Le massacre de Deir Yassin s’est déroulé le 9 avril 1948 au cours de la prise du village de Deir Yassin, à l’Ouest de Jérusalem, durant la Guerre civile de 1947-1948 en Palestine mandataire. Il a été perpétré par 120 combattants de l’Irgoun et du Lehi, à l’encontre de la population du village palestinien éponyme.
Deir Yassin était en effet un village arabe situé à 5 km à l’ouest de Jérusalem. Il comptait 610 habitants, tous musulmans. D’autres sources parlent de 400 à 1 200 habitants. En janvier, ses habitants avaient conclu des accords avec leurs voisins juifs de Givat Saul et ont signé un pacte de bon voisinage avec eux après avoir chassé des hommes d’al-Najjada hors du village. À plusieurs reprises, les habitants empêchèrent également des hommes de la Jaysh al-Jihad al-Muqaddas et de l’Armée de libération arabe d’utiliser leur bourg comme base contre les Juifs.
Parce qu’il était considéré par la Haganah comme « stratégique », avec l’accord du responsable du secteur de Jérusalem pour la Haganah, David Shealtiel, l’Irgoun et le Lehi rassemblent 120 combattants pour attaquer le village. Des combattants de la Haganah et du Palmach prendront également part plus tard aux opérations, à la suite des difficultés rencontrées par l’Irgoun et le Lehi.
Selon Yoav Gelber, les motivations de l’Irgoun et du Lehi pour l’attaque de ce village qu’il considère stratégiquement insignifiant, sont de montrer qu’ils sont eux aussi capables de conquérir un village arabe (en rapport avec les succès de la Haganah dans l’opération Nahshon) avec un fond de vengeance à la suite des victimes juives de la « crise des convois».
Les historiens israéliens minimisent aujourd’hui le nombre de victimes en donnant une fourchette située entre 100 et 120. À l’époque, la presse et différents commentateurs rapportèrent pourtant le nombre considéré comme minimal de 254 tués.
Selon les historiens et commentateurs, ce massacre a eu des répercussions importantes sur la suite du conflit, notamment en favorisant l’exode de Palestiniens, en panique à l’idée de subir le même sort, et comme justification pour les dirigeants arabes des pays voisins à intervenir dans le conflit. Il est resté un symbole dans l’histoire du conflit israélo-arabe.
Aujourd’hui, l’hôpital psychiatrique Kfar Shaul est construit sur le site de cet ancien village palestinien, à l’ouest de la Vieille ville de Jérusalem.
Le massacre de Deir Yassin est souvent dépeint par les Palestiniens et par l’essentiel des historiens libres comme un exemple d’application du Plan Daleth, prouvant que celui-ci était bien une directive de nettoyage ethnique.
Le nouvel historien Ilan Pappé, avec certaines nuances, considère que les responsables du massacre de Deir Yassin pouvaient justifier leurs actes en se référant au Plan Daleth puisque ce dernier acceptait le principe de destruction de toutes les « bases ennemies » jugées stratégiques, que tous les villages aux alentours étaient considérés comme des bases ennemies et « que la destruction d’un village implique bien d’en chasser les habitants. »
Le colonel Meir Pa’il, combattant du Palmach arrivé sur les lieux après les événements apporte le témoignage suivant :
« Il était midi quand la bataille se termina. Le calme régnait mais le village ne s’était pas rendu. Les irréguliers de l’Irgoun et du Stern sortirent de leurs caches et commencèrent les opérations de nettoyage. Faisant feu de toutes leurs armes, ils balançaient également des explosifs dans les maisons. Ils abattirent ainsi toutes les personnes qu’ils y trouvèrent, y compris les femmes et les enfants. Par ailleurs, près de vingt-cinq hommes qui avaient été sortis de chez eux furent chargés dans un camion et exposés, à la romaine, à travers les quartiers de Mahahneh Yehuda et Zakron Josef. Après quoi ils furent emmenés dans une carrière de pierre et abattus de sang-froid. »
Le massacre de Deir Yassine fut le premier d’un certain nombre d’événements dans lesquels des combattants juifs furent impliqués dans des tueries de civils pendant la guerre de conquête et ensuite…
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