Entretien extrait du n° 3114 de Rivarol, daté du 31 octobre 2013 et disponible dans les kiosques.
Nos lecteurs le savent : à la suite de l’affaire Méric plusieurs groupements qualifiés d’extrême droite ont été dissous : ceux de Serge Ayoub (Troisième Voie et les Jeunesses nationalistes révolutionnaires), puis les Jeunesses nationalistes d’Alexandre Gabriac et l’Œuvre française d’Yvan Benedetti. Les dirigeants de ces différentes structures dissoutes ont alors, comme la loi le leur permet, déposé des recours selon la procédure d’urgence en référé-suspensif devant le Conseil d’État. Cette haute juridiction administrative a retoqué tous ces recours, d’abord ceux d’Ayoub, refusant même de les examiner au motif que ce dernier avait déjà auto-dissous ces deux mouvements, puis ce 25 octobre ceux de Gabriac et de Benedetti pour les raisons que le président de l’Œuvre française, aujourd’hui administrativement dissoute, nous expose dans cet entretien réalisé au lendemain des arrêts rendus par le Conseil d’État qui, comme on pouvait le prévoir, donnent totalement raison au gouvernement et déboutent en tous points les auteurs des recours.
RIVAROL : Pouvez-vous nous expliquer en quelques mots le parcours juridique que vous venez de mener ?
Yvan BENEDETTI : Le 25 juillet dernier deux mouvements nationalistes, l’Œuvre française et les Jeunesses nationalistes, ont été dissous par décret présidentiel. Nous avons alors déposé quatre recours devant le Conseil d’État. Un selon la procédure d’urgence en référé-suspensif, l’autre au fond, et cela pour chacune des deux organisations. Le 21 octobre les recours d’urgence ont été examinés par cette haute juridiction administrative et l’ordonnance rendue quatre jours plus tard nous déboute de toutes nos demandes. Aucun de nos arguments en défense n’a été retenu et l’acte d’accusation du ministère de l’Intérieur, fort de centaines de pages rassemblées par le bureau dit par ironie des Libertés publiques sous la direction d’une certaine Mme Léglise, véritable officier du NKVD de la tyrannie socialiste, a été confirmé. Administrativement, l’Œuvre française et les Jeunesses nationalistes sont aujourd’hui dissous.
R. : Comment en est-on arrivé là ?
Y. B. : Cette dissolution est la conséquence directe de l’acharnement d’un trio infernal chargé des affaires de l’État. Au sommet, l’incapable qui sert de Président, Hollande ; le zéro Ayrault, et l’arriviste Valls. Ils ont décidé de mettre à bas les nationalistes, de « les mettre en pièce » selon les propres termes du Premier ministre et ce coûte que coûte. Après un volet d’intimidations individuelles vaines, qui s’est concrétisé par 250 arrestations, 2 500 heures de garde à vue et de rétention et une trentaine de procès, ils ont donc pris le chemin radical de la dissolution. Pour sauver les apparences républicaines, ils se sont appuyés sur le fait divers tragique de l’affaire Méric dont ils n’ont eu aucun scrupule à agiter le cadavre encore chaud pour parvenir à leurs fin, là aussi en vain, preuve ayant été donnée de la manipulation grossière à laquelle ils se sont adonnés. Ce premier procès en sorcellerie, véritable procès de Moscou et de Nuremberg, indiquait déjà clairement ce dont ces charognards infâmes sont capables pour accomplir leur mission antinationale. Qu’importe que le prétexte tombe, ils ont donc monté un dossier en vue de la dissolution. Voilà le parcours qui nous a conduits jusque devant le Conseil d’état.
R. : Et que répondez-vous à ceux qui disent que vous, Yvan Benedetti, êtes responsable personnellement de cette situation ?
Y. B. : Je leur répondrai que j’ai conduit en mon âme et conscience l’Œuvre française sur le chemin de la révolution nationale. Je n’ai fait que poursuivre la voie qui a été définie par ceux qui nous ont précédés, qui ne comprend ni les mots de confort, ni celui de soumission, ni celui de repentance. Que jamais je ne trahirai l’Œuvre en l’asseyant chaudement dans un fauteuil, pantoufles au pied. Ce serait pour elle vivre morte, alors qu’elle préférerait mourir en vivant pleinement, en luttant, car la lutte c’est la vie ! Se battre c’est aussi savoir se mettre en danger. L’Œuvre ne peut être dissoute que pour les cœurs de ceux qui s’y résolvent. Il n y a pas de fatalité extérieure. Seulement des fatalités intérieures. Or ce n’est que par la lutte obstinée et opiniâtre que les grandes causes finissent par triompher. Si le Christ avait trouvé un meilleur moyen que la douleur pour y parvenir il nous l’aurait enseigné. Parce que nous ne nous résignerons jamais, la bataille est déjà victoire. Le principe des victoires est d’ailleurs bien résumé par le pilote de guerre Saint-Exupéry qui est allé au-devant des batailles et affirmait que « celui qui s’assure un poste de chaisière ou de sacristain dans la cathédrale bâtie est déjà vaincu. Mais quiconque porte dans le cœur une cathédrale à bâtir est déjà vainqueur ».
Le gouvernement nous a signifié une dissolution de papier, une dissolution valable à ses yeux d’aveugle dans un royaume où les borgnes sont rois ! Que le Système veuille nous condamner car il se sent acculé, dans une situation d’urgence, n’a rien d’anormal. Le Système a peur. Il ne veut pas que nous le fassions tomber, sauf qu’en s’attaquant à nous de la manière dont il le fait, il se renie et par là même s’inflige une petite mort. C’est un suicide par crainte de la mort. Une capitulation républicaine face aux nationalistes. Dites-moi quel nationaliste se sent moins nationaliste depuis que le verdict est tombé ? Dites-moi quel membre de l’Œuvre française se sent moins membre de la famille depuis cette infamie ? Quel membre de l’Œuvre française a capitulé, a changé sa façon de vivre, de penser, de lutter ? Qui ? Personne. Parce que l’Œuvre française continue à vivre par ceux qu’elle a fait devenir. « Mon amour pour le groupe n ’a pas besoin de s’énoncer. Il est composé de liens. Il est ma substance même. Je suis du groupe et voilà tout. Il s’agit d’un amour véritable, un réseau de liens qui fait devenir » disait Saint-Exupéry, et cela, nulle décision ne peut le changer. Je ne suis responsable que d’une chose : de ne jamais me résoudre à trahir le combat de l’Œuvre française, et je la conduirai au but. Déserter aujourd’hui serait un crime de non-assistance à un peuple, à une Nation en danger, ce dont l’on ne pourra jamais m’accuser. La fin n’est pas encore écrite, en tout cas pas dans les cahiers du ministère. « Nous n’abdiquerons pas l’honneur d’être une cible ». L’Empereur distinguait dans la guerre deux types d’hommes : ceux que la nature n’a pas trempés assez fortement et qui se trouvent ébranlés par les circonstances, et ceux qui voient dans les difficultés de nouvelles gloires. Les nationalistes appartiennent à cette dernière catégorie.
R. : Quels sont exactement les faits qui vous sont reprochés ?
Y. B. : Ils sont de trois ordres.
D’abord l’apologie de la collaboration avec l’ennemi car nous célébrons la mémoire du Maréchal Pétain, le héros de Verdun, l’homme qui prônait le Travail, la Famille, la Patrie, socle de la Nation, ennemis premiers de l’anti-France. Combien pourtant est d’actualité le message de ce grand Français à l’heure où nous récoltons les fruits empoisonnés d’une société sans travail, sans famille et sans patrie.
Second reproche : l’antisémitisme, crime entre tous, accusation à valeur de condamnation. M. Lauder, président du Congrès Juif Mondial, n’a sans doute pas manqué de commanditer notre mise à mort lors de sa remise de décoration, la Légion d’Honneur, donnée le 6 février par le bon toutou Hollande. Les déclarations publiques de Lauder lors de sa tournée en Grèce et en Hongrie sont très claires quant à son exigence explicite de voir disparaître le Jobbik hongrois et le mouvement hellène Aube Dorée condamné dans la foulée suite à la manipulation d’un fait divers, exactement comme ce fut le cas pour nous avec l’instrumentalisation de l’affaire Méric. Il y a une hiérarchie dans le nouvel ordre mondial, dont l’inconsistant Hollande n’est qu’un sous-fifre.
Troisième reproche : la constitution de milices armées. Là on a vraiment affaire à un argument fallacieux, fantaisiste et hautement mensonger. Ce ne sont là que des allégations, sans aucune preuve, mais que le Conseil d’État n’a pas jugé bon de rejeter. Après 250 arrestations, accompagnées dans bien des cas de perquisitions, aucune cache d’arme, aucune arme même isolée, n’a jamais été trouvée. Sur les camps organisés par Jeune nation et que l’on nous reproche, la seule arme dénichée est une carabine à plombs appartenant à un enfant de 13 ans, ce que le gouvernement ne peut ignorer puisque nous avons trouvé et saisi près du lieu où nous campions du matériel d’espionnage destiné à nous filmer à notre insu et que nous allons par conséquent déposer des plaintes pour violation de la vie privée. Si le fait d’être armé se résume à une carabine à plomb, il faut immédiatement arrêter toutes les milices éparses composées d’enfants dans les fêtes foraines et supprimer les rayons de jouets des grands magasins ! Si le statut de milice est caractérisé par le port d’uniforme et les manifestations au pas, il faut penser à arrêter sur-le-champ les déplacements d’enfants en rang et uniforme en maternelle, les défilés d’anciens combattants ou les majorettes en uniforme et porteuses d’un bâton dans leurs défilés.
R. : Accusez-vous la justice d’avoir rendu un jugement infondé ?
Y. B. : La justice ? Non ! Quelle justice ? Nous n’y avons pas eu accès. Nous avons pu seulement, pour l’heure, et selon le respect de la procédure, nous présenter devant les fonctionnaires du Conseil d’État. Car la vocation première du Conseil d’État n’est pas de rendre justice mais de conseiller le gouvernement. Son président est la haineuse Christiane Taubira, en matière de justice et de neutralité on repassera ! Les magistrats n’en sont pas, ils n’ont pas vocation à rendre justice, ce sont des fonctionnaires, par définition au service de l’État. Et je garde le meilleur pour la fin, le vice-président du Conseil d’État, qui a rendu sa décision et présidé aux débats nous concernant, n’est autre que M. Jean-Marc Sauvé.
Or ce monsieur, après un parcours bien rangé à l’ENA, a obtenu ses galons dans les ministères de gauche de François Mitterrand, où il débuta sa chasse aux nationalistes au bien nommé Bureau des libertés publiques, en demandant et en obtenant l’interdiction du journal Le Soleil, organe de l’Œuvre française, fondé et dirigé alors par Pierre Sidos et déjà accusé d’antisémitisme (c’était l’époque où le journal s’était clairement engagé contre la première guerre du Golfe en 1991). M. Sauvé a donné déjà nombre de gages au Système qui lui ont certainement valu sa carrière.
En septembre à Bordeaux il a donné une conférence à la Grande Loge de France où il s’est ouvertement prononcé en faveur de la construction de nouvelles mosquées en France. Vous évoquiez la justice ? Je parlerais plutôt d’un procès en sorcellerie où les magistrats sont juge et partie et témoins de moralité. Ce n’est rien de plus qu’une grossière mascarade, une parodie de justice rendue par l’inquisition ripoublicaine.
R. : Quelles vont être selon vous les conséquences de cette dissolution ?
Y. B. : Les conséquences ne vont certainement pas être celles escomptées par les commanditaires de cette forfaiture. Avant toute chose je souhaiterais mettre en garde ces apprentis sorciers de pacotille, et plus précisément Manuel Valls. Le frustré de la guerre d’Espagne qui semble ne connaître de la France que ce qui l’y lie à ses hautes ambitions personnelles devrait regarder du côté de ses malheureux prédécesseurs socialistes. Roger Salengro, ministre de l’Intérieur du Front Populaire qui procéda en 1936 à la dissolution des Ligues, se suicida dans l’année. Max Dormoy, son successeur, qui inventa cette histoire de « Cagoule » pour mieux réprimer les milieux nationalistes fut lui assassiné, une bombe ayant été placée sous son lit. Enfin Jules Moch qui, en mai 1958, procéda à la dissolution de Jeune nation et de six autres mouvements nationaux dont celui du jeune Jean-Marie Le Pen, mourut fou. Nous ne lui souhaitons bien entendu aucun mal mais il semblerait que les malédictions ne se limitent pas aux frontières des tombes de Pharaons ! En France il y a celles qui s’abattent sur ceux qui veulent toucher aux fils et filles de France. Une mère ne sait faire autrement que de veiller sur ses enfants…
Une autre conséquence dont ils vont peut-être faire les frais est celle d’une vendetta personnelle éventuellement menée par des loups solitaires. Les nationalistes, traités comme des étrangers et des parias dans leur propre pays, ne sauraient le tolérer, le souffrir. En dehors du groupe qui encadre et canalise les éléments nationalistes et qui est aujourd’hui dissous, il est fort à parier que certains se lancent individuellement dans l’activisme sans que nous ayons désormais aucune prise sur eux. Si tel était le cas, la responsabilité directe serait à rechercher chez ceux qui, en les isolant, les auront ainsi poussés à de telles extrémités.
Enfin, au regard de la France puisque c’est elle qui nous intéresse au premier chef, cette condamnation n’est rien. Nous ne raisonnons pas à l’échelle d’une mandature, celle de la tyrannie socialiste qu’ils tentent d’instaurer. Car c’est de cela qu’il s’agit. Une tyrannie rouge-sang dans la tradition de celles qui ont précédé… et sont tombées. Une tyrannie qui vise à avoir les mains libres pour faire tomber la France. Mais la France est irrévocable contrairement à ces pleutres. L’Œuvre française c’est notre histoire, c’est 1 500 ans d’histoire. La tyrannie socialiste, c’est un an et demi, c’est tout simplement dérisoire. Tout comme la France ne cessera pas d’être France, nous ne cesserons pas d’être ce que nous sommes, au plus profond de nous-mêmes. Car l’Œuvre est notre identité. Tant que la France demeurera, nationalistes nous resterons. Ils ne nous offrent aucune raison de capituler mais une raison de plus de nous battre, sans capitulation possible, jusqu’ à la victoire. Nationalistes : présents !
(Propos recueillis par Jérôme Bourbon)