Depuis des décennies, le monde entier cherche une solution au conflit israélo-palestinien. Deux États ? Un rêve mort-né. Un État binational ? Une illusion dangereuse. Le statu quo ? La guerre sans fin, l’apartheid et l’humiliation quotidienne d’un peuple entier. Pourtant, une solution existe, simple, pacifique et historique : Birobidjan.
Commençons par la fameuse « solution à deux États », mantra des chancelleries occidentales depuis Oslo. Cette idée suppose qu’Israël accepterait de céder un véritable État souverain aux Palestiniens sur moins de 22 % de la Palestine historique, alors même qu’il continue chaque jour de grignoter ces lambeaux de territoire avec ses colonies. La vérité est crue : Israël n’a jamais eu l’intention de permettre un État palestinien viable. Tout le processus d’Oslo n’était qu’une mise en scène pour gagner du temps, étendre les colonies et créer des « bantoustans » sans continuité territoriale ni autonomie réelle. La solution à deux États est donc utopique, non pas par manque de volonté palestinienne, mais parce qu’elle va à l’encontre de l’essence même du projet sioniste : la maîtrise exclusive de la terre entre le Jourdain et la mer.
Face à cet échec évident, certains proposent un État unique, égalitaire et démocratique, où Juifs et Palestiniens auraient les mêmes droits. Sur le papier, l’idée est belle, mais comme toujours, ce rêve humaniste se fracasse sur la réalité coloniale. Le sionisme n’a jamais eu pour projet de vivre avec les Palestiniens, mais de les remplacer. Israël est fondé sur un exclusivisme ethno-religieux et sur l’idée d’une majorité juive garantie. Dans un État unique, la majorité deviendrait rapidement palestinienne, rendant impossible le maintien du caractère juif exclusif de l’État. Et au-delà des chiffres, il y a les crimes : un siècle de colonisation, d’expulsions, de massacres et d’apartheid ne disparaît pas sous prétexte d’un drapeau commun. Aucun peuple digne n’accepterait de vivre « en paix » avec ses bourreaux sans justice, sans reconnaissance, sans restitution. Enfin, même si un tel État était proclamé, l’armée, l’économie, la haute administration et tous les leviers de pouvoir resteraient sous contrôle israélien. Ce serait simplement un colonialisme maquillé en démocratie.
Alors, que reste-t-il ? Une solution radicale, oubliée, mais réaliste : Birobidjan.
Qui se souvient encore de Birobidjan ? Dans les années 1930, l’Union Soviétique, sous Staline, créa à la frontière chinoise un territoire autonome juif, l’Oblast autonome juif de Birobidjan. L’idée était d’offrir aux Juifs un foyer national sans coloniser la Palestine. À son apogée, Birobidjan comptait environ 30 000 habitants juifs, avec des écoles, des journaux et des théâtres en yiddish. Aujourd’hui encore, ce territoire existe officiellement au sein de la Fédération de Russie, même si sa population juive a fortement diminué après l’effondrement de l’URSS et l’émigration vers Israël.
Pourquoi personne n’en parle ? Parce que Birobidjan est la preuve vivante qu’il existait, et qu’il existe toujours, une solution territoriale qui ne passe pas par la spoliation d’un autre peuple. C’est un territoire immense, sous-peuplé, où aucun Palestinien n’a besoin d’être expulsé, et où ceux qui veulent un État juif peuvent s’installer sans violence ni apartheid.
Mais évidemment, les sionistes refuseront toujours une telle solution, ils crieront à l’antisémitisme, comme toujours. Il y a une raison profonde à ce refus : les motivations bibliques du sionisme. Pour les sionistes religieux comme pour une partie des sionistes laïcs, la Palestine n’est pas un simple lieu d’installation, c’est une terre mythologique, présentée comme donnée par Dieu au « peuple élu ». Cette dimension messianique et eschatologique, même chez les laïcs, imprègne toute l’idéologie sioniste. Ce n’est pas simplement un refuge qu’ils cherchent, mais la possession exclusive d’une terre considérée comme sacrée, où leur domination serait légitime par essence, indépendamment de toute réalité historique, archéologique ou morale. Ainsi, Birobidjan, pourtant juridiquement et géographiquement possible, ne peut rivaliser avec ce mythe biblique qui justifie à leurs yeux toutes les violences et toutes les injustices commises.
Alors pourquoi refuser ? Parce qu’ils ne cherchent pas un simple État, mais la réalisation d’une prophétie, la domination d’une terre qui ne leur appartient pas, coûte que coûte, par le fer et par le sang. Ils veulent vivre à la place d’un autre peuple, sur ses ruines, et non simplement quelque part, en paix.
Bien au contraire, Birobidjan leur offre un État, un territoire reconnu, un foyer national légitime, sans voler la terre d’un autre peuple.
Certains diront que c’est utopique, non, ce qui est réellement utopique, c’est de croire qu’un État fondé sur la dépossession et l’apartheid pourra vivre éternellement en paix. L’Histoire est formelle : aucun colonialisme n’est éternel et la seule véritable paix sera la fin de l’occupation et la libération complète de la Palestine.
Birobidjan prouve que le sionisme n’avait pas besoin de la Palestine pour exister, mais admettre cette vérité détruirait tout le récit messianique et victimiste qui justifie aujourd’hui l’occupation, l’apartheid et les massacres. Voilà pourquoi cette solution est interdite, tuée dans l’œuf par ceux qui ont choisi la guerre perpétuelle.
Il existe une terre pour les Juifs, elle s’appelle Birobidjan, il existe une terre pour les Palestiniens, elle s’appelle la Palestine. Toute autre solution n’est que compromission et injustice. Birobidjan, c’est la paix véritable, reste à savoir si le monde aura un jour le courage de l’imposer.