Le retour de Bachar el-Assad sur la scène internationale
Poursuivant la légitimation internationale du président syrien, Vladimir Poutine a reçu Bachar el-Assad mardi lors d’une visite dans la capitale russe qui a surpris les observateurs. Il s’agissait de la première sortie officielle du président syrien à l’étranger depuis le déclenchement de la guerre, le 18 mars 2011.
Cette visite a fortement déplu parmi les ennemis de la Syrie et conduit à diverses explications depuis. Mercredi, Vladimir Poutine s’est entretenu avec le roi Salmane d’Arabie séoudite ; les inquiétudes ont également conduit à un entretien téléphonique entre le dirigeant russe et le président turc Recep Tayyip Erdoğan. Les deux hommes se rencontreront le mois prochain à Antalya en marge d’une réunion du G20.
Vendredi, les ministres des Affaires étrangères russe, américain et turc se retrouveront à Vienne. Sergueï Lavrov et John Kerry ont eu un entretien téléphonique préalable, à la demande de ce dernier.
La question kurde
Le représentant spécial de Vladimir Poutine pour le Proche-Orient a rencontré des représentants des Kurdes de Syrie. Le vice-ministre des Affaires étrangères Mikhaïl Bodganov a discuté avec la coprésidente du Parti de l’union démocratique (PYD, Partiya Yekîtiya Demokrat) et du chef de l’administration à Kobané.
Les Kurdes, déjà soutenus activement par les États-Unis, renforcent leurs positions face à la Turquie, qui a dénoncé à plusieurs reprises les contacts russo-kurdes. Le régime islamiste d’Ankara a rappelé qu’il considérait le PYD comme très lié au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, Partiya Karkerên Kurdistan), un mouvement terroriste et antiturc. Sans succès jusqu’ici : les facilités offertes par la Turquie aux groupes terroristes islamistes ne plaidant pas en sa faveur.
Menaces du Qatar
De son côté, le Qatar, qui soutient activement – armes et financement notamment – les rebelles après avoir soutenu (si ce n’est plus officiellement le cas) les pires groupes criminels islamistes, a laissé entendre, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, qu’il pourrait s’engager militairement dans la guerre en Syrie.
« Nous n’épargnerons aucun effort, quel qu’il soit, avec nos frères saoudiens et turcs pour mettre en œuvre tout ce qui protège le peuple syrien et la Syrie d’une partition. Si une intervention militaire protège le peuple syrien de la brutalité du régime, nous le ferons »,
a affirmé Khalid al-Attiyah avant d’ajouter :
« Nous n’avons peur d’aucune confrontation […] le plus court chemin vers la paix passe par un dialogue direct ».
Avec le Qatar, l’Arabie séoudite et la Turquie sont les principaux soutiens des groupes terroristes. Ces déclarations ont provoqué une réponse immédiate. Si la Russie n’a pas réagi officiellement, le gouvernement syrien a répliqué qu’il répondrait à une « agression directe » du Qatar.
L’intervention russe en Syrie a fait de la diplomatie russe un interlocuteur incontournable de tous les acteurs du conflit en Syrie. Elle a fait bouger certaines lignes, mais l’intense activité diplomatique de ces derniers jours n’a pas conduit jusqu’ici à de notables avancées en vue d’un règlement de la guerre, ni sur le terrain, ni au niveau international dans une situation devenue très compliquée.