Le génocide ukrainien et la marche du monde
En cette fin d’été 2023, la guerre continue de faire rage en Ukraine. Selon les estimations récentes, le nombre de morts du côté ukrainien dépasserait les quatre cent mille. La coalition occidentale continue ostensiblement à soutenir le pays et lui fournit peu à peu des armements de plus haut niveau, des chars, des avions de combat. Malgré l’annonce d’une contre-offensive depuis plusieurs semaines, le rapport de force semble rester à l’avantage de la Russie.
De son côté, la Russie a résisté à l’escalade des sanctions occidentales, a noué de nouvelles alliances et renforcé considérablement les liens avec des pays puissants, tels que la Chine et l’Inde. Le bloc des BRICS, dont elle est un membre important, se pose en contrepoids du bloc occidental et laisse espérer à certains la naissance d’un monde réellement multipolaire, dans lequel les États-Unis n’occuperaient plus une place hégémonique.
En Occident, les analystes militaires, experts économiques et responsables politiques se répartissent principalement en deux groupes. L’un des groupes semble aveugle aux réalités du terrain et prône la continuité de la politique menée jusqu’à présent, affichant sa confiance dans le succès final et la défaite russe. L’autre groupe qualifie la bataille d’Ukraine contre la Russie de perdue, et explique la défaite annoncée du camp occidental par une mauvaise estimation initiale des capacités de la Russie, de la cohésion de son peuple et de l’habileté du président Poutine dans le domaine diplomatique et militaire. La défaite attendue est interprétée comme le crépuscule de la domination occidentale sur le monde.
Ces analyses opposées ont une profondeur limitée et ne révèlent ni la réalité des intentions des acteurs en présence sur le théâtre mondial, ni les perspectives globales qui en découlent. Bien que les buts de guerre des belligérants ne puissent être connus avec certitude, l’observation du déroulement du conflit et le bon sens permettent de formuler des hypothèses plausibles, et de tenter d’infléchir les pires scénarios possibles dans un sens plus conforme aux intérêts des peuples européens.
Sur la genèse de la situation actuelle, je rejoins les remarquables démonstrations du colonel Jacques Baud, qui a mis en lumière la volonté des États-Unis de provoquer l’entrée en guerre de la Russie en Ukraine, notamment par la pseudo-révolution de 2014 et la politique appliquée ensuite envers les minorités russophones du pays. Cependant, je pense que la stratégie sous-jacente des États-Unis, du moins de l’état profond qui contrôle ce pays, est beaucoup plus élaborée que ce qu’il en paraît.
Les provocations contre la Russie, qui ont obligé le président Poutine à déclencher son opération spéciale, ont certes été prises sous l’égide d’un président américain sénile, mais ce dernier n’est à l’évidence qu’une marionnette agitée par des stratèges assez habiles pour ne pas paraître en pleine lumière. Les développements intervenus sur le terrain ukrainien et dans le monde depuis le début de l’opération spéciale étaient parfaitement anticipables pour les services de renseignement des États- Unis. S’ils étaient anticipables, ils ont été anticipés et correspondent donc à des objectifs en soi des stratèges, ou à une phase jugée nécessaire pour l’atteinte des objectifs finaux.
Le développement le plus visible sur le terrain est le saignement de l’Ukraine dans ce qu’un peuple a de plus précieux, sa jeunesse et sa population d’âge mûr, sur lesquels reposent la force du pays et son avenir démographique. Les estimations approchent le demi-million de morts, et le recrutement militaire s’étend, avec pour certains une espérance de vie des plus courtes dès lors qu’ils sont envoyés sur les lignes de front. Puisqu’aucune tentative de négociation n’est menée, que bien au contraire cette voie a été fermée sous pression occidentale, et que le rapport de forces entre l’Ukraine et la Russie est à l’avantage écrasant de la Russie, l’extermination du peuple ukrainien ne peut pas être considérée comme une perte nécessaire, assortie d’une perspective de victoire du pays. Nous assistons à un génocide ukrainien, voulu par les stratèges américains, et commis par instrumentalisation, à son corps défendant, de la Russie.
Les commentateurs ont souvent relevé la contradiction apparente entre l’existence d’un fort nationalisme dans certaines régions de l’Ukraine, confinant à une forme de « nazisme », et le soutien apporté par l’Occident aux tenants de cette idéologie. Il n’y a là aucune contradiction. Les États- Unis et le camp occidental, au travers de leurs cercles dirigeants, procèdent de fait à la « dénazification » dans le sang de l’Ukraine, là où le président Poutine souhaitait seulement procéder à une « dénazification » idéologique par pression sur le régime ukrainien. Le génocide ukrainien en cours prend la forme la plus hypocrite qui soit, puisqu’il n’est question en Occident que de solidarité et de soutien.
Parallèlement au génocide ukrainien, l’autre développement majeur, suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, est l’affaiblissement de l’Europe, couplé à un maintien et même à un renforcement de la Russie. Mon analyse est que ce développement fait lui aussi partie des buts de guerre des stratèges à l’œuvre aux États-Unis, bien qu’il ne corresponde ni aux aspirations du peuple américain, ni encore moins à celles des peuples européens. Les régimes dits démocratiques permettent en principe aux peuples d’exercer une forme de souveraineté, mais il a toujours été évident que les peuples n’avaient pas leur mot à dire sur la politique étrangère des états ni sur le déclenchement des guerres. La démocratie n’est pas incompatible avec le sacrifice des peuples pour des intérêts dissimulés.
L’affaiblissement de l’Europe par la guerre en Ukraine est lié aux ponctions pratiquées dans les budgets nationaux pour le soutien militaire à l’Ukraine, et à la rupture des liens économiques avec la Russie, dont celui de l’approvisionnement en matières premières essentielles à son industrie. Il s’inscrit dans une stratégie plus large, globale et cohérente, comprenant une composante idéologique, couramment dénommée wokisme, une invasion migratoire injustifiable par des critères rationnels d’intérêt économique, et l’atteinte à l’intégrité physique de la population par les injections forcées de substances quasi-exclusivement produites par des entreprises américaines. Les États-Unis ne sont pas épargnés par des atteintes analogues, mais la guerre en Ukraine ne leur est pas aussi nuisible économiquement.
Qu’adviendra-t-il lorsque le processus génocidaire engagé en Ukraine aura atteint ses limites, que ce pays aura sacrifié ses forces vives et la maîtrise de son avenir ? Qui peut soutenir que commenceront alors les négociations qui auraient pu éviter le massacre si elles avaient été menées plus tôt ? Non, le temps sera évidemment venu d’un élargissement de la guerre. L’Europe affaiblie, avec ses centaines de millions de résidents qui ne forment déjà plus des peuples homogènes, et la Russie en ordre de bataille, préparée militairement au combat par les opérations actuelles, dotée d’une population moindre mais d’un territoire immense, s’affronteront alors directement. La propagande occidentale présentera le président Poutine comme le seul responsable du désastre ukrainien et de la misère économique qui se sera abattue sur l’Europe, suscitant ainsi une certaine adhésion à l’entrée en guerre directe des pays européens.
Une guerre atomique ? Peut-être, mais en dernière extrémité. Une guerre conventionnelle longue est plus ciblée et aussi efficace, dès lors que les forces ont été équilibrées au préalable pour que le feu soit le plus long possible. Elle préserve par ailleurs l’environnement, qui pourra ainsi être restauré dans une phase ultérieure. De même que les forces vives de l’Ukraine sont aujourd’hui en cours de destruction, celles de l’Europe seront aussi sacrifiées sur les théâtres de combat. La parité tant vantée par les autorités n’a pas cours dans les guerres de terrain. La guerre touchera surtout les jeunes hommes, sauf les immigrants récents qui ne verront sans doute pas l’intérêt d’aller mourir au front . La situation hors des zones de combat sera donc inédite et potentiellement décevante pour les combattants.
Que feront les États-Unis pendant ce temps ? Ils fourniront des armes, comme ils l’ont fait durant tant de guerres, et soutiendront la poursuite des opérations, sans intervenir massivement sur le terrain européen. Ils guetteront le moment opportun d’un nouveau débarquement, non pas en Normandie, mais aux confins Est de la fédération de Russie, qu’il leur appartiendra de séparer de la Russie. C’est alors que commencera le grand bras de fer avec la Chine, dont les modalités sont imprévisibles, mais qui exploitera toutes les faiblesses de ce pays. La Chine anticipe d’ores et déjà ce conflit final, et espère l’emporter. Rien n’est moins sûr.
La guerre actuelle en Ukraine n’est donc que le début d’un nouveau conflit mondial, où certains voient trop vite l’amorce d’un nouvel ordre multipolaire, et la relégation de l’Occident à un statut de second rôle qui préserverait néanmoins la paix en son sein. Ce n’est pas le cas, car l’Occident n’est plus gouverné par des individus soucieux de l’intérêt des peuples qui le composent. Les dirigeants trahissent les peuples, bien qu’ils vivent à leurs dépens. Ils servent une partie seulement de sa population, qui ne considère pas son destin lié à celui du reste de la population, car elle se considère fondamentalement dotée d’une identité distinctive propre. Sa maîtrise des technologies modernes lui permet par ailleurs de ne plus considérer la démographie comme un atout.
A l’heure où le christianisme populaire traditionnel décline en Occident, la Bible conserve son statut chez certaines élites chrétiennes et juives. Elle a été le livre de référence des Pères fondateurs des États-Unis, et est celui des Juifs, si l’on excepte le Nouveau Testament. L’espérance du Messie est partagée par Chrétiens et Juifs, bien qu’ils divergent sur la question de son identité. Une alliance judéo-chrétienne est née aux États-Unis sur cette base. Or la venue du Messie n’est pas, selon la Bible, l’aboutissement d’une période de paix universelle préalable, mais celui de guerres et de malheurs pour les peuples ennemis d’Israël, pris au sens premier comme les descendants de Jacob. En particulier sont prophétisées les guerres de Gog et Magog, que les Juifs identifient sans conteste possible à la Russie et au régime en place à Moscou, censé prendre la tête d’une coalition hostile à Israël. La Bible peut aussi être considérée comme un programme d’action, qu’il convient de suivre pour obtenir le résultat espéré.
L’inaction, dans l’explosion démographique actuelle de nombreux pays, conduirait inexorablement à la dissolution de l’alliance judéo-chrétienne parmi une multitude de peuples qui domineraient la planète par leur simple nombre. Que ce soit par référence convaincue aux prophéties du Livre sacré, par intérêt clanique bien compris, ou par ralliement intéressé, une puissante caste issue des deux religions est décidée à agir sans tarder pour maintenir son rang dans le monde, sans rivalité possible. Cette ambition suppose l’effondrement de toutes les nations fortes, y compris de la nation américaine, du moins pour la part qui ne s’identifie pas aux intérêts d’Israël. Les États-Unis restent cependant plus préservés que l’Europe, qui pourrait subir pour la troisième fois en un peu plus d’un siècle une guerre destructrice sur son sol. La première de ces guerres a conduit à la création d’un foyer national juif en Palestine, la deuxième à la création de l’état d’Israël, et la troisième marquerait l’arrivée des temps messianiques, avec selon les Juifs la reconstruction du Temple à Jérusalem, et selon les Chrétiens la reconnaissance universelle de Jésus puis le début d’une longue ère de paix. Cela explique les propos de Jacques Attali, envisageant l’établissement de la capitale du futur gouvernement mondial à Jérusalem.
On peut contester ces logiques et ne voir dans les guerres mondiales que le résultat de concours de circonstances indépendantes de l’action volontaire de groupes particuliers. La période présente ne ferait alors que traduire le pourrissement naturel des vieilles nations occidentales, à l’image de la sénilité du vieillard placé à la tête du pays le plus puissant du monde. Ces nations se seraient lancées dans un pari désespéré pour conserver leur prééminence, et seraient en train de perdre définitivement la partie. Une telle position n’est selon moi pas tenable, tant il est visible que les gouvernements occidentaux ont un projet, dont la conduite les contraint à étouffer et réprimer les aspirations de leurs peuples. Ils n’hésitent pas à promouvoir des mœurs autrefois considérées comme décadentes, et à constituer ainsi des forces hétéroclites de division. Les peuples occidentaux sont les victimes d’une ingénierie sociale redoutable, financée par des intérêts puissants, et du dévoiement de la notion de démocratie par un système d’information de masse monopolistique, sous une apparence de diversité. Ils sont privés du pouvoir d’agir sur leur destinée. L’abstention électorale massive en est l’un des signes.
Les peuples européens ressentent confusément que quelque chose ne va pas dans leurs systèmes politiques, et qu’ils sont trompés à chaque fois qu’ils placent leurs espoirs dans des promesses électorales. Ils ne parviennent cependant pas à admettre qu’ils sont trahis de la façon la plus radicale qui soit. Une frange significative continue à croire en l’utilité des manifestations ou des élections.
Quant aux militaires et gendarmes, ils sont habitués au légalisme, et rechignent à mettre en cause leur position sociale et leurs avantages. Seule une partie des populations se rebelle, encore pacifiquement, contre la malveillance des régimes. En France, elle est de plus en plus montrée du doigt, accusée de racisme, d’hostilité à la science ou de séparatisme, et ne parvient pas à ébranler le mur d’incompréhension dressé entre elle et les masses crédules ou dociles.
La politique de répression des peuples occidentaux est menée par des forces internes à l’Occident, dont le projet n’est pas le bien public. Ces forces n’hésitent pas à conclure des alliances tactiques extérieures contre leurs propres peuples. C’est la Chine qui a permis le lancement en Occident de l’opération Covid, en simulant une pandémie hautement mortelle et en théâtralisant le recours à des mesures drastiques, qui ont ainsi pu être implémentées à l’identique dans les pays occidentaux malgré leur contradiction avec les règles de gestion normale des pandémies. La psychose induite a ensuite justifié les injections massives de produits de laboratoires américains, dits à ARN messager, que la Chine s’est gardée d’utiliser elle-même. Il est bien documenté que le laboratoire chinois de Wuhan avait bénéficié de la coopération de milieux français et américains, et qu’un exercice de gestion de crise sanitaire globale avait été opportunément mené en octobre 2019 à New-York sous le nom de Event 201. La collusion de la Chine avec certains intérêts occidentaux est donc patente.
Il est plausible que la Chine ait accepté de réaliser l’opération de communication initiale Covid en estimant que la partie occidentale appelée à prendre le relais était mue par le seul appât du gain attendu de la vente des solutions injectables, et que l’affaiblissement occidental qui en résulterait lui serait finalement favorable. Or, la partie d’échecs planétaire qui a été lancée avec l’intervention rendue obligatoire de la Russie en Ukraine est une partie où les joueurs planifient de nombreux coups à l’avance, et savent entretenir l’illusion d’une spontanéité permanente. L’Angleterre, puis les États-Unis, ont su par le passé démontrer leur extraordinaire capacité de stratégie à long terme. La Chine en a déjà été une grande victime. Elle a été humiliée lors des guerres de l’opium comme par l’échec de sa réunification avec Taïwan. Pour elle, c’est un quitte ou double qui se profile, car elle est devenue trop puissante pour qu’un aspirant à la domination mondiale tolère indéfiniment son statut actuel.
La Russie est en apparence dans une situation favorable, avec sa supériorité manifeste par rapport à l’Ukraine et sa possession d’armes avancées, en particulier nucléaires. Elle est en réalité en position de faiblesse devant un adversaire qui évitera soigneusement de lui offrir un prétexte de recours à l’arme nucléaire, et qui ne s’embarrasse pas de l’extermination de la population ukrainienne ni de celle de la population européenne. Cette extermination pourrait même être un but de guerre en soi. La survie de l’Europe est totalement inutile à la puissance des acteurs à l’œuvre aux États-Unis. Son antisémitisme souvent allégué, illustré dans le passé par la destruction du second Temple de Jérusalem, ses racines religieuses plongeant dans un catholicisme hostile au judaïsme, puis ses prétentions répétées à s’organiser sur des bases nationales homogènes, jouent en sa défaveur.
L’Europe servira de combustible dans la guerre de destruction mutuelle qui s’annonce avec la Russie, et avance vers l’abattoir dans une insouciance proche de l’inconscience.
Que peut-on conclure de ce constat ? Il est manifestement trop tard pour qu’une prise de conscience générale permette d’échapper aux évènements dramatiques qui se profilent. Que ceux qui doutent observent attentivement le déroulement de la guerre en Ukraine, et la destruction de ses forces vives sous couvert de son intérêt national. Qu’ils identifient les soutiens à cette guerre et l’hypocrisie des motivations affichées. Qu’ils tentent de se persuader que l’Ukraine n’est pas la victime d’un génocide silencieux et implacable, alors que la partie russe ne fait que protéger son pays et les populations russophones. Le jour où la logique continue des évènements leur imposera un nouveau schéma de compréhension, ils discerneront le sort dévolu à notre propre pays, la France.
Le coup est déjà parti. Il ne peut plus être arrêté, mais seulement en partie esquivé.
Dans la guerre qui se profile, tout combattant engagé sera perdant, quel que soit son camp. Les véritables adversaires tirent les ficelles et sont hors d’atteinte. Chaque époque, chaque génération a eu un combat à mener et a dû faire des choix en conscience. L’engagement dans le combat des armes a souvent été l’un des plus honorables. Dans les temps qui viennent, le bon combat sera différent. Il imposera de préserver son intégrité humaine et de neutraliser, pour exercer un jour la justice, les sentiments de haine ressentis à l’encontre de ceux qui ont laissé faire, par égoïsme, naïveté ou duplicité. Il sera celui de l’effort pour préserver ses proches et aider les personnes en détresse. Il sera celui de la restauration d’une nation sur les bases morales dont notre humanité a été dotée dans son essence même. Le bon combat est déjà commencé, par la parole et par l’exemple. Que chacun de nous puisse en sortir vainqueur.
Je pense que vous êtes dans l’erreur
La guerre. Sera nucléaire et les usa vont disparaitre sous les frappes russes