En politique, il y a généralement deux visions qui sont majoritaires. L’un est l’opportuniste, il change d’avis au gré des circonstances politiques, des tendances, crises et surtout au gré de la répression. De l’autre côté l’idéaliste, qui poursuit avec ses idées peu importe les évènements de sa vie et même lorsque que ces idées se heurtent au réel. D’un côté l’idéaliste et de l’autre l’opportuniste. Ces deux extrêmes ont chacun leurs avantages et défauts. L’un peut s’entêter dans certaines illusions et ne pas faire preuve de recul critique de ses positions. Tandis que l’autre finit par être dépendant du bon vouloir des forces politiques dominantes sans qu’il est son mot à dire, car il n’a pas gagné la légitimité du temps et de l’honnêteté. Il y a un autre cas de figure qui est d’allier les qualités de chacun et qui souvent est moteur dans la doctrine politique. Celui qui est au juste milieu, qui est aussi le plus humble en quelque sorte, car il sait se remettre en question et c même si cela change radicalement sa pensée initiale.
En France ce phénomène s’est illustré de manière assez fréquente dans le spectre politique. Il a même donné naissance à l’appellation « rouge-brun », désignant un individu qui avaient sympathies communistes et de gauche radicale pour ensuite évoluer vers des tendances patriotiques, nationalistes voir fascistes et /ou national-socialistes. Ce phénomène se manifesta sur différentes périodes de manière plus ou moins importante. En récapitulatif on peut citer :
- La période de « La Commune de Paris » où plusieurs communards de gauche radicale sous l’influence notamment du célèbre Édouard Adolphe Drumont ont intégré la question juive et sont même allés plus loin en intégrant la question raciale à leur ligne politique.
- Un autre est advenu avec les visites de sympathisants communistes en URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques). Ces voyages aura ouvert les yeux de plus d’un sur les horreurs du communisme appliqué.
- La période suivante avec l’émergence du Front National de Jean-Marie Le Pen qui précédera celle de la période « E&R », « Égalité & Réconciliation », du militant Alain Soral, partisan de la formule « Gauche du travail, Droite des valeurs » qui accompagnera beaucoup de militants de gauche dans leurs transitions politiques vers le patriotisme et/ou le nationalisme. Cet Alain Soral, lui-même ancien militant du Parti Communiste Français où il restera quelques années.
On peut également citer des figures particulières :
- Marcel Déat, militant SFIO et même antifasciste, qui deviendra l’un des fondateurs du Rassemblement National Populaire, partisan d’une saine coopération avec l’Allemagne national-socialiste.
- Jacques Doriot, militant communiste qui évoluera vers le fascisme en raison des désillusions qu’il vivra auprès des communistes.
- Dans un temps plus rapproché du notre, on peut évoquer Jean-Claude Michéa, ancien militant communiste qui dénonça par la suite l’abandon du peuple de la part de la gauche qui s’est tourné vers des valeurs libérales et libertaires.
- Un autre exemple est le journaliste Pío Moa, qui fut un opposant farouche au franquisme, y compris par des moyens violents à travers l’organisation terroriste GRAPO (Groupe de Résistance Antifasciste du Premier Octobre) qui organisa plusieurs opérations terroristes. Aujourd’hui il défend le régime de Franco contre les calomnies qui le visent depuis bon nombre d’années.
Le cas présenté aujourd’hui est celui d’un militant politique passé du Trotskysme au National-Socialisme et il est issu de la deuxième période. Cet individu n’est autre qu’un certain René Binet, dont le parcours est l’exemple type d’un gauchiste devenu fasciste.

Il naît le 16 octobre 1913 sous le nom de René Valentin Binet à Darnétal en Seine-Maritime. Au lycée, il commence à militer dans la mouvance communiste après un voyage en URSS. Ce voyage lui vaudra d’ailleurs une exclusion de son lycée et sa vie connaîtra d’autres épisodes où ses idées lui vaudront des sanctions d’exclusion. En 1929, il rejoint à l’âge de 16 ans la Jeunesse communiste Française et devient le secrétaire général de la section du Havre. Il en est exclu 5 ans plus tard en 1934 suite à son soutien de Jacques Doriot qui voulait un rapprochement avec les socialistes qui sera réalisé plus tard avec le Front Populaire.
Après cela, il se rapproche de la Quatrième Internationale, fondé par Léon Trotski après la stalinisation de la IIIᵉ Internationale. Avec lui, Pierre Frank et Raymond Molinier se réuniront autour du journal « La Commune » et en mars 1936 il fonde avec ses deux mêmes acolytes le Parti Communiste Internationaliste , où il est élu au comité central. De plus René Binet milite en parallèle dans le milieu syndical avec la CGT (Confédération Générale du Travail), et est membre du conseil syndicat des salariés du Havre avant d’en être exclu en 1937 pour opposition à l’arbitrage interne.
Malgré ces différentes exclusions, il réussit à fédérer autour de lui un groupe de sympathisants d’environ 10 à 15 personnes ce qui représentait par rapport aux implantations provinciales du PCI une réussite remarquable. Le groupe fait paraître l’organe local « Le Prolétaire du Havre » à partir de 1938.
En 1938 le PCI se dissout pour fusionner avec le Parti Socialiste Ouvrier et Paysan PSOP. René Binet refusa ce choix et quitta le groupe pour se concentre sur son propre journal « Le Prolétaire du Havre ». Il envoya par la suite un observateur au 3ᵉ Congrès du Parti Ouvrier Internationaliste (POI), organisation rivale du PCI, dirigée par Pierre Naville et Jean Rous.
Par ces exclusions, René Binet a un parcours quelque peu similaire à Jacques Doriot. En effet les deux sont issus de milieux communistes radicaux et son exclu en raison de leur indépendance.
Au mois de mars de l’année 1939, il fait paraître avec sa femme, dans « La Vérité » édité par des anciens militants du Parti Communiste Internationaliste, un article plutôt bien documenté sur l’industrie pétrolière de la Basse-Seine.
En août 1939, peu de temps avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, René Binet est arrêté pour avoir diffusé des textes de nature pacifiste. Il avait écrit ce texte : « La patrie bourgeoise est en danger ? Qu’il meure » ! Il est enrôlé dans l’armée en mai 1940 et est peu de temps après fait prisonnier par les Allemands.
Durant la période de l’occupation, René Binet va opérer un changement de doctrine radical. En 1943 il s’inscrit au STO (Service de Travail Obligatoire) et en parallèle, en avril de la même année, le Comité Communiste Internationaliste communiste fit paraître une « mise garde » contre René Binet qui devenait un danger très sérieux pour eux. En effet, comme l’explique Boris Le Lay, la chose qui fait le plus peur à l’extrême gauche n’est pas le libéral capitaliste qui est un adversaire indispensable à son existence. Non, ce qui fait plus peur à l’extrême gauche c’est le social-nationaliste qui, lui, propose des solutions concrètes et efficaces à la sauvagerie capitaliste, car ces solutions s’attaquent à la racine du problème. Comme le dit Pierre Avenel dans le film anti-maçonnique « Forces Occultes », de droite à gauche le parlement ne représente que la corruption, d’un côté les capitalistes qui poussent le peuple à la misère et de l’autre côté les communistes qui exploitent la misère du peuple voulue par les capitalistes. L’un et l’autre ne sont que les deux faces d’une même pièce qu’est la démocratie qui divise le peuple pour mieux l’asservir.
Afin de combattre le bolchevisme, René Binet rejoint, en janvier 1944, la Légion des Volontaires Français et par la suite sert comme sergent-chef au sein de la Division Charlemagne, unité Waffen SS. Le 3 Janvier 1945, il se fait passer pour un évadé de camps allemands, se rend aux Américains et est extradé en France.
Par la suite il passera 6 mois en prison pour avoir servi dans une armée étrangère et après sa libération il repris une activité militante. En 1946 notamment, il reprend la revue « Le Combattant Européen » lancé initialement en 1942 par Marc Augier surnommé « Saint Loup ». Cette revue servait d’organe clandestin au Parti Républicain d’Unité Populaire, composé d’anciens et fondé par René Binet et sa femme ce qui leur vaudra une arrestation en 1946 relaté par France-Soir qui nommera le groupe « Vervolf Français ». Dans son journal il a développé plusieurs projets pour l’avènement d’une Europe nationaliste. L’une d’entre elles est d’appeler à l’union d’anciens communistes et d’anciens Waffen SS pour lutter contre l’invasion de « nègres et de mongols » en Europe afin de construire la nation européenne.
Celui-ci fusionnera avec les Forces Françaises Révolutionnaires en 1947 pour devenir en 1948 le Mouvement socialiste d’unité française – MSUF ; parmi ceux qui le fréquenteront un jeune homme, ancien membre du parti Franciste et pas des moindres : Pierre Sidos.
Durant la période du MSUF, René Binet développera d’excellente relations internationales, il recevra de l’aide pour son parti de la part de l’Argentine alors sous la présidence de Juan Perón, visitera l’Espagne de Franco et la Yougoslavie de Tito qu’il surnommera le « Doriot slave » et entretiendra d’excellente relations avec les portes-paroles de l’ambassade de l’Égypte ainsi que la Ligue Arabe. De plus il nouera des liens avec le Bruderschaft, une association constitué d’ancien membres SS, fondé en 1949 pour influencer le milieu nationaliste allemand.
Le Mouvement Socialiste d’Unité Français sera finalement interdit par le gouvernement français en 1949 et René Binet rejoindra alors le mouvement Jeune Nation créé cette même année par les frères Sidos.
Il anime également le « Nouveau Prométhée » et participe avec Maurice Bardèche en 1951 à la fondation d’un Mouvement Social Européen – MSE en 1951 à Malmö, une structure visant à unir les nationalistes européens. Défense de l’Occident, de Maurice Bardèche, en sera l’organe officiel mais survivra au mouvement.
Néanmoins, René Binet, accompagné par Gaston-Armand Amaudruz, vont être en désaccord avec le reste du MSE, car deux horizons s’affrontaient en son sein. Le première courant mené par Maurice Bardèche, souhaitait une Europe unie avec une armée européenne, hostile à l’atlantisme et au bolchevisme. Le deuxième, mené par René Binet et Gaston-Armand Amaudruz, souhaitait mettre l’accent sur la défense de la race européenne avant tout.
C’est la vision de Maurice Bardèche qui l’emporte, en conséquence, le duo franco-suisse convoque un autre congrès en septembre de la même 1951 à Zurich pour fonder une organisation conforme à leurs points de vue , le Nouvel Ordre Européen – NOE. L’organisation deviendra une structure de l’Internationale blanche avec différentes sections et mouvements. Pour l’Allemagne, ce sera « Le Bloc Allemand pour l’Allemagne, Parti Socialiste du Reich ». La section française du mouvement sera animé par Pierre Clémenti et le Nouvel Ordre Européen sera également proche de l’organisation espagnole CEDADE (Circuló Español de Amigos de Europa). Le Nouvel Ordre Européen organisera 18 congrès en choisissant à chaque fois une grande ville européenne différente. Ce mouvement est resté très actif jusque dans les années 1980 puis les congrès ne pourront plus être organisés en raison de la répression et de la police de la pensée…
Vers la fin de sa vie René Binet dirigea avec sa femme une maison d’édition le « Comptoire national du livre » et une entreprise dans le bâtiment nommé « Baticoop ».
Il décédera d’un accident de voiture le 16 octobre 1957 jour de son 44e anniversaire.
L’œuvre politique de René Binet est reconnue à travers le monde et le « spécialiste de l’extrême droite » ou plutôt « fachologue », comme l’appelle l’Ami Yvan Benedetti, Nicolas Lebourg, considère que l’influence de René Binet en France est équivalente à celle de Francis Parker Yockey aux États-Unis.
Salut à toi René Valentin Binet.
Ton honneur s’appelait fidélité.
Qui Vive? France !
Bibliographie de René Binet :
- René Binet, militant, Théorie du racisme : XVIIIe – XXe siècle : 1789-1950, Paris,
- (collectif) L’Évolution, l’homme, la race, Paris, Comptoir national du livre, 1952
- Socialisme national contre marxisme, Paris, Comptoir national du livre, 1953 ; rééd. Montréal-Lausanne, Éditions Celtiques, 1978 (préface de Gaston-Armand Amaudruz)
- Contribution à une éthique raciste, Montréal-Lausanne, Éditions Celtiques, 1975 (préface de Gaston-Armand Amaudruz)

































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