Le Brexit, enfin acté le 1er février 2020 après de nombreuses obstructions, mais encore à mettre en forme, a été célébré comme une victoire par ceux qui considèrent l’U.E. comme une prison des peuples et une cause de l’étouffement de leur vitalité.
Il est vrai que l’U.E. est devenue au fil des ans un carcan nuisible au développement des peuples d’Europe qui en sont membres. Son organisation et son mode de fonctionnement actuels relèvent d’un modèle soviétoïde, en référence à la bureaucratie soviétique qui planifiait de manière centralisée la vie des peuples soumis à son autorité selon le cadre obtus de son idéologie marxiste-léniniste sans saisir la véritable nature des choses. La technocratie bruxelloise multiplie sous forme de directives des réglementations applicables par tous les Etats membres, traités comme de simples provinces, bien souvent après avoir repris les données prémâchées par les dizaines de groupes de pression économiques et politiques, les « lobbies ».
Ces contraintes sans cesse accumulées sont d’autant plus mal supportées qu’elles sont imposées par des autorités qui n’ont aucune légitimité, même pas selon les principes dits « démocratiques », puisque la Commission européenne est constituée de personnages irresponsables politiquement, nommés au sein de l’oligarchie européiste, en comité restreint. Cela, au nom de l’idée que seul un aéropage d’experts et de spécialistes – en réalité auto proclamés et adoubés par le magistère mondialiste – est capable de bien conduire les affaires.
Ce mal se double de la volonté de transformer, au fil des ans, ce qui, à l’origine n’était que le Marché commun, établi entre les Etats de l’Europe carolingienne afin de développer leurs économies, déjà complémentaires, en un projet à peine masqué d’instaurer un Etat fédéral, étendu aux limites de la Russie. Cela, au mépris de la volonté des peuples, comme l’a montré l’épisode du rejet, par les Français et les Néerlandais du traité instituant une Constitution européenne en 2005, considéré comme nul et non avenu par l’oligarchie européiste et transformé par Sarkozy, en 2007, en Traité de Lisbonne. Ce seul acte de forfaiture suffit d’ailleurs à délégitimer l’U.E. qui se construit sans les peuples, ou plus précisément sur l’oubli des nations qui ont pendant des siècles formé le socle politique de l’ordre européen.
Leur U.E. nous avait été vantée comme étant une garantie de paix en Europe. Or elle est un multiplicateur de conflits. En fait, la destruction des frontières et la volonté de normalisation et de centralisation dressent les Européens les uns contre les autres : ce sont l’Irlande et la Pologne qui s’opposent à propos des immigrés polonais en Irlande ; la Roumanie qui entre en conflit avec les autres pays à propos des Roms ; ce sont l’Italie et la France qui se heurtent à propos des migrants illégaux ; c’est le Danemark qui se fait tancer lorsqu’il rétablit des contrôles à ses frontières ; ce sont les petits pays qui s’agacent des diktats des plus grands, rapports de forces obligent.
Nous observons un paradoxe en ce sens que l’U.E. se comporte de manière dictatoriale avec les Etats membres en voulant leur imposer des règles communes qui ne leur conviennent pas, tandis que, dans le même temps, elle les livre pieds et poings liés à l’impérialisme financier des Etats-Unis et de la superclasse mondiale, à l’impérialisme commercial des Chinois et à l’impérialisme migratoire et civilisationnel du monde musulman dont un Erdogan sait intelligemment profiter.
Que le Royaume Uni ait voulu s’extraire de ce carcan se comprend. Cependant, Londres a toujours eu un pied hors de l’U.E. et, au fil des ans, a multiplié – et obtenu – des demandes de dérogations. Le Brexit clarifie la situation.
Cela précisé, la « liberté » recouvrée par Londres va-t-elle permettre aux Britanniques de s’engager sur une voie salvatrice ? Certes, ils vont pouvoir restaurer leur souveraineté nationale s’affranchir des règlementations de Bruxelles, qui contraignent surtout les PME, contrôler les flux migratoires plus sûrement qu’une U.E. abandonnée aux Accords de Schengen qui transforment les frontières extérieures de l’U.E. en passoires.
Mais cela va-t-il arrêter le déclin de la puissance britannique qui, sous cet aspect, participe de la décadence de l’ensemble de l’Europe occidentale ? Malheureusement pas. Car, tant à Londres, qu’à Bruxelles, à Paris, à Berlin, à Rome ou Madrid, c’est la même oligarchie qui détient le pouvoir, une oligarchie au service du mondialisme, pour laquelle les nations charnelles ne signifient rien, comme nous le montrent les propos d’un Macron pour lequel il n’y a pas de culture française.
Ces gens-là communient à l’anti-religion des droits de l’homme, simulacre de religion imposée par le magistère du judaïsme politique et de la maçonnerie, qui développe une culture de mort et de perversion des âmes et des cœurs. Partout, est promu un multiculturalisme destructeur des nations d’Europe. Partout, les mêmes réseaux financiers tirent les ficelles.
Bien sûr, ce petit monde peut avoir des divergences : ainsi, la City ne veut-elle pas se soumettre de quelque manière que ce soit à la technocratie bruxelloise. Mais tous se retrouvent pour nier l’identité charnelle et l’âme des nations d’Europe, et si quelqu’un veut en affirmer la réalité, il est combattu sans ménagement. C’est ainsi que s’est créée la césure entre l’Europe carolingienne et l’Europe centrale, se retrouvant dans le Groupe de Visegràd, avec le Hongrois Viktor Orban pour héraut principal.
Il faut sans cesse le répéter : l’Europe n’est pas une nation mais une civilisation qui est riche des nations qui la constituent, c’est-à-dire de peuples s’abreuvant à la même source de l’Antiquité gréco-romaine et du christianisme.
L’U.E. n’est pas l’Europe, mais une anti-Europe. Elle est un facteur de division de l’Europe qui inclut aussi la Biélorussie, l’Ukraine (que l’U.E. voudrait d’ailleurs « anschlusser », pensant trouver des alliés avec la Junte khazare au pouvoir à Kiev), et surtout la Russie, sans oublier l’Arménie et la Géorgie.
Pour que cette spécificité multinationale de l’Europe ainsi définie soit prise en compte, au service du bien commun de tous les peuples qui la constituent, il faut établir une structure de coopération souple. Elle se réalisera par l’établissement de traités bilatéraux, multilatéraux entre les Etats, mettant en commun leurs talents pour la réalisation de projets communs plus ou moins complexes, l’établissement de normes industrielles et économiques communes – l’UIC aux chemins de fer en offre un exemple réussi -, sachant que toute combinaison s’établira en prenant en compte, inévitablement, les rapports de forces existant entre les Etats. Mais il lui faut d’abord rejeter l’occupation spirituelle dont elle est victime, du moins à l’Ouest, être fière de son histoire, se ressourçant dans sa tradition.
Bien sûr, nombre de conflits demeurent en Europe, latents comme en Europe centrale ou ouverts, comme en Ukraine. C’est une épée de Damoclès menaçant les peuples d’Europe. Gageons qu’ils aient la sagesse de les taire au moins aussi longtemps que la maison Europe reste fissurée de toutes parts et assiégée plus que jamais par les peuples extra-européens.
L’Europe ne se réduit pas à la dimension d’un gigantesque conseil d’administration. Elle ne sera forte que par l’union des nationalistes en Europe, communiant dans l’attachement aux mêmes racines fondatrices et comprenant d’autant mieux les autres nationalismes que chaque nationaliste aime son pays. Car le nationalisme n’est pas la haine de l’autre, mais l’amour de son pays qui, par sa puissance, rayonne au-delà des frontières. Que les nationalistes français soient le fer de lance de ce dessein.
MILITANT
Éditorial de Militant n°723 – Février 2020