POUR LES NATIONALISTES français, la date du 6 février marque doublement un triste anniversaire puisque c’est la commémoration d’un double crime commis par la République : le froid assassinat le 6 février 1934 de manifestants patriotes et pacifiques près de l’Assemblée nationale (37 morts et plus de 2000 blessés) qui criaient « à bas les voleurs ! » pour dénoncer un régime affairiste et corrompu et l’exécution, onze ans plus tard, le 6 février 1945, du poète Robert Brasillach coupable d’avoir combattu et œuvré pendant la guerre du côté des vaincus et dont le sinistre et cynique De Gaulle, ne se plaisant que dans les rivières de sang et dans les catastrophes, a refusé la grâce. Dans ses Poèmes de Fresnes, Brasillach fait le lien entre les deux événements puisque, avant son exécution, il écrit magnifiquement :
« Les derniers coups de feu continuent de briller
Dans le jour indistinct où sont tombés les nôtres.
Sur onze ans de retard, serai-je donc des vôtres ?
Je pense à vous ce soir, ô morts de février. »
Le six février, et c’est une pure coïncidence, marque également la mort du roi Georges VI en 1952 et donc le début du règne de sa fille aînée, Elisabeth. L’actuelle reine d’Angleterre a donc célébré ces jours-ci son jubilé de platine, même si le Royaume-Uni prévoit une célébration plus solennelle des soixante-dix ans de règne de Sa Majesté pendant quatre jours à la fin du printemps, du 2 au 5 juin 2022. Elisabeth II est le monarque britannique qui a régné le plus longtemps depuis la naissance de ce pays. Depuis le 9 septembre 2015, elle a dépassé la durée de règne de son arrière-arrière-grand-mère, la reine Victoria (63 ans, 7 mois et 2 jours). Depuis le 13 octobre 2016, à la suite de la mort du roi de Thaïlande, Rama IX, elle est même devenue le souverain régnant depuis le plus longtemps et le plus âgé actuellement en fonction. Elle aura 96 ans le 21 avril prochain.
Nous ne sommes nullement, tant s’en faut, des admirateurs inconditionnels de la monarchie britannique, anglicane et mondialiste, ne disposant de surcroît d’aucun pouvoir véritable puisqu’il s’agit d’une monarchie constitutionnelle. L’ami Hannibal, dans sa chronique du 8 décembre 2021, a d’ailleurs montré à quel point Elisabeth II faisait objectivement le jeu de la révolution arc-en-ciel dans les discours officiels qu’on lui fait prononcer. Et il est vrai qu’elle ne dispose d’aucun pouvoir réel, se contentant de dire et de lire ce qu’on lui commande. Les institutions lui interdisent en effet d’exprimer et de défendre une position personnelle, une opinion, une conviction politique. Et bien qu’elle soit officiellement le chef de l’Eglise anglicane, elle ne se mêle nullement des questions morales et religieuses. Elle ne s’est nullement opposée aux dérives sociétales et civilisationnelles du Royaume-Uni. Son long règne marque incontestablement le déclin de la puissance de la Grande-Bretagne, la fin de son immense empire colonial, de sa domination sur les mers et les océans, la cessation de son homogénéité ethnique et spirituelle, la perte du sens moral avec l’introduction de l’avortement, du “mariage” homosexuel et de toutes les déviances et folies qui sont actuellement promues un peu partout en Occident. La famille royale elle-même a souvent donné un très mauvais exemple avec ses divorces, séparations et infidélités, et que dire du Prince Andrew impliqué jusqu’au cou dans la répugnante et criminelle affaire Epstein et accusé d’agression sexuelle par l’Américaine Virginia Giuffre ?
ET POURTANT, malgré tout cela, la reine d’Angleterre jouit encore dans son pays d’une immense popularité et d’un profond respect qui fait quasiment l’unanimité. Cela tient au fait qu’Elisabeth II supplée, par ses qualités personnelles, à la décadence continue et abyssale de la monarchie et du pays. Femme de devoir (on ne lui a jamais connu d’amant et elle a toujours rempli avec exactitude et scrupule ses obligations de représentation), elle impressionne encore par la noblesse de son maintien, sa parfaite élégance, sa retenue, sa discrétion et la longévité exceptionnelle de son règne. Elle est dépourvue de tout pouvoir véritable mais les Britanniques lui savent gré d’être là dans les jours heureux comme dans les jours sombres, toujours fidèle au poste. Elle a connu quinze Premiers ministres successifs, de Winston Churchill à Boris Johnson. Elle a rencontré des centaines de chefs d’Etat et de gouvernement, les occupants successifs du siège de Pierre, du Pape Pie XII jusqu’à l’intrus François zéro, elle a connu les dix présidents de la République française de la IVème et de la Vème République, de Vincent Auriol à Emmanuel Macron. Et elle est toujours là, impassible.
C’est la force de la monarchie, même constitutionnelle, même en grande partie dévoyée et limitée, elle s’inscrit dans la durée, elle marque une grande stabilité. Or les peuples ont besoin de cette durée, de cette invariance, de cette solidité que ne permettent pas le jeu du suffrage, les compétitions électorales incessantes, les luttes fratricides, la démagogie répugnante dont nous ne voyons que trop les manifestations et conséquences délétères dans l’actuelle campagne présidentielle en France. Les partis politiques divisent le peuple, un monarque le réunit. Les jeux électoraux nous font oublier que nous sommes d’abord et avant tout Français, des fils de France ayant une histoire et un destin communs et qu’il est criminel de se diviser sans cesse pour des questions électorales dérisoires et fugaces. La République n’a pas son pareil pour diviser les Français entre jeunes et vieux, entre hommes et femmes, entre travailleur et retraité, entre fonctionnaires et personnes travaillant dans le privé, entre droite et gauche, entre tel parti, telle étiquette, telle catégorie. On oublie ainsi que nous constituons d’abord et avant tout un peuple et une nation.On perd le sens du collectif, de l’intérêt général, du bien commun. On ne pense plus à s’oublier et à se transcender. Quelle tristesse de voir que le camp national et populiste (ou ce qui en tient lieu) se divise atrocement entre “marinistes”, “zemmouriens”, “philippotistes” ou autres ? Déjà, sur les réseaux sociaux, les insultes et noms d’oiseaux fusent. Dans quelques mois, lorsque toute cette comédie électorale sera terminée, tout cela apparaîtra bien dérisoire. Et pourtant les animosités, les haines et les divisions laisseront immanquablement des traces, les blessures auront du mal à cicatriser. Pour rien hélas. La monarchie a ceci de supérieur à la république, c’est que le souverain dès son enfance est préparé à servir. Il ne dépend pas d’une élection, d’une coterie, d’une oligarchie. Et il a le temps pour lui. Il peut unir le peuple autour de lui car précisément il n’en dépend pas. Il n’a donc pas à le flatter, à le séduire, à capter ses suffrages, son attention, à multiplier les promesses les plus démagogiques et les plus irréalistes.
LA PLUPART des Britanniques n’ont connu comme reine qu’Elisabeth II. Elle leur est familière. Dépourvue de pouvoir, elle n’en a que l’apparence, elle n’est qu’un symbole. Et pourtant dans la vie des peuples et des nations les symboles ont de l’importance, les apparences elles-mêmes comptent. Dans l’allocution télévisée qu’elle avait prononcée lors de la crise du covid et du confinement en 2020, la Reine d’Angleterre n’avait pas tenu un discours révolutionnaire, sulfureux, transgressif ou anticonformiste. Elle n’est pas une briseuse de barrage, ce n’est d’ailleurs ni son rôle, ni sa fonction. Mais dans son maintien, dans sa prestance, dans son élocution, dans le vocabulaire employé, dans le ton adopté, elle avait su toucher les esprits et les cœurs de ses compatriotes, leur donnant de l’espoir, de la joie et de la fierté au milieu de la tristesse et du désarroi, ne fût-ce que quelques instants. Elle avait brièvement évoqué son message radiodiffusé en 1940 au début de la Seconde Guerre mondiale. Quatre-vingts ans plus tôt, elle était déjà là, au milieu des siens. Certes la crise covidesque n’a rien à voir en gravité, ni de près ni de loin, avec la dernière guerre mais ce qui est remarquable, c’est qu’à près d’un siècle de distance, le même souverain s’exprimait solennellement et avec des mots simples, rares, et donc d’autant plus précieux, s’essayait à remonter le moral de ses sujets, à les encourager, à leur redonner force, foi et confiance en l’avenir de leur pays.
C’est cette longévité, cette fidélité à un poste, à une mission, sans jamais se plaindre, sans jamais parler d’elle, sans jamais se mettre en avant qui donnent à la souveraine, malgré toutes les limites et les tares de la monarchie britannique, et Dieu sait qu’elles sont nombreuses, une certaine légitimité et un prestige certain. Dans cette même allocution de 2020, Elisabeth II avait encouragé à prier pendant le confinement. Elle n’avait certes pas associé cette exhortation à la prière et à l’oraison à une religion ou à un culte particuliers mais cette simple suggestion était en soi tout sauf négligeable. Imagine-t-on un chef de gouvernement ou d’Etat français, ou même un quelconque candidat ou chef de parti, de l’extrême gauche à l’extrême droite de l’échiquier politique, exhorter, fût-ce seulement lors de grandes épreuves nationales, le peuple à la prière ? C’est absolument impensable, surtout dans un pays gangrené par plus de deux siècles de fanatisme laïciste et d’irréligion.
On peut critiquer à bon droit la monarchie britannique, on peut déplorer l’absence de pouvoir de la Reine d’Angleterre et sa soumission à la doxa. Il n’empêche. Par sa seule présence, son maintien, sa distinction qui n’a d’égale que sa discrétion, sa longévité, son grand âge, sa dignité personnelle, son strict respect du protocole et des traditions, elle en impose infiniment plus que tous les gredins, coquins et faquins de la république. Il ne faut jamais l’oublier : la monarchie catholique et française — qui valait infiniment mieux que la monarchie britannique — pendant treize siècles a été la gloire de la France. La république en est la honte, l’affreuse cicatrice et la fossoyeuse depuis plus de deux cents ans.
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Rivarol
Source : Éditorial de Rivarol n°3505 du 09/02/2022
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texte très juste de Rivarol
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