Sans même prendre parti dans un conflit qui ne nous concerne pas directement, on peut, ne fut-ce que par hygiène mentale, refuser de se laisser gruger par une propagande outrancière concernant les évènements en Palestine occupée.
Que les moralistes européens s’indignent des méthodes qualifiées avec raison de « terroristes » des Palestiniens de souche… Pourquoi pas ? Mais, lorsque ce sont les Israéliens qui prennent le monde à témoin de ce terrorisme et qui en tirent prétexte pour raser Gaza, on peut tout de même s’étonner et rappeler qu’il y a 80 ans à peine, ce sont les mêmes méthodes terroristes qui furent à l’origine de la naissance de l’État d’Israël(1).
Terrorisme n’ayant causé qu’une réprobation très limitée lorsqu’il fut utilisé massivement par les occupants ashkénazes de la Palestine… Mais terrorisme soulevant le monde civilisé d’indignation lorsque c’est le peuple occupé qui y a recours pour se libérer !
Rappelons que ce fut un terrorisme juif particulièrement meurtrier qui fut d’abord perpétré contre les Britanniques qui administraient la Palestine(2).
Tel l’attentat de l’hôtel King David, abritant le secrétariat du gouvernement britannique de Palestine, perpétré à Jérusalem le 22 juillet 1946. Un attentat à l’explosif qui fit 91 victimes la plupart civiles et fut planifiée par Menahem Begin, qui deviendra premier ministre d’Israël à la fin des années 1970… et recevra le « prix Nobel de la Paix » !
Ce massacre avait été revendiqué par l’Irgoun, une organisation terroriste secondée par une autre encore plus meurtrière, le Lehi, massacrant à la fois Britanniques et Arabes et dont l’un des chefs, Yitzhak Shamir, fut à son tour Premier Ministre d’Israël de 1983 à 1984, puis de 1986 à 1992.
On notera que l’armée Israélienne, dite « Tsahal » créée par l’ordonnance n°6 datée du 26 mai 1948 et qui s’élève aujourd’hui contre les méthodes du Hamas… fut fondée par l’intégration les terroristes de l’Irgoun et du Lehi…
Irgoun et Lehi qui ne manquaient pas d’entraînement, si l’on considère que de 1947 à 1948, année précédant la création de l’État d’Israël, elles multiplièrent les attentats :
• 12 décembre 1947 : voiture piégée par l’Irgoun en face de la Porte de Damas, 20 morts…
• 4 janvier 1948, camion piégé par le Lehi devant l’hôtel de ville de Jaffa, 15 morts 80 blessés…
• Nuit du 6 au 7 janvier, explosion de l’hôtel Semiramis dans la banlieue de Jérusalem, 24 morts…
• 7 janvier, à Jérusalem, bombe de l’Irgoun à un arrêt de bus, 17 morts…
• 18 février, bombe de l’Irgoun dans le marché de Ramla, 7 morts et 45 blessés…
• 28 février, voiture piégée dans un garage de la Haïfa, 30 morts et 70 blessés…
• 9 avril 1948 massacre de Deir Yassin(3) commis par l’Irgoun et le Lehi, entre 100 et 120 morts……
• 17 septembre 1948, à Jérusalem, un commando du Lehi assassine le colonel français Sérot, chef des observateurs militaires de l’O.N.U. qui accompagne le comte Folke Bernadotte, médiateur des Nations unies pour la Palestine.
Comment conclure sinon par l’évidence ? A savoir que l’argument du terrorisme du Hamas, censé justifier la riposte disproportionnée d’un occupant qui s’est lui-même imposé en Palestine par un terrorisme systématique, est une insulte à l’intelligence et à l’équité.
N.D.L.R. :
(2) Mémoire des victimes anglaises du terrorisme sioniste 1944 – 1948
Août 1947 : Nuit de Cristal en Angleterre suite à l’affaire des sergents pendus en Palestine
Voir aussi
By Blood and Fire: The Attack on the King David Hotel, by Thurston Clarke, G.P. (1981)
https://ihr.org/other/BloodAndFireClarke
https://archive.org/details/bybloodfireatt00clar
Voir aussi
How we conveniently ignore the ‘terrorists’ among our allies
https://responsiblestatecraft.org/2021/06/15/lazy-use-of-the-terrorist-label-makes-for-bad-foreign-policy/
Bien avoir en tête que deux premiers ministre d’Israël étaient d’anciens terroristes: Menahem Begin et Yitzhak Shamir. Les deux exfiltrés d’Europe de l’Est vers la Palestine par l’URSS qui les a en outre armés et financés pour embêter l’Angleterre et précipiter la chute de son Empire.
Mais de toute façon, en France, nous n’avons pas le choix:
Dire qu’Israël a eu recours au terrorisme (et ça remonte aux Sicaires), c’est de l’antisémitisme.
Dire que le Hamas est un mouvement de libération national, c’est de l’antisémitisme.
Dire que pour se libérer, un peuple a droit de recourir à la lutte armée, y compris au terrorisme, c’est de l’apologie de terrorisme. Quid de la résistance française?
Ma conclusion sera légèrement différente de JPP (pas le footballeur), la question n’est pas tant de savoir qui pratique et qui commente, comme si le débat était symétrique et équilibré, mais de savoir quel est le rapport de force: qui commande; à partir de là, la distinction entre un terroriste et un résistant panthéonisé coule de source.
Parmi les questions restées sans réponse, la cause réelle de l’accident de moto, sur une discrète petite route anglaise, de l’ex colonel Thomas Edward Lawrence, plus connu sous le nom de Lawrence d’Arabie, le 19 mai 1935.
Il se trouve que La tristement célèbre « déclaration Balfour », datée de novembre 1917, prévoyant la création d’un foyer national juif en Palestine, allait à l’encontre des promesses territoriales que le colonel Lawrence avait faites au nom de l’Angleterre à l’Emir Fayçal, dont Français et Anglais avait eu besoin pour s’opposer aux Turcs alliés de l’Allemagne.
Une trahison des engagements franco-britanniques qui révoltait profondément cet officier qui, mettant à profit son immense notoriété, avait entrepris de faire obstacle à cette implantation d’un Etat juif sur les territoires promis à Fayçal…
Aucune certitude… mais une question qui demeure.
Trahison de l’Angleterre, mais aussi de la France, n’oublions pas que la « déclaration de Balfour » devrait en réalité s’appeler la « déclaration de Cambon », puisque celle de Jules Cambon date du 4 juin 1917, alors que celle de Balfour, similaire, date du 2 novembre 1917, cinq mois plus tard.
https://jeune-nation.com/kultur/culture/la-declaration-cambon-balfour-un-cas-decole-dinfluence-internationale-communautaire
« Le 4 juin 1917, Jules Cambon, Secrétaire Général du Quai d’Orsay (dont le frère cadet, Paul, avait été ambassadeur à Londres pendant les négociations Sykes/Picot, signés en secret le 16 mai 1916), publie une lettre ouverte à Nahum Sokolov, représentant de l’Organisation Sioniste Mondiale en France (Aristide Briand était encore Président du Conseil) :
Vous estimez que si les circonstances le permettent et l’indépendance des Lieux Saints étant assurée d’autre part, ce serait faire œuvre de justice et de réparation que d’aider à la renaissance, par la protection des Puissances alliées, de la nationalité juive sur cette terre d’où le peuple d’Israël a été chassé il y a tant de siècles.
Le peuple français qui est entré dans la présente guerre pour défendre un peuple injustement attaqué et qui poursuit la lutte pour assurer le triomphe du droit sur la force, ne peut éprouver que de la sympathie pour votre cause dont le triomphe est lié à celui des alliés.
Je suis heureux en vous en donner ici l’assurance.