Chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (Val-de-Marne), le professeur Jean-Daniel Lelièvre a suivi toutes les phases de production des vaccins. Cet expert à la Haute Autorité de santé, qui prépare leur arrivée en France, regrette les effets d’annonces des laboratoires.
Il s’exprime dans leparisien :
Que vous inspire ce business des vaccins ?
Je n’aime pas cette impression de course qui n’a rien de scientifique. C’est surtout du marketing des laboratoires. Nous, on s’attendait à ce que les vaccins arrivent à ce moment-là. Le PDG de Pzifer a voulu dégainer le premier avec des résultats partiels pour faire le buzz et voir monter le prix de ses actions. Business et science sont deux mondes différents. Mais nous sommes dépendants de l’industrie et obligés de nous adapter à ces annonces.
Pour le grand public, tout semble s’accélérer…
On parle du vaccin depuis assez peu de temps alors qu’on aurait dû commencer à communiquer en avril en expliquant pourquoi le développement pouvait être rapide. On connaissait bien l’agent pathogène, on avait déjà tous les éléments technologiques en notre possession. C’est un virus quand même assez simple, ce n’est pas la grippe ou le VIH. Les industries pharmaceutiques n’ont pas pris trop de risque à développer des vaccins et aller vite dans l’outil de production. Normalement, on attend la fin de l’essai de phase 3 pour commencer à construire des usines et produire. Là, les chaînes ont déjà été construites et on va vite avoir des millions de doses.
Les affaires et la médecine, le profit et la santé… On sait lesquelles de ces donnés ont la priorité du côté de Big Pharma. En tous cas, pour ce produit, le stock ne sera apparemment pas un problème. Et cette rapidité, ce zèle à tout mettre en place… On croirait presque que c’était prévu. Mais je ne voudrais pas donner dans le complotisme…
Le vaccin est-il la réponse à tout ?
On ne va pas avoir beaucoup de recul sur la tolérance de ces vaccins. Mais en médecine, tout est question de balance bénéfice/risque. Les personnes qu’on va vouloir vacciner en priorité sont les sujets très à risque, pour qu’il n’y ait plus d’encombrement des services hospitaliers. Vous avez 70 ans, du diabète, de l’hypertension… Attraper le Covid peut-être catastrophique. Même s’il y a des effets indésirables, le risque est minime. Si on prend mon fils de 4 ans, il n’y a aucun bénéfice. Cela n’a d’ailleurs pas été validé pour les enfants. On les vaccinera peut-être plus tard, quand on aura accumulé suffisamment de données. Méfions-nous, et surtout soyons clairs sur le fait qu’on ne va pas vacciner tout le monde.
Voilà qui est par contre plutôt rassurant. On est loin de la société totalitaire prônée par un Christophe Barbier qui voudrait rendre chaque activité de la vie en société interdite à quiconque n’aurait pas son vaccin à jour.
Et Bill Gates dans tout ça ? Et son plan de traçage mondial qui fait la joie de Jacques Attali ?
A quoi ressemblera le monde de l’après Covid ? De l’après vaccin ? De l’après le grand reset ?
Difficile d’avoir de certitudes. Ou plutôt juste une seule : ce monde, nous serons toujours là pour lui faire face.