Persécution d’un médecin dijonnais pour une prétendue homophobie
Sur la page Facebook, publique, « les médecins ne sont pas des pigeons », un généraliste remplaçant de Dijon avait décrit un patient homosexuel, des propos, suivis de commentaires controversés.
Dans son message, le médecin évoque le cas d’un patient venu le consulter pour une fissure anale. « Le truc, c’est que le patient est homosexuel. Pas un homo de type ‘fofolle’ avec des manières surjouées, plutôt un monsieur tout le monde », écrit-il. Il assure avoir frôlé l’erreur médicale en adressant le patient à un gastro-entérologue pour une opération lourde car, explique-t-il, ne sachant pas que son patient était homosexuel, il est passé à côté du « chancre syphilitique », premier symptôme de la syphillis, une maladie sexuellement transmissible. Et l’affaire ne s’arrêtera donc pas là. Le conseil de l’Ordre des médecins de Côte d’Or vient de décider de porter plainte contre le généraliste pour ces propos pourtant d’une grande banalité et qui ne paraissent empreint d’aucun caractère péjortaif…
Après l’audition du praticien tout début janvier et l’examen des documents versés au dossier par les associations LGBT, le conseil départemental de l’Ordre des médecins a constaté, ce lundi 9 janvier, trois infractions caractérisées au code de déontologie et a décidé en conséquence de porter plainte auprès de la chambre disciplinaire. « Ce généraliste a enfreint l’article 2 sur le respect de la vie privée et de la dignité des patients », explique ainsi Jean-Pierre Mouraux, président du conseil départemental de l’Ordre.
Mais ce n’est pas le seul. « L’article 7 qui impose aux médecins de « soigner avec la même conscience toute les personnes quels que soient leur origine, mœurs ou appartenance » à une communauté a aussi été enfreint, continue le médecin. Tout comme l’article 31 demandant aux praticiens de « s’abstenir de tout acte de nature à déconsidérer » la profession ». Des fautes graves ? Le président de l’Ordre ne se prononce pas : « c’est à la chambre disciplinaire de juger de la gravité de ces infractions, nous, nous ne faisons que les constater », botte en touche le docteur Mouraux.
Cependant, la décision de la chambre disciplinaire sera longue à venir. Un juge administratif va d’abord devoir éplucher le dossier très épais, rempli de centaines de pages de commentaires, de captures d’écran dont la véracité reste à prouver. Il réunira ensuite un collège de six assesseurs, des médecins venus d’autres départements pour auditionner une seconde fois le praticien incriminé. La sanction pourra aller du simple avertissement jusqu’à la suspension ou même la radiation.