Le 4 octobre 2019, à la veille de l’ouverture du synode sur l’Amazonie, s’est tenue à Rome une table ronde, organisée par Voice of the Family, sur le thème : « Notre Eglise, réformée ou déformée ? ». Parmi la dizaine d’intervenants, on a pu entendre l’historien Roberto de Mattei affirmer : « Il existe actuellement deux religions dans l’Eglise catholique. La première est le catholicisme traditionnel, la religion de ceux qui, dans la confusion actuelle, continuent à être fidèles au magistère immuable de l’Eglise. La seconde, sans nom il y a quelques mois, a maintenant un nom : il s’agit de la religion amazonienne car, comme l’a déclaré le pape actuel, il existe un plan visant à donner à l’Eglise “un visage amazonien”. Deux religions ne peuvent pas coexister dans la même Eglise. »
Dans l’assistance nombreuse – non seulement sur place, mais aussi sur Internet grâce à une diffusion en vidéo –, la question de la possibilité d’un schisme a été soulevée. Le professeur de Mattei y a répondu en demandant de prier pour « une véritable contre-réforme, une contre-révolution, une restauration du vrai christianisme », rappelant que, face à ce chaos dans l’Eglise, c’est précisément « la division de notre ennemi (qui) est notre force ».
Avec le synode sur l’Amazonie ce mois-ci à Rome, et le « chemin synodal » allemand en décembre prochain, la menace d’un schisme ne peut être évoquée avec désinvolture. Cette question cruciale est posée dans le dernier numéro de Nouvelles de Chrétienté ; elle le sera également lors du XVe congrès du Courrier de Rome qui aura lieu le 18 janvier 2020, à Paris.
Le synode sur l’Amazonie favorisera-t-il un schisme rampant, en rappelant des vérités, tout en permettant – en note infrapaginale et au nom d’une « pastorale miséricordieuse » – des fautes morales objectives, comme ce fut le cas dans l’exhortation post-synodale sur la famille, Amoris lætitia ? Le « chemin synodal » allemand nourrira-t-il un schisme larvé, en autorisant localement ce qui est interdit universellement, au nom de « l’unité dans la pluralité » ou de « l’identité dans la synodalité » ?
Ces prochaines semaines nous le diront. Mais déjà une certitude est acquise : l’ouverture se transforme inéluctablement en rupture. L’ouverture du synode amazonien à l’écolo-œcuménisme et au bio-syncrétisme, – l’ineffable Greta Thunberg a ainsi été citée en exemple dès le premier jour des travaux –, mène inexorablement à la rupture avec la Révélation transmise depuis 2000 ans.
Les organisateurs du synode semblent plus préoccupés par le gaz de schiste que par la déflagration d’un schisme dans l’Eglise. Mais que leur servira-t-il de gagner le monde – en prétendant sauver la planète –, s’ils perdent leurs âmes ? Que donneront-ils en échange de leurs âmes ? (cf. Mc 6, 37)
Abbé Alain Lorans
Source : DICI – FSSPX.Actualités – 24/10/2019