On pourrait s’étonner de ce que le camp de Saint-Paul-d’Eyjeaux dans la Haute-Vienne, à 35 km d’Oradour-Sur-Glane ne soit pas plus connu. Après tout, ce camp a tout pour être classé dans les hauts lieux de la mémoire du «vichysme» puisque c’est là qu’étaient détenus les opposants au régime et qu’il a aussi servi de camp de transit vers Drancy pour quelque 450 Juifs. De plus, cette proximité d’Oradour-Sur-Glane devrait lui donner une éclatante visibilité.
C’est peut-être parce que ce camp, à la libération, a servi à parquer des prisonniers de guerre Allemands, comme c’est reconnu ici sur le site de l’AJPN, le site des Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France.
Et alors? Ce serait une raison de plus, quel retournement de situation, quelle occasion de montrer la différence entre un « camp du mal » désormais devenu un « camp du bien » : le jour et la nuit.
Le problème qu’on peut soupçonner, c’est que peut-être, la situation humanitaire dans le « camp du bien » était pire, en réalité à une échelle bien plus catastrophique, que celle dans le «camp du mal», et que c’est pour ça qu’on préfère ne pas s’étendre sur le sujet, ne pas trop interroger les anciens du village.
Dans le livre de Claus Nordbruch, Der deutsche Aderlass, paru en 2001 on trouve en légende d’une photo le petit texte intéressant suivant :
Au camp de Saint-Paul d’Eyjeaux 17 000 détenus livrés aux Français par les Américains sont morts dans les quelques semaines qui ont suivi leur arrivée.
Naturellement, il est difficile de croire à ce chiffre, tous les arguments révisionnistes s’appliquent en sa défaveur: la taille du camp n’aurait pas permis d’accueillir autant de personnes – même simplement placés à l’air libre – où sont les cadavres, à quels travaux auraient bien pu être employés à cet endroit autant de gens, quelles sont les sources de l’auteur pour arriver à un tel chiffre et ainsi de suite.
Néanmoins, le silence de cette vidéo récente de FR3, qui évoque pourtant les recherches d’une association dans ce village est très louche. FR3 ne donne pas les noms des « chercheurs » mais ce n’est pas difficile de voir qui ils sont, le nom de l’association n’est pas donné non plus, mais c’est sans doute justement l’AJPN. Un des chercheurs dit : « on écrit tout en France », il ne dit pas « on écrit tout dans notre pays » … Forcément.
FR3 parle d’une mémoire encombrante, d’une page sombre de l’histoire française longtemps occultée et difficile à assumer : elle ne croit peut-être pas si bien dire, si vraiment il y a eu à cet endroit une petite catastrophe humanitaire avec les prisonniers de guerre Allemands après la libération, cela pourrait singulièrement gêner, ternir la commémoration d’Oradour-Sur- Glane chaque 10 juin.
La vidéo de FR3 a quand même un mérite, à la vingtième seconde, il est dit que «la camp sera libéré par les maquisards», or, nous sommes à 35 kilomètres d’Oradour où on nous dit qu’il n’y avait pas un résistant, pas un communiste…
En attendant, le chiffre de 17 000 Allemands morts à Saint-Paul-d’Eyjeaux circule en Allemagne, et c’est peut-être justement pour faire contrepoids à Oradour, ci-dessous, copie du passage de la version anglaise du livre :
Donc un camp libéré par les maquisards à 35 km d’Oradour où il n’y avait pas, nous dit-on, un seul communiste : un commentaire Vincent?