Deux siècles après leur mort, les restes de militaires russes et français tombés lors de la terrible retraite de Russie, ont été inhumés conjointement, avec les honneurs, ce 13 février 2021, près du champ de la bataille de Viazma, une ville russe située environ 200 km à l’ouest de Moscou. Un rare moment d’unité franco-russe l’année du bicentenaire de la mort de Napoléon.
Les 126 soldats du tsar Alexandre Ier et de la Grande Armée de Napoléon, mais également trois adolescents (probablement des tambours) et trois probables vivandières, étaient tous tombés lors de la retraite de Russie en 1812, lors de la bataille de Viazma du 3 novembre, deux semaines après le début de la retraite qui culminera peu après dans l’horreur avec la traversée meurtrière de la Bérézina.
Leurs dépouilles avaient été découvertes en 2019 dans une fosse commune, entre Smolensk et Moscou. Des boutons métalliques d’uniformes ont permis d’établir que certains des défunts « appartenaient aux 30e et 55e régiments d’infanterie de ligne et au 24e régiment d’infanterie légère de l’Armée de Napoléon », explique Alexandre Khokhlov, chef de l’équipe d’archéologues sur place.
Sous la neige et par environ -15°C, huit cercueils recouverts des oriflammes des deux nations, dans lesquels ont été répartis les 126 dépouilles, ont été mis en terre au son d’une salve de canon et en présence d’une centaine de figurants en costumes d’époque, d’officiels mais aussi de descendants de grands généraux de l’époque napoléonienne.
« Au fil des générations, la mort et le temps réconcilient tout le monde », a déclaré Ioulia Khitrovo, 74 ans, arrière-arrière-petite fille du général en chef du tsar Mikhaïl Koutouzov, considéré comme un héros national pour avoir repoussé Napoléon.
Le Prince Joachim Murat, arrière-arrière-petit neveu du célèbre maréchal de Napoléon, a lui exprimé sa « très grande émotion » d’être présent à Viazma « pour saluer la mémoire des soldats de Napoléon ». « Que votre paix soit aussi celle de nos peuples, que votre fraternité soit aussi celle de nos Nations », a-t-il déclaré durant la cérémonie.
A l’heure où la Russie est à couteaux tirés avec l’Europe de l’Ouest sur moult dossiers, la cérémonie à Viazma a marqué un rare moment d’unité symbolique.