VOUS PENSIEZ peut-être que les pays occidentaux commençaient à en avoir assez de distribuer des milliards de dollars à Kiev dans une guerre russo-ukrainienne qui n’en finit pas, eh bien vous vous trompiez. Alors que la France et l’Europe connaissent des difficultés économiques et financières très importantes, qu’elles sont lourdement endettées, que les peuples du Vieux Contient s’appauvrissent et sont matraqués fiscalement, tout spécialement dans notre pays, le G7 a annoncé dans une déclaration finale à Washington (tout un symbole !), le vendredi 25 octobre, que 50 milliards de dollars supplémentaires seraient prêtés à l’Ukraine de Zelensky. En marge des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale, les ministres des Finances du G7, dont le nouveau ministre français, Antoine Armand, se sont mis d’accord pour prêter (et en réalité donner) cinquante nouveaux milliards de dollars à Kiev, ce qui est une pure folie. Alors que les intérêts vitaux de notre pays ne sont nullement en jeu dans ce conflit, quel besoin a-t-on de s’engager à ce point auprès de l’un des deux belligérants ?
Et pourtant, quels que soient les gouvernements qui se succèdent, c’est toujours le même discours qui est tenu et les mêmes décisions qui sont prises. Antoine Armand, qui a rencontré au sommet du G7, son homologue ukrainien, Sergei Marchenko, avait ainsi déclaré au quotidien Les Echos du 24 octobre être « pleinement engagé pour parvenir à un accord sur la mise en œuvre concrète de l’accord du sommet des Pouilles pour une aide supplémentaire à l’Ukraine à hauteur de 50 milliards de dollars, grâce à l’utilisation des revenus d’aubaine issus des avoirs russes immobilisés en Europe. » En juin dernier, les chefs d’Etat et de gouvernement du G7 s’étaient, en effet, accordés sur les principes de ce prêt appuyé sur les intérêts générés par quelque 300 milliards d’euros d’avoirs russes arbitrairement gelés par l’Union européenne après le début de la guerre russo-ukrainienne en février 2022. « Ces avoirs immobilisés en Belgique, au sein de l’organisme international de compensation Euroclear, ont été placés à court terme auprès des banques centrales et génèrent un revenu d’aubaine » déclare-t-on à Bercy selon le quotidien économique qui explique que les revenus générés s’élèveraient à trois milliards d’euros chaque année. Ce sont donc ces revenus qui serviraient à garantir les prêts d’un montant de 50 milliards d’euros.
BRUXELLES a proposé que le renouvellement des sanctions portant sur le gel des avoirs de la Banque centrale russe se fasse désormais tous les trois ans pour éviter une possible rupture de financement de l’aide à Kiev. C’est dire à quel point l’Union européenne entend sanctionner dans la durée Moscou et financer à long terme l’effort de guerre ukrainien, quel qu’en soit manifestement le coût. Sans surprise les Etats-Unis sont sur la même ligne et sont même comme d’habitude en pointe quand il s’agit d’affaiblir et de diviser le Vieux Continent. La secrétaire américaine au Trésor, l’ashkénaze Janet Yellen, a assuré que la participation américaine au prêt à l’Ukraine serait de 20 milliards de dollars. Reste à savoir si les Etats-Unis poursuivront la même politique d’aide financière et militaire à Kiev si Donald Trump est élu. Car si ce dernier est un ultra-sioniste, il déteste l’Union européenne et n’a pas de sympathie particulière pour l’Ukraine de Zelensky. Le Royaume-Uni a, quant à lui, annoncé qu’il mobiliserait 2,26 milliards de livres (soit 2,71 milliards d’euros) pour « les besoins militaires, budgétaires et de reconstruction » de l’Ukraine.
Cette politique folle d’une dangereuse prodigalité pour une cause où nous n’avons objectivement rien à gagner mais tout à perdre, est hélas suivie par quasiment tous les gouvernements et parlements occidentaux qui se comportent comme des marionnettes ou des automates du mondialisme otanesque. Ainsi les députés de la commission du Parlement européen ont approuvé le 21 octobre à une très large majorité (31 voix pour, 4 contre) la proposition de prêter jusqu’à 35 milliards d’euros à l’Ukraine. Le lendemain, le Parlement européen votait dans le même sens (518 voix pour, 56 contre et 61 abstentions). Quant au conseil de l’Union européenne, l’instance représentant les Etats membres, il avait donné son feu vert à cette aide dès le 9 octobre. Dix jours plus tard, c’est le FMI qui débloquait 1,1 milliard d’euros à destination de l’Ukraine, portant à 8,7 milliards de dollars les fonds déjà versés dans le cadre de son programme de soutien à Kiev. « La Russie doit mettre fin à sa guerre d’agression illégale et payer pour les dommages qu’elle a causés à l’Ukraine, conformément au droit international », a indiqué martialement le G7 dans son communiqué le 25 octobre au soir à la clôture de ses travaux. Il est regrettable que les pays du G7 ne se soucient pas davantage du droit international quand il s’agit de la Palestine martyrisée. Le G7 dit que la Russie doit payer (dans tous les sens du terme) pour les dommages causés à l’Ukraine mais l’entité sioniste, elle, ne doit pas rendre gorge pour les crimes et dommages autrement plus graves et épouvantables commis à Gaza. Peut-on aller plus loin dans le deux poids deux mesures ?
PAR AILLEURS, qui peut nier que la politique de sanctions agressives contre la Russie et de soutien de plus en plus appuyé à Kiev, tant sur le plan financier que militaire, a pour conséquence directe un renchérissement du prix du gaz, du pétrole et de l’électricité ? Alors que l’Allemagne et l’Italie par exemple bénéficiaient de l’approvisionnement du pétrole et du gaz russes à des prix relativement bon marché, la soudaine et brutale politique anti-russe a été objectivement catastrophique pour ces deux pays. Mais la France elle-même pâtit de son alignement sur Bruxelles et Washington. Il est dramatique que depuis longtemps nous n’ayons plus des gouvernements et des chefs d’Etat capables de défendre les intérêts fondamentaux de notre pays, de faire entendre une voix claire et juste dans les relations internationales. C’est vrai dans la guerre entre la Russie et l’Ukraine, qui apparaît de plus en plus comme une guerre entre Moscou et l’Otan, mais c’est également vrai dans les conflits sanglants au Proche-Orient.
Alors que la France était traditionnellement l’amie du Liban, un Etat historiquement chrétien, francophone et francophile, elle est incapable de défendre avec autorité la souveraineté et l’intégrité territoriale du pays du Cèdre. Pas plus qu’elle ne dénonce avec force le génocide du peuple palestinien orchestré par l’entité sioniste. Pas plus qu’elle ne stigmatise avec fermeté le bombardement de l’Iran par Tsahal qui a multiplié ces derniers mois les provocations contre Téhéran en bombardant notamment le 1er avril 2024, au mépris du droit international, son consulat à Damas tuant au moins seize personnes dont sept officiers et un membre du Corps des gardiens de la révolution, puis en assassinant froidement d’autres hauts gradés iraniens en toute impunité. Certes Macron a accusé, mais bien tardivement, l’horrible Netanyahu — qui prétend sans rire défendre la civilisation — de « semer la barbarie », ce qui est parfaitement exact, mais il ne s’agit là hélas que de simples paroles verbales non suivies d’effet. Que fait-il concrètement pour prendre des sanctions économiques et diplomatiques contre Tel-Aviv, pour mettre en œuvre un embargo total sur les armes à destination de la criminelle entité sioniste ? L’honneur de la France serait de parler d’une voix forte, de dénoncer la façon dont l’Etat hébreu met à feu et à sang toute la région dans le but de constituer le Grand Israël du Nil à l’Euphrate et donc de mettre à bas tous ses voisins jugés gênants voire hostiles, de dénoncer le génocide, la famine organisés à Gaza, la destruction méthodique des hôpitaux, des services de santé, le bombardement incessant des populations civiles, des écoles, des centres de réfugiés, des lieux de culte, etc.
LES QUELQUES déclarations, pourtant limitées et purement verbales, de Macron ont toutefois suffi à lui aliéner le puissant lobby juif qui est désormais vent debout contre lui et qui est assoiffé de sang, ivre de haine et de vengeance, comme déjà dans l’Evangile et les Actes des Apôtres. Depuis deux mille ans, c’est finalement toujours la même chose. Le CRIF et ses alliés reprochaient déjà à Macron son absence à la manifestation parisienne du 5 novembre 2023 contre l’antisémitisme à l’initiative des présidents couchés du Sénat et de l’Assemblée nationale, ses déclarations sur la nécessité d’un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, et donc d’un arrêt des livraisons d’armes à l’entité sioniste, et voici que, dans une conférence sur le pays du Cèdre, il ose désormais employer à propos de la politique exterminatrice de Netanyahu le terme de barbarie, concept réservé jusque-là au nazisme éternellement coupable de tous les maux.
Ces prises de position présidentielles, fussent-elles timides et tardives, sont insupportables au lobby judéo-sioniste qui ne cache pas sa fureur et on ne serait pas surpris que le chef de l’Etat soit l’objet d’attaques encore plus violentes dans l’avenir s’il devait persévérer dans des déclarations très critiques à l’égard d’Israël. Ses prédécesseurs, comme nous l’écrivions il y a quinze jours, ont quasiment tous eu maille à partir, à un moment donné, avec ce lobby influent et nocif, pour reprendre les expressions de feu François Mitterrand, malgré leurs concessions et leurs reptations incessantes, de De Gaulle à Chirac. Et assurément il n’est pas confortable pour qui que ce soit d’être dans le viseur de la secte vociférante et homicide du « ni oubli ni pardon ». […]
RIVAROL, <[email protected]>
Source : Éditorial de Rivarol
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