C’est amusant comme on a l’impression que la pièce retombe toujours du même côté – le bon pour l’OTAN. L’an dernier, suite au déclenchement de la guerre entre l’OTAN et la Russie, c’est l’Ukraine qui remportait brillamment le concours Eurovision.
Cette année, l’UER (l’Union européenne de radiotélévision), l’organisation qui chapeaute l’Eurovision, nous assurait dans un communiqué que Volodomyr Zelensky, contrairement à ce qui s’est passé au festival de Cannes ou de Berlin, ne pourra pas s’exprimer au moment de la finale au motif que : « Le concours Eurovision de la chanson est un divertissement international, régi par des règles strictes et des principes établis depuis sa création. Parmi eux : la nature apolitique de l’événement. Ce principe interdit la possibilité d’effectuer des prises de position politiques dans le cadre du concours ».
Tout ça pour – comme par hasard – désigner la Suède, qui depuis le 5 juillet 2022 est officiellement un « pays invité » de l’OTAN, vainqueur de l’édition 2023 : on espère pour le pays que le scénario à l’Ukrainienne ne va pas se répéter dans un proche avenir.
En septembre de l’année dernière, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, déclarait que si des bases militaires de l’alliance apparaissaient sur le territoire de la Finlande et de la Suède après leur adhésion à l’OTAN, la Russie serait obligée de « renforcer ses capacités dans le nord-ouest ».
D’ores et déjà, le ministère de la Défense de la Fédération de Russie prépare une réponse, a déclaré Konstantin Gavrilov, chef de la délégation russe aux pourparlers à Vienne sur la sécurité militaire et le contrôle des armements, à Izvestia : « Un corps d’armée sera créé, et [la zone frontalière sera] saturée de systèmes de défense aérienne, l’infrastructure militaire sera renforcée ».
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, n’a jusqu’à présent fait état que de mesures de rétorsion partielles : d’ici à la fin de l’année, 12 unités et sous-unités militaires seront formées dans le district militaire occidental. Leur création s’accompagnera de la fourniture d’armes et d’équipements modernes aux troupes. Shoigu a également noté que les inspections de contrôle ont montré une augmentation qualitative du niveau de préparation des unités du district de 25% par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, l’intensité des tâches d’entraînement au combat des navires de la flotte de la Baltique a augmenté de 42%, l’activité aérienne du secteur a augmenté de 4% depuis le début de l’année.
L’adhésion de la Finlande pose la question de l’extension de la frontière terrestre de l’OTAN avec la Russie, celle-ci double quasiment, passant de 1 233 km actuellement à 2 573 (+1 340km).
La Suède augmente la pression dans le ciel et surtout en mer Baltique :
La Suède produit des sous-marins anaérobies, des missiles à longue portée, des corvettes furtives. Enfin, dans les falaises côtières suédoises, pendant la guerre froide, des abris profonds ont été construits pour la flotte et les sous-marins, qui seront désormais à la disposition des forces navales de l’OTAN. Les marins de Suède et de Finlande ont de l’expérience dans l’entraînement au combat dans l’Arctique, ce qui est important dans le cas de la « bataille pour l’Arctique » et ses ressources naturelles à l’avenir.
D’après Alexeï Leonkov, expert militaire :
Le processus de transfert de la Finlande et de la Suède vers l’OTAN n’a pas commencé cette année. C’était une suite logique de l’expansion de l’OTAN vers l’Est. Agissant méthodiquement, les gouvernements des pays qui ne souhaitaient pas adhérer à l’OTAN ont été remplacés par ceux qui voyaient leur sécurité non pas dans la garantie d’un statut neutre, mais seulement dans l’adhésion au bloc. Étant donné que l’adhésion de la Suède et de la Finlande modifiera l’équilibre des pouvoirs aux frontières de la Russie, notre pays devra rétablir cet équilibre.
Très probablement, cela se fera au moyen des armes nucléaires tactiques. De nouvelles bases militaires des forces armées russes apparaîtront aux frontières avec la Finlande. Puisque la nouvelle stratégie de l’OTAN implique que la Russie est l’ennemi principal, alors, en conséquence, tous les pays membres de l’alliance agiront sur la base de cette thèse.
Une opinion corroborée par Igor Korotchenko, directeur du Centre d’analyses du commerce mondial des armes :
Probablement, la flotte de la Baltique sera renforcée avec des missiles à ogive nucléaire afin de rétablir la parité des forces. Ce n’est un secret pour personne que les pays de l’OTAN ont un avantage numérique en forces conventionnelles, par conséquent, afin d’équilibrer leur potentiel de combat, il sera nécessaire de répondre avec des armes nucléaires tactiques. En conséquence, les « lignes rouges » devraient être très clairement marquées, au-delà desquelles les États-Unis ne devraient pas être franchis en premier, car les pays de l’OTAN ne sont qu’une continuation de leur puissance militaire.
Pour Viktor Baranets, observateur militaire de Komsomolskaya Pravda :
Bien sûr, cette menace ne peut être ignorée. De plus, la Suède a un complexe militaro-industriel assez moderne, mais les armées de ces pays elles-mêmes ne constituent pas une menace pour la Russie. La principale menace est le déploiement de contingents américains et d’un système de défense antimissile ou d’armes nucléaires sur leur territoire. Cette situation sent la poudre. Mais surtout, pour les Finlandais et les Suédois eux-mêmes, la politique de neutralité était la meilleure issue.
Mais comme déjà indiqué ici, il est quand même remarquable de voir comme les Suédois se préoccupent plus de leur sécurité extérieure que de leur sécurité intérieure en perdition…
Sources : La Russie renforcera ses frontières : ce qui menace l’entrée de la Finlande et de la Suède dans l’OTAN (vm.ru) et Secteur de base : la Russie renforcera ses infrastructures militaires près des frontières finlandaises | Articles | Nouvelles (iz.ru)
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