75 millions d’euros de dettes
Selon un audit commandé par l’UMP, le parti est endetté à hauteur de 74,5 millions d’euros. Le cabinet qui l’a réalisé met en lumière de multiples dérives et préconise des purges sévères. Outre l’achat du siège du parti et l’argent dépensé pour combler les pertes des années précédentes, le parti – largement financé par le contribuable de multiples manières – apparaît avoir été un immense réservoir que chacun des dirigeants venait piller tour à tour.
Les nombreux permanents du parti pourraient être touchés, même si les dirigeants excluent un plan social. Ils voudraient profiter des licenciements de plusieurs cadres (l’ancien directeur général Éric Cesari, la directrice financière Fabienne Liadzé, le directeur de la communication Pierre Chassat). La propagande politique devrait également être largement réduite. L’arrêt du financement de Bygmalion et autres sociétés qui paraissent n’avoir été créées par les amis ou membres de l’UMP que pour profiter de l’argent public, au premier rang desquelles Com+1 de Guillaume Peltier, devrait permettre de substantielles économies.
C’est surtout le comportement scandaleux des cadres qui explique cette dette abyssale : hôtels de luxe, voyages en première classe, etc., des dépenses à la limite des détournements et des abus de biens sociaux. Nadia Copé, la femme de Jean-François Copé, aurait fait payer par le parti pour 27 000 euros de billets d’avion – plus de deux fois le salaire de deux années d’un ouvrier au SMIC.
Rachida Dati – et ses frères et sœurs ? – aurait dépensé chaque année pour 10 000 euros de téléphone – neuf mois de salaire au SMIC. Elle aurait également fait embaucher par le parti une personne à sa disposition, pour le salaire de 7 000 euros par mois, en plus des personnes déjà payées directement par le contribuable, grâce à son siège de parlementaire à Bruxelle ; malgré la prise en charge par les contribuables de ses frais de déplacement, elle a exigé à l’UMP le remboursement de plus de 9 000 euros de billets de train et 4 000 d’avion en 2013.
« Que certains déclarent par qui sont payés leurs collaborateurs. Qu’ils disent aux Français qui payent leurs vacances, des patrons milliardaires français ou étrangers ! »
a-t-elle réagi, évoquant à mot couvert François Fillon qu’elle accuse de l’avoir dénoncée.
Xavier Bertrand aurait, lui, fait financer un réveillon pour sa famille dans un Center Parc, une société néerlandaise qui plus est.
Nicolas Sárközy : le non candidat d’un parti-mort ?
Selon une enquête de l’IFOP, 59 % des Français ne souhaitent pas que Nicolas Sárközy soit candidat à la prochaine élection présidentielle. L’UMP – dont les sympathisants sont eux largement favorables à une candidature Sárközy – se retrouve dans une impasse avec pour seul candidat crédible un homme rejeté des Français et impliqué dans d’innombrables affaires.
Pendant que Nicolas Sárközy estime les chances d’être réélu président de leur République avant d’être condamné pour bénéficier de l’immunité, l’UMP continue à se déchirer.
« Pour donner des leçons de morale, il faut être exemplaire. Je commence à être fatigué des leçons de M. Juppé. Je croyais que les épreuves de la vie avaient enfin débarrassé Alain Juppé de cette épouvantable arrogance, cet insupportable mépris dont il accable depuis toujours ceux qui sont en désaccord avec lui. Force est de constater que non »
a lancé Henri Guaino. Alain Juppé, membre du triumvirat en charge du parti, s’était attaqué à Nicolas Sárközy, dont Henri Guaino demeure l’homme-lige :
« Vilipender une institution de la République, à savoir l’institution judiciaire, comme le font certains responsables politiques, ne me paraît pas de bonne méthode »
avait affirmé le politicien corrompu condamné, après que Nicolas Sárközy eut attaqué la Justice après sa mise en examen.
« Nous avons un parti qui est déjà mort, un parti qui ne distribue plus que des investitures et ne produit plus d’idées nouvelles. Nous ne pouvons pas faire autrement que de changer de nom. Ce n’est pas une restructuration avec un congrès a minima qu’il faut, mais une véritable révolution ! »
a lancé Christian Estrosi, maire de l’une des villes les plus bourgeoises de France. Celui qui ne doit sa place qu’à l’égoïsme des bobos a précisé :
« l’UMP est devenue un parti bourgeois et élitiste »
ajoutant encore qu’il était prêt à quitter le parti… tout en apportant encore son soutien à Nicolas Sárközy.
La situation n’en finit plus de s’aggraver chez les libéraux-conservateurs – une enquête a été ouverte concernant le paiement par l’UMP des pénalités infligées à Nicolas Sárközy – pour le plus grand discrédit de la classe politique, et pour le plus grand bénéfice de Marine Le Pen.