Autodissolution du Parti des Suédois
Après six ans et demi d’existence, le Parti des Suédois (SvP, Svenskarnas Parti) s’est autodissous dimanche. Il n’a pas survécu à la crise politique née du faible résultat aux élections législatives et municipales de 2014, auxquelles il avait obtenu moins de 0,1 %. Le mouvement a été largement victime du succès des Démocrates suédois (SD, Sverigedemokraterna), version nordique du néo-FN dédiabolisé.
Le bureau politique du mouvement a rédigé une longue lettre expliquant à ses adhérents les raisons de cette décision. Le SvP, héritier du Front national-socialiste (NSF, Nationalsocialistisk front), s’est réjoui, malgré ses échecs, d’avoir permis de radicaliser le débat politique en Suède, notamment sur les questions identitaires. Son mot d’ordre était « la Suède aux Suédois ».
Le SvP avait obtenu en 2010 un élu lors des élections municipales. Il avait été ensuite rejoint par des déçus des SD notamment et plusieurs élus municipaux avaient rallié le mouvement entre 2010 et 2014, laissant espérer que la venue d’élus implantés coïnciderait aux élections suivantes avec une hausse des résultats. Le SvP avait concentré ses forces sur plusieurs communes. Mais il n’a jamais atteint, selon ses dirigeants, une masse critique qui lui aurait permis d’atteindre ses objectifs et de se développer de façon satisfaisante. Le parti avait préparé une évolution lente mais continue, qui s’est réalisée convenablement jusqu’aux élections de 2014. L’échec a conduit à la perte du journal du parti et au départ de nombreux adhérents.
La direction a regretté que certains aient quitté leur poste sans même attendre que des successeurs soient désignés, aggravant la désorganisation du mouvement. En mai, la moitié des membres n’ont toujours pas renouvelé leur cotisation malgré de nombreuses relances. La crise électorale a révélé, selon le bureau politique, les problèmes organisationnels que le SvP connaissait et qui n’ont jamais pu être réglés. Dans son communiqué le bureau politique ajoute que le temps de l’émergence d’un mouvement parlementaire suédois ethno-nationaliste n’était pas encore venu.
Malgré cela, cet objectif doit être maintenu. « La dissolution du Parti des Suédois ne signifie en aucune façon la fin de l’engagement, qui ne fera que prendre d’autres formes » annoncent les dirigeants, affirmant leur volonté de continuer à combattre pour le relèvement de la Suède.
Crise de dédiabolisation chez les Démocrates suédois
L’annonce de la dissolution du SvP est intervenue quelques jours après la fin d’une crise chez les Démocrates de Suède. Elle a été qualifiée de « pire crise interne » par la presse. Les plus libéraux du parti et les individus souhaitant avec le plus d’entrain leur intégration au système, désormais à la tête du parti, ont attaqué le mouvement de jeunesse du parti, la Jeunesse démocratique suédoise (SDU, Sverigedemokratisk Ungdom).
Ce n’était pas la première fois que les réactionnaires du parti tentaient d’imposer à la jeunesse nationaliste radicale sa lâcheté. Durant les années 1990, la SDU avait déjà été suspendue, provoquant une scission, sous la direction notamment de Robert Vesterlund. Elle avait conduit à la création du Mouvement de la résistance suédoise (SRM, Svenska Motståndsrörelsen).
La ligne nationaliste a été désavouée une fois encore par la direction des SD le mois dernier.
Le président de la SDU, Gustav Kasselstrand, a été limogé, tout comme le vice-président William Hahne. Ils sont accusés d’avoir protégé les nationalistes. Cinq autres membres, accusés d’être proches des Jeunesses nordiques (NU, Nordisk Ungdom) ont été exclus sur les 24 militants « jugés ». En signe de solidarité, sept autres activistes ont démissionné. Selon eux, c’est le chef des députés des SD,Mattias Karlsson, qui est à l’origine de cette traque contre les patriotes. Il est pressenti pour prendre la direction du parti dont le chef nominal, Jimmie Åkesson, a été grièvement malade.
Les critiques internes contre la direction du parti rappellent étrangement celles entendues en France : ralliement à une ligne sioniste – comme au néo-FN, Marine Le Pen ayant rencontré le mois dernier un ancien premier ministre de l’État criminel d’Israël – acceptation d’une certaine immigration, adoption d’une nouvelle étiquette sociale-conservatrice et de tendances libéralistes, etc. Pourtant, ironiquement, les SD ont reproché à la SDU de s’être rapprochée du Front national de la jeunesse (FNJ), trop violent à leurs yeux.
C’est pourtant, comme en France, grâce aux années de militantisme des radicaux – dont certains ne le sont qu’aux yeux de leur direction et ne diffèrent pas beaucoup du néo-FN ou de groupuscules aujourd’hui rallié au parti d’extrême droite français – et à l’opposition frontale contre le système que le parti a pu devenir aujourd’hui le troisième de Suède.
« Tous ont eu des liens démontrés et clairs avec des extrémistes »,
a lancé le représentant des SD en annonçant l’exclusion des mal pensants.
Mais les SD n’en ont pas fini avec leur remuante jeunesse : la secrétaire fédérale du groupe, Jessica Ohlson, a affirmé que cette décision était incorrecte.
« C’est un désastre démocratique »,
a-t-elle précisé, alors que d’autres cadres veulent faire appel de ces exclusions.
De par la dissolution du Parti des Suédois et la crise des Démocrates suédois, une partie des radicaux suédois, allant des nationalistes révolutionnaires aux identitaires patriotes, se retrouvent aujourd’hui orphelins sans que pour l’heure aucun réel projet ne soit lancé.