Trait d’union ou pas trait d’union telle est la question. Cela semble pourtant bien anecdotique, mais à un siècle d’écart, les Juifs ont fait éclater dans la presse anglophone deux affaires de trait d’union : American-Jews à la fin du XIXe et Anti-Semitism aujourd’hui.
L’Algemeiner est un journal qui a son siège à New York et qui couvre les nouvelles américaines ou internationales qui sont liées aux Juifs ou à Israël.
Ce journal vient de publier un article pour annoncer triomphalement que l’Associated Press venait de céder aux injonctions d’« éminents experts» et ne mettra plus de trait d’union pour séparer « anti » de « Semitism », « Semitism » perdant d’ailleurs au passage sa majuscule.
devient :
En tête des éminents experts en question on trouve l’incontournable professeur Deborah Lipstadt. Pour elle, ce trait d’union, cet « Hyphen » comme ils disent en anglais veut dire beaucoup, et d’abord, il est trompeur, car il semble faire allusion à une haine des Sémites alors que c’est une haine des Juifs, la suppression du trait d’union est censée éviter la confusion.
Pourquoi ? Parce que la graphie Antisemitism ressemble mieux au mot d’origine inventé en 1879 par l’écrivain allemand d’extrême droite Wilhelm Marr : Anitsemitismus. Cet auteur pensait que les Juifs constituaient une race et non un simple peuple, enlever le trait d’union signifie donc retrouver le caractère raciste de l’antisémitisme.
À noter qu’en Allemagne en 1879, faisait rage dans les milieux universitaires la controverse dite justement des Antisemitismusstreit, l’équivalent outre-rhin à la même époque de notre affaire Dreyfus ou en Russie du protocole des Sages de Sion. La controverse opposait notamment Theodor Mommsen, philosémite, comme par hasard deuxième prix Nobel de littérature alors que c’est un historien et pas un écrivain, à Heinrich von Treitschke, antisémite, historien également, mais qui lui, comme par hasard aussi, n’a pas eu le prix Nobel.
Le deuxième « éminent expert » cité par l’Algemeiner est l’historien de l’holocauste Yehuda Bauer qui note que la construction du mot anti-Semitism est absurde puisqu’il n’existe rien de tel que le Semitism. Ah bon.
Enfin, de son côté, l’International Holocaust Remembrance Alliance estime que le trait d’union, en venant isoler Semitism semble valider une classification des humains par race.
Le problème de toutes ces arguties autour d’un trait d’union, c’est qu’elles ne sont pas sans rappeler ce qui pour Ernest Renan serait une constante du caractère juif :
« La moralité elle-même fut toujours entendue par cette race d’une manière fort différente de la nôtre. Le Sémite ne connaît guère de devoirs qu’envers lui-même. Poursuivre sa vengeance, revendiquer ce qu’il croit être son droit, est à ses yeux une sorte d’obligation ».
Or, une telle constance de comportement dans le temps aurait justement tendance à faire penser à une race, d’autant que pour le trait d’union, ils ont déjà fait le coup à la fin du XIXe.
Les éminents experts d’alors, faisaient des pieds et des mains pour qu’on n’écrive pas American-Jews mais American Jews. Ils ne voulaient pas être un « hyphenated American Group », une minorité à trait d’union. [Naomi W.Cohen Jacob Schiff, a study in American Jewish Leadership, p190], c’est-à-dire une minorité arrivée là comme un cheveu sur la soupe. Le trait d’union faisaient-ils valoir à l’époque pourraient laisser croire que les Juifs en Amérique avaient une double allégeance politique (et pourtant, à l’époque, Israël n’existait pas encore !).
Jacob Schiff, un Allemand Juif devenu un Américain Juif, une sorte d’American-German-Jew donc, disait : « God forbid that we permit a hyphen to be placed between Jew and American » « Que Dieu nous garde de laisser un trait d’union s’interposer entre Juif et Américain » [Naomi W.Cohen Jacob Schiff, a study in American Jewish Leadership, p199].
Bref, il n’y a pas de sémitisme, mais un lobby qui n’existe pas arrive tout de même à faire changer l’orthographe des mots qui ne lui conviennent pas.
Source :
On etait donc , en France, pour une fois, en avance sur les yankees, puisque on ne met pas de trait d’union.
Faut dire que dans ce domaine, la République judéo maconnique se defend bien.