Parmi ceux qui ont instrumentalisé les 130 morts du 13 novembre, Jean-Yves Le Drian n’est pas le dernier. Il figure pourtant en tant que ministre de la Défense, donc chef de plusieurs services de renseignements notamment, au premier rang des coupables de la situation. Jean-Yves Le Drian est coupable pour n’avoir pas alerté la population du risque induit par l’invasion de l’Europe et plus généralement par l’occupation de longue date de notre pays. Il est coupable pour n’avoir en rien réussi à éradiquer la menace terroriste, ni en France, ni à l’étranger.
Alors que le manque de confiance des Français vis-à-vis des politiciens est l’un des nombreux motifs de la hausse continue de l’abstention et du vote « protestataire », Jean-Yves Le Drian revient sur sa parole, tout comme François Hollande concernant le cumul des mandats et fonctions.
Déontologie
Non seulement le premier représentant de leur République ment ouvertement aux Français, mais il est de plus suivi par l’un de ses principaux ministres. Il ne s’agit pas seulement du viol d’une promesse, mais de la négation d’un texte imposé par François Hollande après son élection comme témoignage de sa République « exemplaire » : la Charte de la déontologie des membres du gouvernement.
Le point numéro 4, qui précède celui consacré à « l’intégrité et l’exemplarité », concerne la disponibilité. Il précise :
« Les membres du gouvernement consacrent tout leur temps à l’exercice de leurs fonctions ministérielles. Ils doivent, de ce fait, renoncer aux mandats exécutifs locaux qu’ils peuvent détenir. »
Il est vrai que ce n’est pas la première fois que cette charte, signée par l’ensemble des ministres, est violée ouvertement. Elle ne compte pourtant que cinq points. L’un d’eux concerne l’impartialité et affirme :
« Les membres du gouvernement sont au service de l’intérêt général. Ils doivent […] faire preuve d’une parfaite impartialité ».
L’exact contraire de ce que fait, notamment Manuel Valls depuis des semaines, mobilisant les ressources du gouvernement pour influencer le vote des Français, jusqu’à aller promettre la guerre civile.
Incompétence et mensonges
C’est la ligne qu’ont feint de tenir plusieurs dirigeants républicains ces dernières semaines.
« On ne peut pas être président de région et membre du gouvernement »,
rappelait Manuel Valls le 15 octobre.
« Tout le monde connaît les règles de ce gouvernement, qui ne sont pas les règles des Républicains […]. Et quand je dis : “Je serai président de la région Bretagne sur la durée”, ça veut dire concrètement que la règle du [non-] cumul s’appliquera pour moi [en cas de victoire aux élections régionales] »,
prétendait-il le 17 octobre, précisant – comme pour rappeler par avance qu’il mentirait en prétendant que la situation « a changé » :
« Il y a une crise majeure au Moyen-Orient, il y a des conflits en Afrique, j’ai des négociations à finir de mener donc [François Hollande] ne voulait pas qu’au pied levé je puisse me retirer. Il m’a demandé d’être ministre de la Défense jusqu’à la fin de cette année. »
Les attentats étant arrivés à point pour satisfaire ses appétits, il changeait totalement de position quelques jours plus tard.
« Je resterai ministre de la Défense tant que le président de la République considérera que c’est nécessaire »,
a déclaré le ministre le 22 novembre, utilisant les attentats pour assurer son petit avenir politicien personnel.
« J’ai dit aux Bretons que si j’étais candidat à la présidence de la région, c’était bien pour assurer cette présidence »,
a confirmé hier Jean-Yves Le Drian tout en confirmant son maintien au gouvernement. Lui et François Hollande prétendent que la situation sécuritaire a été modifiée par les attentats du 13 novembre. Or, l’année 2015 a été marquée auparavant par trois autres actions terroristes ayant fait au moins un mort, sur l’ensemble du territoire français, sans compter l’attaque du Thalys. Pire encore : cela signifie qu’avant la survenue des attentats du 13 novembre, ni Jean-Yves Le Drian, ministre de la Défense, ni François Hollande, chef des Armées, n’étaient conscients et informés de la gravité de la situation sécuritaire en France, de l’existence de multiples cellules terroristes à travers l’Europe et en France, de l’utilisation par les tueurs de l’État islamique (ÉI, ed-dawla el-Islāmiyya) du flot des prétendus ‘réfugiés’ pour rentrer en Europe.
Il est ici encore difficile de savoir ce qui est le pire : le mensonge ou l’incompétence.
Irrespect des Bretons et de la sécurité des Français
Par son choix, au-delà du viol de sa parole, Jean-Yves Le Drian montre deux choses. La première, c’est que bien loin d’être une priorité, bien loin de ses propres affirmations, la sécurité des Français, l’urgence et la difficulté de la situation, le risque terroriste, les vies de milliers de soldats risquées tant sur les théâtres des opérations extérieures qu’en France, tout cela l’indiffère.
De l’autre côté, comme d’ailleurs la plupart des futurs dirigeants des nouvelles régions, ce choix prouve qu’il n’a aucunement l’intention de se consacrer aux problèmes des Bretons, son poste de conseiller régional n’étant qu’une activité de plus pour lui, avec ses avantages et ses revenus.
L’acceptation de ce choix par François Hollande confirme l’impasse dans laquelle se trouve ce dernier, ne disposant d’aucune ressource, d’aucune compétence pour combler les failles de son gouvernement. Quel pire choix pourrait-il y avoir après la nomination de Myriam el-Khomri au Travail ?
C’est aussi purement et simplement inconstitutionnel. « Article 23
Les fonctions de membre du Gouvernement sont incompatibles avec l’exercice de tout mandat parlementaire, de toute fonction de représentation professionnelle à caractère national et de tout emploi public ou de toute activité professionnelle.
Une loi organique fixe les conditions dans lesquelles il est pourvu au remplacement des titulaires de tels mandats, fonctions ou emplois.
Le remplacement des membres du Parlement a lieu conformément aux dispositions de l’article 25. »