Aucune majorité au parlement pour soutenir le gouvernement
Le premier ministre turc Ahmet Davutoglu a annoncé jeudi avoir échoué à former un gouvernement, deux mois après le renouvellement du parlement. Au soir du 7 juin dernier, le Parti pour la justice et le développement (AKP, Adalet ve Kalkınma Partisi) (islamiste) de Recep Tayyip Erdoğan et d’Ahmet Davutoglu avait été partiellement désavoué en n’obtenant que 40,9 % des suffrages, suivi par le Parti républicain du peuple (CHP, Cumhuriyet Halk Partisi) (social-démocrate et laïque) (25 %), le Parti d’action nationaliste ou (MHP, Milliyetçi Hareket Partisi) (13,1 %) et le Parti démocratique du peuple (HDP, Halkların Demokratik Partisi), de gauche et proche des Kurdes.
Depuis, les négociations entre les différents partis n’ont conduit qu’à des impasses ; aucune coalition n’est possible. La situation est totalement bloquée. Le précédent gouvernement d’Ahmet Davutoglu a été maintenu au pouvoir pour expédier les affaires courantes. Il avait accédé au pouvoir le 29 août 2014, date à laquelle Ahmet Davutoglu avait succédé à Recep Tayyip Erdogan, qui avait lui pris la tête de la présidence.
Le gouvernement actuel est désormais officiellement minoritaire et, sauf surprise de dernière minute, de nouvelles élections devront être organisées dans un contexte désormais extrêmement tendu, alors que le pays est secoué par des violences meurtrières quotidiennes. Les précédentes élections ayant été déjà marquées par plusieurs incidents sanglants, la situation de guerre interne et la déstabilisation régionale comme l’irruption de l’État islamique (ÉI) sur la scène nationale font craindre un scrutin à très haut risque.
Poursuite des violences
Les violences meurtrières se poursuivent à travers le pays après la relance de la guérilla kurde, appuyée par des groupes marxistes turcs, contre l’État. Mercredi, des combats se sont produits près d’Hakkari à l’occasion des funérailles de Baris Tekce, considéré comme un cadre du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, Partiya Karkerên Kurdistan), tué mardi dans des affrontements.
Mercredi toujours, l’armée a annoncé que l’un de ses postes avait été attaqué à la roquette dans la province de Diyarbakir et qu’une fusillade s’était ensuite déroulée. Le bilan est d’un soldat mort et de deux Kurdes tués ; cinq autres protagonistes, dont quatre soldats, ont été blessées.
Mercredi soir, sept Kurdes ont été tués par les forces de sécurité dans le sud du pays, près de la frontière avec l’Iran et l’Arménie. Dans un premier incident, dans le secteur d’Agri, les autorités turques ont évoqué la mort de trois terroristes, les Kurdes parlent de deux adolescents de 14 et 16 ans assassinés. Lors d’affrontements à Silopi, quatre Kurdes ont été tués. Dans la nuit, un militaire est mort après l’explosion d’un engin explosif.