La CNDA – Cour nationale du droit d’asile – est une juridiction administrative française qui statue sur les recours en général formés par les « demandeurs d’asile » auxquels le statut protectif leur est refusé (et donc censé quitter le territoire, ce qui n’arrive en réalité que très rarement). Le 24 octobre dernier, un juge de cette cour a été révoqué pour « manque d’impartialité ». Il s’agit de Jean-Marie Argoud, fils du légendaire colonel Argoud.
Le motif de sa révocation : un « doute sur son impartialité » envers les immigrés, musulmans et LGBT+ en raison de quelques publications sur les réseaux sociaux (dont certaines ont plus de dix ans !), ce qui devrait pourtant relever de sa liberté d’expression puisque Jean-Marie Argoud n’a jamais été poursuivi, ni encore moins condamné, pour aucune d’elles et qu’elle n’ont jamais concerné des dossiers dont il aurait pu être saisi à son poste…
Sous le motif officiel, c’est la chasse aux sorcières « d’extrême-droite » et le délit d’opinion qui transparaissent. Que lui reproche-t-on réellement ? De ne pas renier son père et ses combats pour l’Algérie Française, une rigueur professionnelle dans ses fonctions, un refus des interprétations les plus extensives possibles des lois et règlements d’attribution de l’asile, c’est-à-dire le projet des nouveaux inquisiteurs immigrationnistes…
Soutien à Jean-Marie Argoud ! C’est sans doute des magistrats comme lui dont la France aura besoin quand on aura dégagé la clique anti-nationale qui nous gouverne.
Argoud : « La Décadence, l’imposture et la tragédie ». Un titre toujours d’actualité ?
Je vous parle d’un temps que les moins de soixante-dix ans ne peuvent avoir connu…
Un temps où un certain général de Gaulle, président de la république dite française, ayant dit à Alger « Français je vous ai compris » allait renier sa parole et l’engagement de la France, laissant des dizaines de milliers de harkis, fidèles à la France et à ses engagements, se faire égorger dans les années suivantes autant par le FNL que par la bienpensance gaullo-socialo-communiste française qui les avait désarmés intentionnellement.
La répression gaulliste qui s’abattit lors du putsch d’Alger sur les trop rares authentiques patriotes français respectueux des engagements de la France, notamment, pour les officiers vis à vis de leurs hommes (les harkis), fut impitoyable grâce au zèle socialo-communiste… Elle s’exerça encore bien après la proclamation de l’indépendance de l’Algérie, poursuivant de sa vindicte tous ceux pour qui l’honneur avait un sens, le colonel Antoine Argoud fut de ceux-là…
A l’inverse, les collabos de l’anti-France et les fameux « porteurs de valises » furent portés aux nues.
L’une des passionarias des tueurs du FNL, finira même au panthéon : Germaine Tillion !
Mais est-ce vraiment fini ?
L’amnistie des condamnations des tribunaux d’exception n’eut lieu qu’après la grande trouille gaulliste de mai 68, quand, affolé, le général partit faire du tourisme en Allemagne… Cette brusque volonté gaulliste de « rassembler la nation » après avoir tout fait pour la diviser durant les vingt années précédentes, permit aussi d’effacer certaines des grandes rancœurs volontairement bien ancrées à la fin de la guerre sur la collaboration. C’est ainsi que – contraint et forcé – De Gaulle accepta enfin que Paul Morand soit élu à l’Académie française, ce qu’il avait toujours refusé jusque-là, depuis son élection envisagée en 1959, au seul motif qu’il avait été ambassadeur de France à l’époque de Vichy… Pierre Benoist, furieux, avait alors déclaré qu’il ne reviendrait siéger à l’académie que le jour où Paul Morand y serait enfin élu… Pierre Benoist, mort en 1962, ne sut jamais que Paul Morand coifferait un jour le bicorne ; ce sera fin 1968.
Il faudra pourtant attendre jusqu’en 1982 pour que Mitterrand fasse réintégrer les officiers généraux putschistes dans l’armée (cadres de réserve pour ceux qui avaient encore l’âge d’y être !) malgré l’infecte intervention haineuse de Pierre Joxe…
On comprend que dans les années 70, le retour des « proscrits » fut accueilli avec enthousiasme par certains, et avec haine par d’autres.
Le colonel Antoine Argoud fut victime de ces derniers… (Et on n’évoquera pas ici son enlèvement à Munich et son « rapatriement » forcé par les barbouzes gaullistes, puis son jugement et son incarcération.)
Argoud usera alors de ses talents dans la rédaction d’ouvrages historiques et sociaux politiques sur cette période agitée.
Compte tenu de l‘importance de son action lors du putsch d’Alger et de la qualité des analyses de ce polytechnicien resté fidèle à la tradition militaire de l’école, les ouvrages de ce stratège reconnu ont fait date. « La Décadence, l’imposture et la tragédie » (Ed. Fayard – 1974) reste l’un des plus connus du public…
Sa sortie fut pour moi l’occasion d’une rencontre inoubliable.
Chaque année se déroule le « Science po – Day », une manifestation à la mesure de l’importance d’alors de l’école : on y accueillait toutes sortes d’écrivains et de personnalités politiques ayant écrit des livres venus faire une journée dédicace…
En 1975 ou 76 je suis donc allé à cette manifestation, rue Saint Guillaume. J’y repérais très vite une table où siégeait le colonel Antoine Argoud. J’y fis donc la queue, « La décadence… » en main…
Lorsque j’arrivais devant lui, Antoine Argoud prit mon exemplaire et sans même lever la tête, ni me demander mon nom pour la dédicace il me demanda :
« Vous êtes d’où ? » Peut-être, vu mon âge, pensait-il que j’étais élève à science Po…
« Je suis à l’Ecole Normale supérieure de Saint Cloud. »
« Ah ! Et on vous parle de types comme moi là-bas ? »
« Non mon colonel, mais quand on a huit ou dix ans, qu’on est en vacances au Maroc vers Oujda, et qu’on voit, en passant en voiture, au long de la frontière algérienne, de l’autre côté de l’oued, des hommes pendus par les pieds aux poteaux télégraphiques, le ventre ouvert… Cela laisse des souvenir qui posent des questions ! »
Argoud pâlit, me regarda en répliquant :
« Vous faites quoi ce soir ? »
« Rien de particulier mon colonel. »
Argoud s’est levé, a demandé un instant, et est parti à l’autre bout de la salle s’entretenir avec un homme que je ne connaissais pas, puis est revenu, m’a dédicacé son livre et me l’a rendu en disant :
« Alors à ce soir, soyez là vers 19 h. »
Et sans attendre de réponse il passa au lecteur suivant…
Un peu déconcerté je terminai mon tour de salle, découvrant alors le personnage qu’Argoud avait été voir : Jaques Benoist-Mechin !
Un monument historique et politique que les gens oublient un peu trop de nos jours…
Ecrivain, historien, journaliste, diplomate et homme politique, Jacques Benoist Méchin membre du gouvernement du maréchal Pétain, condamné à mort en juin 44, gracié par le président Auriol, condamné à la prison à vie et finalement libéré en 1953, sera le conseiller pour le Moyen Orient de tous les présidents de la Ve république, Charles de Gaulle compris, quelles que soient leurs orientations politiques… jusqu’à sa mort en février 1983…Il aura traversé et assisté tous les régimes.
Je lui ai fait dédicacer le premier tome du « Rêve le plus long de l’Histoire » consacré à Laurence d’Arabie. Il m’a regardé avec ce seul commentaire :
« Alors nous dînons ensemble ce soir. C’est bien ce que m’a dit Argoud ? »
Totalement interloqué j’ai à peine dû bredouiller trois mots…
Mais dîner entre Argoud et Benoits-Méchin fait partie des grands souvenirs de ma vie où toute une tranche de l’histoire de la France contemporaine a été évoquée et surtout commentée par ces deux monuments…
J’ai toujours regretté de ne pas avoir pu prendre de notes !
Pourquoi donc évoquer Antoine Argoud aujourd’hui ?
Parce que la presse algérienne se fait l’écho de manœuvres, hélas couronnées de succès, qui visaient à faire récuser son fils Jean Marie, avocat et nationaliste connu, manœuvres qui ont évoqué et se sont appuyées sur l’ouvrage pré-cité : « La décadence , l’imposture et la tragédie » :
« Chef d’état-major du général Massu à Alger, le colonel Argoud, théoricien de la guerre dite psychologique et de l’usage de la torture puis dirigeant de l’OAS, pensait que les peuples colonisés ne méritaient pas la justice et ses normes « civilisées ». Son fils magistrat Jean-Marie, grand défenseur des idées de son père, vient d’être récusé par la Cour nationale du droit d’asile…/…
« Fait rare, un magistrat de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA) a été récusé en octobre 2023 par ses pairs. Ceux-ci ont estimé que ses « prises de position […] sont de nature à créer un doute sérieux sur son impartialité en tant que juge de l’asile ». Cette procédure faisait suite à des demandes de plusieurs avocats contre le juge.… / …
Il n’est ici, bien sûr, pas question de faire porter les crimes du père sur les épaules du fils. Ce n’est pas la filiation biologique, mais intellectuelle qui est en cause. En l’occurrence, la conception qu’avait Antoine Argoud de la justice, largement exposée dans son ouvrage principal [La décadence, l’imposture et la tragédie], et le fait que son fils — se réclamant de la pensée de son père — soit magistrat ne peut qu’interroger. » (Orient XXI)
La résistance antinationale ne désarme donc pas : les héritiers de Germaine Tillion triomphent encore !