L’attentat de Bamako revendiqué par les Combattants du ribat
Samedi matin, un attentat a fait cinq morts au cœur de la capitale malienne. Les terroristes ont visé un restaurant de Bamako fréquenté par les expatriés occidentaux – notamment français, qui devaient être la cible principale des terroristes –, et deux d’entre eux sont décédés. L’attaque a été revendiquée par le groupe islamiste des Combattants du ribat (el-Mourabitoun), née de la fusion des Signataires par le sang (el-Mouaguiine Biddam) de Mokhtar Belmokhtar – un vétéran islamiste algérien combattant depuis 25 ans dans les groupes terroristes, dont la mort a été annoncée à tort par le Tchad en 2013 et dont la tête a été mise à prix depuis par les États-Unis – et du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO, Jamāʿat at-tawḥīd wal-jihād fī gharb ʾafrīqqīyā).
Tous deux étaient nés d’une scission d’al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI). Le groupe, qui serait actuellement dirigé par Khaled Abou al-Abbas – un autre nom de Mokhtar Belmokhtar –, a diffusé une vidéo dans laquelle il déclare :
« Nous revendiquons la dernière opération de Bamako menée par les vaillants combattants d’el-Mourabitoune pour venger notre prophète de l’Occident mécréant qui l’a insulté et moqué, et notre frère Ahmed Telemissi. »
Ce dernier, également appelé Ahmed Ould Amer, était le chef du MUJAO. Il a été tué le 11 décembre 2014 lors des combats de Tabankort par des militaires français.
L’intervention anti-islamiste n’a toujours pas ramené l’ordre au Mali
Ces derniers interviennent dans le pays depuis 2013, quelques mois après le lancement d’une vaste offensive coordonnées des islamistes (avec des combattants de divers groupes comme AQMI, le MUJAO, des Signataires par le sang, du Groupe sunnite pour la prédication et la lutte (Jama’atu Ahlis Sunna Lidda’Awati Wal-Jihad, dit Boko Haram)) et des indépendantistes touarègues, notamment mené par le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), avec des combattants de groupes tels que le Front populaire de Libération de la Saguia el Hamra et du Rio de Oro (dit Front Polisario, Frente Popular de Liberación de Saguía el Hamra y Río de Oro).
Les rebelles avaient largement avancé sur le territoire malien et les islamistes avaient largement mis au pas les rebelles touarègues quand fut décidée l’intervention française en janvier 2013.
Actuellement, 3 000 soldats français sont déployés au Sahel dans le cadre de l’opération Barkhane. Depuis 2013, la France a perdu 12 hommes dans la région ; environ 300 militaires ont été blessés.
Malgré les communiqués triomphateurs régulièrement diffusés par le gouvernement PS, la situation est très loin d’être stabilisée au Mali, où les questions politiques, économiques, sociales religieuses et raciales s’entremêlent, sans être réellement prises en considération par ceux qui prétendent pacifier la situation.
C’est la première fois qu’un attentat est perpétré à Bamako depuis l’intervention contre l’offensive islamiste en 2013, et malgré les lourdes pertes infligées aux terroristes. Il y a quelques mois, l’armée française estimait les forces des Combattants du ribat a seulement une centaine d’hommes.
Nouvelles attaques – ou tentatives – samedi et dimanche
Hier, le camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) à Kidal, dans le nord-est, a été visé par une trentaine de tirs de roquettes et d’obus. Un casque bleu a été tué ainsi que deux enfants dans un campement situé à environ trois kilomètres du camp.
Ce camp est situé près de la capitale de la région du nord-est du même nom, en plein territoire touareg. Plusieurs révoltes contre le pouvoir malien s’y sont déroulées depuis les années 1960. Les militaires français avaient pris le contrôle de la zone à la fin du mois de janvier.
La veille, deux terroristes ont tenté de faire exploser leurs bombes à Gao. Repérés par la foule, ils ont été battus avant d’être brûlés en place publique.
Un accord de cessez-le-feu en suspens
Un accord de « paix et de réconciliation », négocié depuis plusieurs mois, a été arrêté le 1er mars à Alger. Si le gouvernement malien a immédiatement signé le texte, la Coalition des mouvements de l’Azawad, dont le principal groupe est le MNLA, ne l’a toujours pas signée. Officiellement, les Touarègues veulent en référer à la population locale avant de l’accepter.
Les puissances internationales impliquées dans la région font pression sur le MNLA pour accepter le texte. Elles ont autant intérêt à parvenir à la paix, notamment pour protéger leurs intérêts dans la région – où la France s’approvisionne en uranium, au Niger – que la condition de survie des groupes islamistes est la poursuite de l’état de guerre. Elle leur permet, comme à divers groupes criminels, de se financer, avec l’argent du trafic de drogues notamment, et d’espérer la radicalisation des populations touchées par la guerre.