Le « non » l’a largement emporté en Grèce ce dimanche lors d’un référendum organisé par le gouvernement d’extrême gauche concernant un accord sur la dette grecque. Organisé dans l’urgence, la consultation semble avoir souffert de divers problèmes matériels, qui ne remettent nullement en cause la large victoire du « non ». Selon les entretiens accordés par les citoyens grecs aux médiats internationaux, la question s’est transformée en un référendum où chacun a voté selon sa connaissance – ou son absence de connaissance – sur la question, sur le maintien ou non du gouvernement Tsipras à la tête de la Grèce, sur le maintien ou la sortie de la Grèce de l’Union européenne (UE), de la zone euro, sur le rejet des politiques d’austérité, etc.
Considérant l’impact du choix qu’avaient à faire les Grecs, le taux de participation de 62,5 % apparaît bien peu élevé, d’autant que le nombre de bulletins blancs et nuls a été particulièrement importants, avec près de 6 % des bulletins exprimés (3,6 % des inscrits). Il n’est pas de meilleur indicateur de la crise totale de leur démocratie, dans un pays parfois présenté comme son « berceau » : hier, une majorité de Grecs (3 697 368) a refusé de prendre position dans une question présentée comme primordiale et devant engager l’avenir du pays.
Les bulletins « non » représentent 61,31 % des exprimés (36;1 % des inscrits, 3 558 450 votes), contre 38,69 % (22,8 %, 2 245 537) pour le « oui ». Les sondages, pour ce scrutin décidé – ou plus certainement officialisé – il y a seulement quelques jours seulement, donnaient pourtant les deux camps au coude à coude.
L’annonce des résultats partiels hier soir a conforté chacune des parties dans leurs positions. Certains ministres ou responsables politiques ont exprimé, selon, leur refus de se lancer dans de nouvelles négociations jusqu’au souhait de voir partir la Grèce de la zone euro, voire de l’UE, d’autre rappelant vouloir dès lundi de nouvelles discussions. Les puissances extérieures à l’Europe n’ont pas modifié les leurs, chacune conservant aussi son point de vue fidèlement aux intérêts des gouvernements en place et contre ceux des Européens.
Le premier ministre grec Alexis Tsipras a annoncé sa volonté de nouvelles négociations, fort du relatif soutien populaire dont il bénéficie désormais, nettement plus important que son électorat de base. Il apparaît comme le grand vainqueur de ce vote, avec globalement l’extrême gauche européenne, même si personne ne peut dire aujourd’hui quelles en seront les conséquences. Le « non » est selon lui un « outil pour tendre la main à [ses] partenaires ».
En Grèce et à travers l’Europe, les anti-UE ont fêté le « non », généralement de manière démagogique et sans proposer plus de solutions à la crise et au relèvement des pays européens que leurs adversaires. Ce fut ainsi le cas en France à l’extrême gauche avec le Front de Gauche et Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé à un rassemblement hier soir, et à l’extrême droite : des représentants du Front national ont pris la parole comme si ce « non » était la victoire de leur parti, le jour où dans une élection partielle, un candidat FN a été éliminé honteusement dès le premier tour en recul de plus de 12 points en trois mois. Place de la République, seules quelques centaines de personnes, y compris de nombreux journalistes et de nombreux cadres des partis d’extrême gauche, étaient présentes.
Le mérite du gouvernement grec est d’avoir dit provisoirement dit « non » aux financiers internationaux. En attendant, le peuple grec doit faire face à l’arrêt des aides internationales et à un début de panique économique qui a conduit les autorités à fermer les banques tandis que les premières files d’attente devant les établissements bancaires et les magasins d’alimentation sont apparues.
Plus que la fin de l’euro, ce vote apparaît comme un saut dans l’inconnu pour la Grèce, pays fortement touché par l’invasion, aux mains d’un gouvernement d’extrême gauche, où existent des groupes terroristes marxistes et anarchistes déterminés et aux fortes divisions politiques.