Après seulement vingt-et-un mois à la tête de leur République, François Hollande a été contraint de changer de premier ministre suite à la débâcle électorale des municipales confirmant le rejet massif de sa politique. Face au mécontentement généralisé dans le pays, c’est Jean-Marc Ayrault qui a été sacrifié. Il bat, sans parler de sa cote d’impopularité, un notable record : celui du premier ministre investi après l’élection d’un nouveau gouvernement révoqué le plus rapidement. À part Alain Juppé, contraint à la démission après des élections législatives défavorables, le seul rapprochement possible reste celui du renvoi de Jacques Chirac, après 27 mois, par Valéry Giscard d’Estaing en 1976.
C’est Manuel Valls qui a été nommé à sa place le 31 mars et qui a pris ses fonctions le 1er avril. Un choix imposé par les sondages, dans lequel Manuel Valls ressortait comme premier ministre plébiscité par une France extrêmement divisée. Un choix politique incohérent qui a déjà braqué toute l’aile gauche du Parti socialiste. La juive Marie-Noëlle Lienemann a menacé de ne pas voter l’investiture au gouvernement. À l’extérieur du parti, le Front de Gauche du métèque Mélenchon a annoncé dès lundi son rejet du gouvernement ; Europe-Écologie-Les Verts a refusé de participer au gouvernement, perdant ses deux ministres et annonce un soutien sous condition. La décision du bureau exécutif d’EELV a été imposée aux parlementaires, dont une majorité souhaitait un maintien et un soutien au nouveau gouvernement.
Quatorze des seize « nouveaux » ministres sont des ministres reconduits
Le nouveau gouvernement d’occupation n’est qu’un replâtrage malhabile. Manuel Valls, dont le bilan catastrophique à l’Intérieur lui a valu une promotion à la tête de l’exécutif, a reconduit dans ses fonctions la quasi-totalité des ministres sortants. Ainsi Laurent Fabius, dont le bilan est pourtant particulièrement mauvais : depuis 2012, aux multiples crises diplomatiques (crise marocaine ces dernières semaines, lycée français de Doha au Qatar, l’ex-ambassadeur de Tunisie arrêté avec 350 000 euros en liquide, etc.) s’est ajouté un effacement total de la France de la scène internationale. L’homme du sang contaminé dirigera un ministère des Affaires étrangères élargi avec le Développement international où devraient briller des personnalités anti-françaises telles que l’immondialiste Jacques Attali. Laurent Fabius est un habitué des ministères depuis plus de 30 ans : le changement des hommes n’est pas pour maintenant.
Malgré un bilan tout aussi déplorable et impliquée dans de multiples affaires (intervention pour son fils délinquant, mensonges dans les affaires des écoutes, etc.), Christiane Taubira a été maintenue au ministère de la Justice, tout comme Marisol Touraine, mère comme l’Africaine d’enfants délinquants, qui reste aux Affaires sociales. Najat Vallaud-Belkacem, au cœur de multiples polémiques, perd une partie de ses attributions – le porte-parolat du gouvernement – mais obtient un ministère élargi du Droit des Femmes, de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Marylise Lebranchu garde la direction du ministère de la Décentralisation, de la Réforme de l’État et de la Fonction publique comme Aurélie Filippetti – malgré une forte contestation à gauche – celle du ministère de la Culture et de la Communication et Stéphane Le Foll celle du ministère de l’Agriculture, de l’Agroalimentaire et des Forêts. Il devient le nouveau porte-parole du gouvernement.
Le maçon Jean-Yves Le Drian conserve son ministère, malgré, lui aussi un bilan plus que mitigé, alors qu’il a envoyé des milliers de soldats Français en Afrique, au Mali ou en Centrafrique dans des missions impossibles. Le quarteron Arnaud Montebourg est reconduit dans un ministère élargi de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique, malgré, lui aussi des résultats bien peu concluants.
Petits échanges de postes entre amis
L’Africaine George Pau-Langevin passe du sous-ministère à la Réussite scolaire à un ministère de l’Outre-Mer. Michel Sapin, qui a revendiqué l’échec de la politique du gouvernement Ayrault en matière de chômage et donc les mensonges répétés des dirigeants socialistes sur la prétendue « inversion de la courbe du chômage », est promu, suite à cet échec, ministre des Finances et des Comptes publics. Bernard Cazeneuve, ancien sous-ministre aux Affaires européennes puis ministre du Budget de ministre de l’Intérieur, un poste pour lequel il n’a aucune qualification, sinon d’avoir participé, il y a quinze ans, à une commission d’enquête sur le fonctionnement des forces de sécurité en Corse. Enfin, Benoît Hamon prend la place de Vincent Peillon à l’Éducation nationale, l’Enseignement supérieur et la Recherche.
Sylvia Pinel, issue du Parti radical de gauche, devient ministre de Logement et de l’Égalité des territoires après avoir officié à l’Artisanat, au Commerce et au Tourisme. Le Parti radical de gauche occupe, avec Christiane Taubira (membre du parti crypto-indépendantiste Walwari apparenté), deux ministères.
Royal et Rebsamen, les deux « nouveaux »
Deux ministres font leur entrée au gouvernement, dont l’inénarrable Ségolène Royal, ancienne compagne de François Hollande, à la tête d’un grand ministère de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, malgré son rejet par les Français en 2007 (battue très largement aux présidentielles), par les militants du Parti socialiste en 2012 (7 % des voix des militants) et la même année par les Rochelais (à peine 38 % des voix). Le Juif – et néanmoins franc-maçon – François Rebsamen récupère le ministère du Travail, de l’Emploi et du Dialogue social.
Le gouvernement compte désormais plus d’un-tiers de non-Européens, avec les Juifs Laurent Fabius et François Rebsamen (13 % des ministres pour officiellement 0,5 % de la population), les Africains du nord Arnaud Montebourg et Najat Belkacem et les deux Africaines Christiane Taubira et George Pau-Langevin. Au moins trois ministres, dont le premier d’entre eux Manuel Valls sont francs-maçons.