Un Airbus A321-231 affrété par la société russe Kogalymavia/MetroJet s’est écrasé dans la province du Sinaï samedi matin. Les 224 personnes qui se trouvaient à bord, 212 passagers russes, quatre ukrainiens et un biélorusse, ainsi que les sept membres d’équipage russes, sont décédées.
Les contrôleurs ont perdu le contact avec l’avion 23 minutes après son décollage de Charm el-Cheikh, alors qu’il devait rallier Saint-Pétersbourg. Il se trouvait alors à plus de 9 000 mètres d’altitude.
L’État islamique-Province du Sinaï (ÉI-PS, ed-Dawla el-Islāmiyya-Wilayah Sayna) a revendiqué la chute de l’avion, qui aurait été la cible d’un acte terroriste.
« Les soldats du Califat ont réussi à faire tomber un avion russe dans la province du Sinaï transportant plus de 220 croisés qui ont tous été tués »,
a déclaré sur les réseaux sociaux le groupe terroriste. L’hypothèse a été écartée immédiatement par les autorités russes. Aucun des deux camps n’a apporté de preuve appuyant ses affirmations. Si les faits étaient confirmés, il s’agirait de l’attentat le plus meurtrier commis par un groupe islamiste depuis le 11 septembre.
La date coïncide avec le premier mois d’intervention de la Russie en Syrie ainsi qu’avec le premier anniversaire du serment d’allégeance du groupe à Abu Bakr el-Baghdadi, le chef de l’État islamique.
L’ÉI-PS mène une violente insurrection en Égypte, principalement dans le Sinaï depuis la chute d’Hosni Moubarak en 2011. Initialement sous le nom des Partisans de la sainte Maison (Anṣār Bayt al-Maqdis) et particulièrement depuis le renversement du président Mohamed Morsi, proche de l’Association des Frères musulmans (Jamiat el-Ikhwan el-muslimin) en 2013, le groupe a commis de très nombreux actes terroristes, des attaques contre des oléoducs, des assassinats de juges et de politiciens, des assauts répétés contre des policiers et des militaires et contre des installations des forces de sécurité, ainsi que des actions contre l’État criminel d’Israël.
Si dans le cas du crash du vol 9268 l’emploi d’un missile semble peu probable, le groupe a déjà abattu un hélicoptère de l’armée égyptienne en janvier 2014. L’hypothèse la plus crédible du scénario d’une chute non accidentelle semble être celle de l’explosion d’un engin à l’intérieur de l’appareil.
Les deux boîtes noires, qui ont été retrouvées, pourraient permettre d’écarter ou de confirmer l’hypothèse terroriste. Les données disponibles indiquent que l’avion a subitement chuté alors qu’il approchait de sa hauteur de croisière. Un officiel égyptien a annoncé que rien n’indique que l’avion connaissait un problème technique alors que l’agence gouvernementale russe RiaNovisti a affirmé que le pilote a prévenu d’un problème technique et a demandé à atterrir au Caire.
Plusieurs compagnies aériennes, européennes notamment, ont annoncé qu’elles éviteraient jusqu’à nouvel ordre le survol du Sinaï.