L’oligarque juif Sheldon Adelson a convaincu son coreligionnaire Haim Saban de s’associer avec lui pour tenter de racheter le New York Times (NYT). Le journal est contrôlé depuis plus de 110 ans par la famille Sulzberger, appartenant au même groupe ethnopolitique. Le porte-parole de la famille a fait savoir que le journal n’était pas à vendre, malgré de lourdes pertes au troisième trimestre (l’équivalent de près de 50 millions de francs). C’est par une opération financière inamicale – un rachat très au-dessus de la valeur du journal – que Sheldon Adelson espère pouvoir parvenir à ses fins.
Rien ne semblait prédestiner les deux milliardaires à s’entendre : Sheldon Adelson est un fervent soutien du Parti républicain : en 2012, il a fait un « don » de 100 millions de dollars (plus de 500 millions de francs) aux républicains dans l’espoir d’empêcher la réélection de Barack Obama.
Haïm Saban est de son côté un proche d’Hillary Rodham Clinton, la femme de l’ancien président Bill Clinton, qui s’était découvert miraculeusement des ancêtres juifs après avoir annoncé son intention de conquérir un poste de sénateur à New York, la première ville juive au monde. Elle avait été élue.
Rencontre à l’IAC
Ce qui rapproche les deux hommes, c’est une conception particulière de la politique américaine : celle-ci doit être intégralement inféodée aux intérêts d’Israël, compris comme un alignement sur les éléments les plus extrémistes du gouvernement juif. Et selon eux, la ligne politique défendue actuellement par le New York Times n’est pas suffisamment pro-israélienne. Pire : le journal laisserait s’exprimer ceux qui pensent que les Palestiniens ont droit à un État.
Les deux hommes se sont rencontrés dimanche dernier lors de la Conférence israélo-américaine, organisée par le Conseil israélo-américain (IAC, Israeli American Council) à Washington : Sheldon Adelson est intervenu après qu’Haïm Saban eut évoqué le rachat du Washington Post, pour lequel il n’avait pu rivaliser avec le propriétaire d’Amazon Jeff Bezos. Il lui a alors proposé de faire équipe pour prendre le contrôle du NYT. Les deux hommes se sont retrouvés ensuite lors d’une réunion de travail, toujours dans le cadre de la conférence israélo-américaine.
Le jour suivant, l’action du NYT a légèrement augmenté à la bourse.
L’IAC, un tentacule de plus du Lobby
LE Conseil israélo-américain est un groupe de pression extrémiste juif issu d’une organisation régionale fondée à Los Angeles. Elle est devenue nationale en 2013. Elle organisait pour la première fois cette conférence où diverses personnalités, notamment des hommes politiques, étaient convoquées pour faire allégeance à Israël. Pour les non-Juifs, c’est Mitt Romney qui avait été choisi pour le discours d’ouverture. Il a pleinement satisfait aux demandes de ses maîtres et attaquant violemment Barack Obama – il a traité son ancien rival dans la course à la Maison Blanche de « naïf », « diviseur et dictatorial » – non sur sa politique aux États-Unis, mais pour avoir osé discuter avec l’Iran et n’avoir pas totalement suivi Israël dans ses actions criminelles.
Les rencontres ont été marquées également par le discours de l’extrémiste Joe Lieberman.
Sur son site, l’IAC se donne pour mission « de bâtir une communauté israélo-américaine engagée et unie qui renforcera [leurs]prochaines générations, la communauté juive américaine, et l’État d’Israël » – mais pas les États-Unis, donc.
« Plus d’un demi-million d’Israélo-Américains vivent aux États-Unis aujourd’hui. En tant que composante essentielle de la société américaine, ils jouent un rôle majeur dans l’activisme social, les milieux universitaires, de la culture et de l’innovation. Le Conseil israélo-américain (IAC) est la plus grande organisation israélo-américaine aux États-Unis » affirme l’organisation.
Haïm Saban et Sheldon Ashdon font partie des plus huit plus gros contributeurs de l’IAC.