La messe est dite. Emmanuel Macron disposera à l’Assemblée nationale d’une majorité absolue pendant les cinq années à venir. Il n’aura même pas besoin du Modem de François Bayrou pour faire voter ses projets de loi, la République en marche disposant à elle seule de plus de trois cents députés. La majorité présidentielle n’obtient certes pas les 400 à 450 élus que lui promettaient les sondages de l’entre-deux-tours (elle a finalement 350 députés dont 42 du Modem) mais le nombre de parlementaires macroniens est suffisamment important pour permettre au chef de l’État de disposer des pleins pouvoirs et de faire voter toutes les réformes qu’il entend mettre en œuvre. L’ex-banquier d’affaires a donc réussi le grand chelem : il a gagné les deux tours de la présidentielle, puis les deux tours des législatives. Un mouvement qui a été créé il y a seulement un an, en avril 2016, dispose désormais de tous les pouvoirs, c’est un phénomène sans précédent sous la Ve République où ce sont toujours des partis anciens, solidement installés, disposant de nombreux notables, qui raflaient jusque-là la majorité des sièges au Palais-Bourbon.
Tout se passe comme si les électeurs s’étaient servis du bulletin La République en marche pour éliminer tous les partis politiques traditionnels. Le Front national et la France insoumise espéraient bénéficier de ce dégagisme. Finalement c’est Macron, et lui seul, qui en a profité. Et c’est tout le paradoxe de la situation présente. Car Macron veut tout changer pour qu’au final rien ne change. Il met à mal la direction des différents partis qui sortent tous considérablement affaiblis de ce scrutin mais la politique que mènera le nouveau président est en tous points celle conduite par ses prédécesseurs. Les grandes orientations européistes, mondialistes libérales, libertaires, dites anti-discriminatoires et antiracistes, immigrationnistes, homosexualistes, féministes seront maintenues et très probablement aggravées. Il ne faut pas perdre de vue que derrière le sourire d’un homme jeune, affable et incontestablement habile, c’est le Système mondialiste qui se reconstitue sur ses bases et se poursuit d’une autre façon. Avec Macron, c’est d’une certaine manière son mentor Jacques Attali qui est à l’Élysée. Or l’on connaît les obsessions idéologiques de ce dernier : immigrationnisme forcené, soumission totale à l’Europe de Bruxelles, atlantisme intégral, promotion de l’euthanasie et de toutes les déviances morales, volonté de détruire le droit et le code du travail pour complaire aux multinationales et ainsi précariser et appauvrir les travailleurs français.
L’abstention qui était déjà très forte au premier tour du scrutin a atteint des records le 18 juin, plus de 57 % des électeurs inscrits s’étant abstenus. Si l’on ajoute à cela un nombre considérable de bulletins blancs et nuls (près de 10 % des votants), on voit bien que l’offre politique actuelle n’a pas suscité l’enthousiasme des masses. Cette forte abstention s’explique d’abord par la lassitude des Français qui étaient appelés aux urnes pour la huitième fois en moins d’un an (deux tours des primaires de la droite et du centre, puis des primaires de la gauche, puis de la présidentielle, puis des législatives). Mais aussi par la certitude que les jeux étaient faits, qu’il n’y avait plus aucun suspense. On a pu cependant observer une évolution des comportements entre les deux tours des législatives. Le 11 juin ce sont les partisans de la République en marche qui s’étaient le plus mobilisés, contrairement aux adversaires du macronisme massivement découragés. C’est d’ailleurs la logique de la Ve République : les électeurs dont le candidat a perdu à la présidentielle boudent volontiers les urnes aux législatives subséquentes, laissant les mains libres au camp du président élu. Au second tour les Français se sont encore davantage abstenus (la participation a baissé de six points d’un dimanche à l’autre, ce qui est considérable) mais la démobilisation a manifestement davantage affecté l’électorat macronien que celui de ses opposants. L’argument des Républicains, des socialistes, des communistes, de la France insoumise, du Front national selon lequel il fallait corriger, rééquilibrer les résultats du premier tour et limiter le triomphe macronien semble avoir partiellement porté.
Les républicains essuient une nette défaite. Alors qu’ils avaient deux cents députés depuis 2012, ils ne seront désormais que 113, ce qui divise leur groupe quasiment par deux. Mais ils font davantage que ce que les études les plus pessimistes leur promettaient (de 50 à 70 élus). Cependant l’avenir s’annonce difficile pour un parti profondément divisé entre les “macronocompatibles” comme Thierry Solère, réélu dans les Hauts-de-Seine, et des élus comme Eric Ciotti ou Nadine Morano, hostiles à toute forme de complaisance envers le gouvernement. La constitution de deux groupes issus de LR n’est donc pas inenvisageable à court ou moyen terme. Comment en effet rassembler dans un même et seul groupe des élus qui voteraient la confiance au gouvernement Philippe après le discours de politique générale du Premier ministre prévu le 4 juillet et des députés qui voteraient la défiance ? Même si Laurent Wauquiez, tenant d’une ligne plutôt droitière, est bien placé pour être élu président du parti lors du congrès prévu cet automne, il aura à faire face à des oppositions non négligeables et il lui sera bien difficile d’incarner un parti rassemblé, unifié et dynamisé.
Le Parti socialiste subit la déroute annoncée. En 1993 il avait sauvé 57 députés lors du raz-de-marée RPR-UDF, cette fois-ci il n’en conserve que 29. Le premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, en a tiré les conséquences en démissionnant de ses fonctions dès dimanche soir. Là aussi l’avenir s’annonce très sombre pour les socialistes dont l’aile droite s’est “macronisée” et dont l’aile gauche est attirée par la France insoumise mélenchonienne. Lorsqu’un parti ne sert plus à rien et n’est plus audible, il finit logiquement par disparaître. Quarante-six ans après le congrès d’Épinay qui, avec François Mitterrand, avait refondé le PS sur les ruines de la vieille SFIO, le Parti socialiste est en état de coma avancé. Mais si sa mort devait se confirmer, on ne regretterait pas la disparition du parti du sang contaminé.
Même si elle n’obtient pas un contingent de députés très important, la France insoumise aura un groupe parlementaire autonome de 17 députés présidé par Jean-Luc Mélenchon, élu député à Marseille. Reste à savoir si les dix députés communistes s’adjoindront à ce groupe. A l’heure où nous bouclons, cela paraît très hasardeux tant les relations restent tendues entre l’ancien sénateur socialiste et la direction du PC. On peut en tout cas compter sur Mélenchon pour donner de la voix lorsqu’il s’agira de s’opposer à la politique économique et sociale du gouvernement, et notamment à sa volonté de réformer en profondeur le code du travail. Le fait de diriger un groupe parlementaire lui donnera une tribune très médiatisée dont il espère tirer les dividendes lors des prochains scrutins.
Quant au Front National, il aura finalement huit élus dont deux apparentés. Marine Le Pen salue sans rire « une victoire historique » et se félicite du quadruplement des députés FN (de 2 à 8) en cinq ans. On peut compter sur la presse mariniste pour s’enthousiasmer devant cet « éclatant succès » de la présidente du FN. Mais de qui se moque-t-on ? Huit élus sur 577 députés, c’est à peine plus de 1 % de l’Assemblée. Nicolas Bay, secrétaire général du FN, pronostiquait il y a encore quelques semaines l’élection d’au moins une cinquantaine de députés. Il appuyait son calcul sur le fait que Marine Le Pen était arrivée en tête au second tour de la présidentielle dans 45 circonscriptions et qu’elle avait atteint entre 45 et 50 % des voix dans une cinquantaine d’autres circonscriptions. On est donc loin du compte même si le parti obtient un peu plus d’élus que ce que les fourchettes les plus pessimistes lui promettaient entre les deux tours des législatives : de 1 à 6 députés. On notera d’ailleurs que l’essentiel des nouveaux élus l’ont été dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais qui constitue un îlot, une modeste poche de résistance très localisée, à la sociologie très marquée, pour le néo-FN. Mais Hénin-Beaumont n’est pas toute la France, tant s’en faut.
Forte de cette résistance résiduelle dans l’ex-bassin minier, Marine Le Pen ne va nullement se remettre en question, non plus que la ligne politique suivie jusque-là. Avec ce résultat, « le risque, c’est que rien ne change sur la ligne », s’inquiète ainsi un conseiller régional FN. Avec son élection dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, « elle sauve sa peau », abonde un observateur avisé du FN. Au « risque que le FN se “parti-communise” et devienne le parti du bassin minier, cornérisé » au niveau national mais satisfait d’être « fort dans certaines poches du territoire », remarque-t-il. C’est ce que nous disions la semaine dernière : Marine Le Pen peut rester vingt ou trente ans à la tête d’un parti croupion, profitant à plein, elle et ses petits copains, de la manne publique, de quelques mandats juteux, de passages dans des émissions de radio et de télévision et de continuer à s’éclater en boîte de nuit en vivant sur la bête et en se moquant complètement de l’état de délabrement du peuple et de la nation. On l’a bien vu pendant la campagne et les trois débats télévisés : elle n’avait aucun souffle, aucun élan, aucun dynamisme, aucune ferveur. Et dès que les résultats du second tour de la présidentielle ont été affichés sur les écrans de télévision et qu’elle a bâclé un très bref discours où elle annonçait qu’elle allait changer le nom du FN et rester à la tête du combat, elle s’est mise à guincher, à se déhancher et à se trémousser, comme la night-clubbeuse qu’elle est restée aime à le faire, la coupe de champagne dans une main, la cigarette électronique dans l’autre.
Marine Le Pen a promis un séminaire fin juillet et un congrès début 2018 pour refonder le parti, en changer le nom et réfléchir au bilan de cette séquence électorale. Mais tout laisse à penser qu’il s’agira là d’une comédie, d’une mascarade, que rien ne changera, que le débat sera étouffé, tué dans l’œuf, comme il l’avait été en février 2016 à Etiolles où le séminaire organisé pour expliquer l’échec au second tour des régionales de décembre 2015 et en tirer les leçons avait tourné court, Marine Le Pen refusant avec arrogance toute critique ou amodiation de la ligne marino-philippotiste. Ce qui est sûr en revanche, c’est que grâce à la présidente du FN, le lobby LGBT sera renforcé au Parlement puisqu’elle a fait élire deux intimes qui étaient membres de son comité stratégique et qui sont deux militants homosexualistes : Sébastien Chenu, élu dans le Nord, cofondateur de Gay-Lib, branche LGBT de l’UMP juppéiste, organisateur et coordinateur de l’Europride 2013 à Marseille, immense et vomitive Gay-Pride réunissant les invertis de toute l’Europe, militant des « droits des homosexuels et des toxicomanes », ouvertement favorable au ”mariage” des invertis, à la légalisation des drogues, au Pacs et à la PMA, à l’euthanasie active et au suicide assisté, à la lutte renforcée contre les discriminations en fonction de « l’orientation sexuelle », à la pénalisation des comportements « homophobes, lesbophobes et transphobes » et à l’enseignement de la théorie du genre à l’école dès le plus jeune âge. Voilà les personnes dont s’entourent Marine Le Pen et qu’elle choisit pour sa garde rapprochée. Dis-moi qui tu hantes, je te dirai qui tu es !
L’autre élu rose Marine est Bruno Bilde, concubin de Steeve Briois, le maire inverti d’Hénin-Beaumont et conseiller spécial de Marine Le Pen dont il est également un intime. A cela s’ajoute l’élection de José Evrard, qui fut au Parti communiste pendant 36 ans et qui en a gardé toutes les idées et tous les réflexes, celle du juvénile Ludovic Pajot, 23 ans (on peut s’interroger sur les raisons pour lesquelles cet éphèbe a été ainsi promu vu son très jeune âge) et celle de Marine Le Pen, la tenancière en chef de la cage aux folles.
La plupart des élus sont donc des marinistes pur jus (il faut ajouter à cette liste le concubin officiel de Marine Le Pen, Louis Aliot, élu d’un cheveu dans les Pyrénées-Orientales). En revanche, tous les philippotistes ont été battus : Florian et Damien Philippot mais aussi Sophie Montel, Joffrey Bollée, le directeur de cabinet du numéro deux du FN, Kevin Pfeffer en Moselle ou Eric Richermoz dans la Somme. « FN : 8 élus. Patriotes : 0 », a nargué lundi 19 juin sur Twitter l’eurodéputé FN Gilles Lebreton, hostile à Philippot. Mais cela ne signifie pas pour autant que la ligne du parti va changer car Marine Le Pen, dont on ne dira jamais assez qu’elle est foncièrement de gauche, se reconnaît pleinement dans cette ligne néo-chevènementiste et gauchiste. De sorte que, avec ou sans Philippot, rien ne changera d’essentiel sur le fond tant que Marine Le Pen gardera la présidence du mouvement. Il ne faut à cet égard ne se faire aucune illusion.
Le Front du Sud, les marionistes, sont eux aussi défaits : l’ancien suppléant de Marion Maréchal-Le Pen, Hervé de Lépineau, ne parvient pas à conserver le siège de député de l’ex-élue du Vaucluse. Et le FN ne réussit pas à faire élire quelque député que ce soit, ni dans le Var, ni dans les Bouches-du-Rhône, ni dans le Vaucluse, ni dans les Alpes-Maritimes qui sont pourtant des bastions depuis trente ans et alors même que le mouvement compte plusieurs municipalités en PACA, à Fréjus, à Cogolin, dans un secteur de Marseille… On notera toutefois la réélection de justesse de Gilbert Collard dans le Gard. Cet avocat ultra-sioniste et franc-maçon n’a pas sa langue dans sa poche : il aurait eu dès dimanche soir un échange téléphonique musclé avec Marine Le Pen. Il faut dire que l’audacieux avait osé évoquer le débat raté de la présidente du FN, un crime de lèse-majesté, et considéré que le parti avait « pris un coup sur la tête ». Une stratégie qui ne colle pas avec les éléments de langage marinistes selon lesquels le FN a connu un triomphe historique le 18 juin en soir en quadruplant sa représentation parlementaire. Toutefois, à ce rythme, il faudrait plusieurs siècles pour que le FN mariniste dispose d’une majorité absolue à l’Assemblée nationale ! On notera aussi l’élection d’Emmanuelle Ménard dans la sixième circonscription de l’Hérault. L’arrivée au Palais-Bourbon de l’épouse du maire de Béziers n’est pas forcément une bonne nouvelle pour Marine Le Pen, Ménard ayant souvent dit haut et fort son désaccord avec la ligne Philippot et sa volonté de renouer avec une ligne droitière. Or, on le sait, la présidente du FN ne supporte ni les vrais débats ni la contradiction.
A preuve l’attitude de plus en plus haineuse et hargneuse qu’elle manifeste à l’égard d’un père auquel pourtant elle doit tout. Or, comment peut-on prétendre rétablir l’ordre en France lorsqu’il y a un tel désordre dans sa famille et dans son âme ? Comment peut-on s’ériger en modèle, briguer les plus hautes fonctions, revendiquer les responsabilités les plus élevées et se comporter comme le fait Marine Le Pen à l’égard d’un père âgé ? En effet, le 20 juin, jour où il entrait dans sa quatre-vingt-dixième année, elle a, avec la délicatesse de cœur, la gratitude et la piété filiale qui sont ses marques de fabrique, fait mettre des chaînes épaisses aux grilles du siège national du FN à Nanterre pour que son père, membre de droit du bureau politique du FN, confirmé dans ses prérogatives à maintes reprises par les tribunaux, ne puisse pas assister aux débats et y prendre la parole. La présidente du FN l’avait dit dans le Journal du dimanche du 18 juin : « Il ne rentrera pas. Je préfère payer des amendes (NDLR : 2000 euros par infraction) que de l’avoir assis en face de moi. »
La scène était surréaliste : voir un vieil homme, qui a du mal à marcher mais qui a gardé toute sa vigueur intellectuelle, refoulé et bafoué de cette façon par sa fille, le jour de son anniversaire, devrait révolter tous les hommes de cœur. Certes, nous l’avons souvent écrit, en promouvant sa fille comme il l’a fait hélas pendant des années, Jean-Marie Le Pen a commis la pire erreur politique de sa vie mais cela ne justifie pas qu’il soit traité de la sorte par une fille indigne, sans foi ni loi, sans cœur, sans principes et sans honneur. Il y a des enfants qui doivent moins à leur parent parce qu’ils ont su, par leur travail persévérant, leurs efforts, leur talent, leur endurance, leurs qualités personnelles, réussir dans la vie. Mais tel n’est pas le cas de Marine Le Pen qui doit tout ce qu’elle est à son géniteur. C’est grâce au nom qu’elle porte, et sans qu’elle le mérite nullement, qu’elle fait encore plusieurs millions de voix dans les urnes, c’est grâce à son père qui lui a prêté neuf millions d’euros pour la campagne de la présidentielle et des législatives qu’elle a pu concourir, c’est grâce à lui qu’elle peut mener un train de vie de milliardaire, boire du champagne à volonté tous les jours, voyager dans les avions en classe affaire, disposer d’un patrimoine immobilier très important, être invitée sur les plateaux télé, dépenser sans compter, disposer de chauffeurs, de gardes de corps, de domestiques, d’un financement public annuel de plusieurs millions d’euros, de mandats électifs rémunérateurs, telle est la stricte vérité. Et comment le traite-t-elle, comment le remercie-t-elle ? Nous aurions honte d’avoir une fille pareille. Nous serions fou de douleur devant une telle situation. Disons-le franchement, nous préférerions ne pas avoir d’enfants plutôt que d’avoir une progéniture aussi dénaturée et une mégère aussi profondément méprisable et haïssable. Nous ne comprenons pas comment il peut encore y avoir des Français de cœur, et a fortiori des catholiques pratiquants, pour soutenir, défendre voire encenser une telle épouvantable harpie entourée de dégénérés et qui devrait faire honte à l’ensemble du camp national.
Éditorial Rivarol n°3288 du 22/6/2017
J’approuve à 200% votre article.
Marine Le Pen se comporte comme une enfant dénaturée et Dieu a en abomination les enfants qui n’honnore ni leur père ni leur mère, indépendamment des idées défendues.