? La « french américan foundation » et ses Young leaders, tels Sarkozy, Hollande, Macron et Pécresse, est -elle Russe ou Américaine ?
Georges Soros et ses ONG « no borders » qui favorisent le déferlement migratoire est-il Russe ou Américain ?
Alors, je me range contre ceux qui occupent mon pays et s’acharnent à le détruire.
Et il se trouve – ce qui semble vous échapper ! – que les Russes combattent le même adversaire.
M. Le Perlier
Vous avez parfaitement raison : nous sommes sous une influence pernicieuse, et depuis longtemps, et les Etats-Unis sont l’un des centres de diffusion de l’idéologie qui nous tue. Il n’en reste pas moins que la France, personne morale et individu historique, porte une très lourde responsabilité dans ses propres maux, et depuis plusieurs siècles. Sa réceptivité aux idées mondialistes ne date pas d’hier.
Le peuple ukrainien n’y est pour rien, qui a subi l’une des pires formes de mondialisme, l’idéal soviétique de la « fusion », slijanie, et de la russification (celle-là commencée depuis au moins le XVIIe siècle).
Le régime actuel de la Russie ne défend pas un peuple mais une idée, celle d’une Russie anethnique au service d’un Etat totalitaire (que la situation française indiffère quand il ne cherche pas à en tirer avantage par ‘proxis’ interposés).
Le contraire de l’erreur n’est pas la vérité, si tant est qu’il y ait vérité en histoire.
Parce que nous sommes impuissants chez nous à nous libérer de ce que la France est devenue, parce que nous sommes en voie d’extinction, nous devrions assister indifférents à la suppression d’un peuple ? Entériner les déclarations nettes et précises de Sergueytsev et de de Medvedev sur la « rééducation » des Ukrainiens ? et autres plans néo-soviétiques ? Voire nous en réjouir ?
Il y a toujours un moment où les intérêts des peuples se heurtent aux logiques étatistes, et font l’objet de toutes sortes de sollicitations contradictoires. Mais sur le long terme, ce qui compte c’est le salut de la nature du peuple, comme le disait Jean-Maris Gantois. Les Etats passent.
Les Ukrainiens sont une nation, et un peuple européen, globalement bien plus patriotes que ce qu’il reste de « Français ». Ils sont un exemple de résistance à l’oppression, comme les Polonais et les Hongrois au XIXe siècle.
La France ne se redressera pas en s’illusionnant sur Poutine et sa clique, dont il n’y a rien à attendre, ni stratégiquement ni moralement, ni les Nationaux en se battant par Ukraine interposée.
(Ou alors, soutenons à fond la Chine, me glisse un mauvais esprit.)
Voyons dans le peuple ukrainien un exemple tragique de libération nationale, continuons d’aimer la Russie pour d’autres raisons que ce qu’elle fait chez les autres.
Monsieur Yermak,
Je ne puis que saluer le haut niveau auquel vous hissez notre différend de même que la solidité de certains de vos arguments.
Cependant, analyser sur le plan du sentiment ou de la morale le cas de l’Ukraine reste à mes yeux du niveau d’une conversation de comptoir, voire de salon distingué, selon le niveau des arguments.
Sujet intéressant, certes, mais à condition de ne pas en transposer les critères d’appréciation au niveau de la politique, laquelle n’a que faire de la morale ni du sentiment qui restent des préoccupations de midinettes.
Je maintiens, pour cette raison, qu’on ne choisit pas ses ennemis mais que les circonstances géopolitiques les imposent.
– Qui occupe l’Europe de l’Ouest depuis 1945 ? Les Américains !
– Qui nous impose un véritable génocide par remplacement ? Les Américains !
– Qui se permet de sélectionner, de conditionner, de favoriser la carrière des hommes politiques qui nous trahissent au bénéfice de l’oligarchie financière mondialiste ? Les Américains !
– Qui est à l’origine des dépravations qui corrompent les moeurs de nos enfants dès leur plus jeune âge ? Les Américains !
Et qui, quelle que soit la raison, est l’ennemi de notre ennemi ? Les Russes !
Leur combat est donc le mien !
Et j’ajouterai que, si vous avez raisons de souligner que trop de Français son réceptifs au « idées mondialistes », il y eut de tous temps des hommes lucides pour les combattre.
Ceux auxquels cette « Lettre de Jeune Nation » donne la parole.
Et je les en remercie au nom de tous mes camarades.
M. Le Perlier
Je ne me place pas sur le terrain de la morale ni du sentiment, qui sont pourtant, le second surtout, de puissants moteurs de l’action.
La politique amorale et dépourvue de sentiments ne se fait certes pas au café ni chez les midinettes (lesquelles ont souvent plus de bon sens que les élites supposées instruites). Mais elle se révèle pour ce qu’elle est : simple rapport de forces mécaniques qui obéissent à une pseudo-rationalité, toujours déjouée par les faits. Et il ne s’agit même pas d’une alliance de revers militaire. Les raisons par lesquelles Poutine enveloppe son agression sont des fadaises pseudo-historiques. Restent les faits bruts : le désir de revanche d’un kagébiste malade de la perte de l’URSS et, à travers elle, d’un Empire russe à l’histoire réécrite (mais pourquoi pas si ça lui chante). Cette réalité superficielle cache des évolutions bien plus profondes, quasi biologiques, celles qui tendent au bouleversement et au renouvellement permanent des systèmes politiques et des sociétés. Les peuples en sont l’un des acteurs, bien au delà des calculs politiques.
Moscou pourrait bien raser dix villes ukrainiennes, cela n’empêcherait pas une seule Gay pride à Paris, à Bruxelles ou à Rome. Il se trouverait encore des nationalistes français pour applaudir, mais pas tous sans doute.
On ne peut réduire les Etats-Unis à un corps social unanime : on y est encore plus libre qu’ici de protester et de s’organiser. Mais ce n’est pas notre culture politique. La France a elle-même sécrété son universalisme, et en paye le prix, notamment en matière d’immigration. Ce qui nous arrive, ce n’est pas toujours la faute d’un autre.
Mais nous ne trouverons en Russie ni alliés sincères ni projet : nous ne valons pas plus pour l’équipe du Kremlin que les autres Occidentaux. Le régime actuel de la Russie n’a rien à offrir. Quand à l’Ukraine, nous pouvons la dédaigner parce qu’elle n’a pas le poids que l’on prête à la Russie. Mais c’est elle qui, depuis l’étude magistrale d’Ivan Dziuba « Internationalisme ou russification », paru en 1980 et négligé par « nos » politiques, montre, difficilement et au prix de contradictions qui sont à l’image de la vie, le chemin de l’émancipation.
Les Ukrainiens éprouvent maintenant pleinement ce qu’est d’être un peuple. Si les patriotes français les avaient soutenus dès le début, et les soutenaient, ils ne se sentiraient pas rejetés vers les USA, l’OTAN ou autres.
Ce n’est pas la Russie qui portera un coup à l’ordre politique mondial, qui s’accommode très bien d’elle depuis trente ans, c’est la Chine. La bipolarité USA-Russie ne tient pas (si la Russie avait un projet de rénovation européenne, on pourrait le regretter). Autre sujet…
C’est bien de pouvoir discuter de ces sujets dans des espaces libres comme celui-ci (il y en a de moins en moins). En Russie, c’est désormais impossible, et beaucoup de patriotes russes sont en exil, l' »opération spéciale » fournissant une occasion idéale d’élargir le spectre des « ennemis du peuple ».
Autre sujet : vous avez insisté, je l’ai lu ici et dans le courrier de Rivarol, qu’un gain politique n’est possible que s’il est précédé d’un travail de l’opinion publique (les exemples tragiques des soixante dernières années ne manquant pas). J’aimerais bien lire un développement sur ce thème.
Cordialement,
‘Yermak’-Henriot