Cela fait des années que la politique agricole commune (PAC) et les lobbies agricoles européens luttent contre l’Ukraine en imposant des quotas d’importations dans la ZLEAC (Zone de libre-échange approfondi et complet à laquelle appartient l’Ukraine). Mais avec le conflit russo-ukrainien et le blocage des exportations ukrainiennes par les ports de la mer Noire, certaines digues ont sauté.
Sous prétexte d’éviter des famines en Afrique et dans certains pays peu développés, l’accord céréalier négocié sous l’égide de l’ONU a permis à l’Ukraine d’inonder le marché européen de sa production… Au grand dam des producteurs des pays de l’UE qui voient leurs propres produits concurrencés brutalement et massivement par la production ukrainienne à bas prix, déstabilisant le marché et menaçant leurs revenus.
Dans son rapport sur l’année 2023 (en cours), le Conseil de l’Europe indique que 45 % des exportations de céréales de l’Ukraine sont destinées aux « marchés développés » et mentionne que les 55 % restants sont destinés aux marchés « en développement », ce qui pourrait inclure les pays d’Europe centrale et orientale. La quantité de céréales envoyée en Afrique n’a pas été clairement indiquée.
En 2023, sur les 23 millions de tonnes de céréales exportées, seules 456 000 tonnes de blé auraient quitté les ports ukrainiens pour aller en Afrique et en Afghanistan !
Cinq pays d’Europe de l’est, la Pologne, la Hongrie, la Slovaquie, la Roumanie et la Bulgarie ont interdit ou menacé d’interdire les importations de céréales ukrainiennes bon marché, qui mettent leurs propres agriculteurs sur la paille.
La Commission européenne a réagi rapidement : mais pas pour défendre les céréaliers des pays de l’UE !
La Pologne a été informée qu’elle ne pouvait pas prendre de « décision unilatérale » et qu’elle devait débloquer les importations et le transit vers le reste de l’Europe. La Pologne a donc exigé une compensation pour ses agriculteurs et l’UE a mis en place un plan de 100 millions d’euros de subventions pour les agriculteurs de l’UE auxquels s’ajoutent les 56 millions d’euros accordés aux agriculteurs polonais, roumains et bulgares le mois dernier.
Pensée émue pour les agriculteurs en France et en Allemagne, Italie et Espagne qui ne sont pas une priorité dans l’UE…
Pour comprendre cette réaction, il faut savoir que l’Ukraine est en passe d’enregistrer cette année un déficit budgétaire de 38 milliards de dollars, mais elle a gagné environ 20 milliards de dollars grâce aux exportations de céréales l’année dernière. En bref, cet accord est une manne financière non négligeable pour l’Ukraine et un moyen qu’à trouver l’UE de la soutenir. Couper les débouchés européens à Kiev ferait exploser un budget déjà en grande difficulté.
Ceci sachant que l’Ukraine est la nation la plus pauvre d’Europe avec une population en chute libre depuis des années. Avant l’intervention russe, 6 millions d’ukrainiens avaient déjà quitté le pays. Auxquels il faut ajouter en 2022 les 8 millions de réfugiés selon l’ONU. Le pays est passé d’une population théorique de 43 millions d’individus à moins de 35 millions en l’espace d’un an (pour situer, la Pologne a 37 millions d’habitants en 2023).
Signalons aussi qu’en plus des céréales, l’Ukraine produit suffisamment d’œufs pour approvisionner la quasi-totalité de l’Europe ! Et elle est aussi un important producteur de volailles et mettrait en faillite la plupart des élevages de poulets européens déjà en difficulté. L’Ukraine produisait également un quart de l’huile de tournesol mondiale. Sauf si le pays est en cendre, cela rend très peu probable une entrée du pays dans l’UE tant il déstabiliserait toute la politique agricole européenne qui est déjà imparfaite depuis l’entrée des puissances centrales et orientales.
Des terres à blé « ukrainiennes » pour qui ? Petit retour en arrière
En septembre 2022, nous étions parmi les premiers à débusquer qui possède une très large fraction des terres à blé ukrainienne : Qui possède les terres à blé ukrainiennes : Cargill, Dupont, Monsanto. Et derrière : Vanguard, Blackrock, Blackstone.
Aujourd’hui, l’information commence à se répandre et dans les milieux dissidents on attire à juste titre l’attention sur ces 40% des terres cultivables en Ukraine qui sont désormais contrôlés par les capitaux américains des trois enseignes Cargill, Monsanto (société germano-australienne à l’origine, mais aujourd’hui à majorité américaine) et Dupont.
Comme le disait Le Courrier des Stratèges, « cela projette un jour nouveau sur le récent accord entre les belligérants ukrainien et russe concernant l’exportation du blé récolté en Ukraine. Kiev a négocié sous la pression d’intérêts financiers américains » :
« Avec l’entrée en vigueur le 1er juillet 2021 de la loi « modifiant certaines lois concernant les conditions de renouvellement des terres agricoles » (loi 552-IX), le président Zelensky et le FMI ont souhaité “rendre le secteur plus attractif pour les investisseurs internationaux“. On ne sera pas étonné de constater que de nombreux Ukrainiens ont contesté cette loi, qui ne ferait que renforcer la corruption dans le pays et la mainmise de quelques grands propriétaires sur le secteur agricole. En effet, suite à l’entrée en vigueur de cette loi, selon le site Australian national review, l’Ukraine aurait vendu un tiers de ses terres agricoles à 3 grandes entreprises transnationales américaines. D’après l’agence australienne, ces firmes américaines seraient désormais propriétaires de 1.7 millions sur 42 millions d’hectares de terres agricoles, acquis en moins d’une année »
Et pour bien faire, les sociétés comme Vanguard, Blackrock et Blackstone figurent parmi les plus gros actionnaires de ces entreprises, Cargill, Monsanto et Dupont.
Signalons que Zelensky, dans ce domaine aussi, n’est pas appelé pour rien la « marionnette des Américains ». Comme candidat à la présidence ukrainienne, il avait proposé l’organisation d’un référendum pour pouvoir remédier aux défauts d’un moratoire de 2005 sur les transactions de terres en Ukraine. Mais le référendum n’a jamais eu lieu !
Pire, après son élection, il a fait préparer une loi qui ouvre subtilement mais largement la terre ukrainienne à son contrôle par des étrangers (alors que des sondages d’opinion faisaient état de 64% des Ukrainiens contre la vente des terres aux étrangers). Et la Verkhovna Rada, parlement ukrainien à chambre unique, a bien fini, en mars 2020, par voter ce texte, sous la pression de Zelesnky et du Fond Monétaire International, le principal créancier du pays.
La loi a mis fin au moratoire et autorisé les particuliers à acheter jusqu’à 100 hectares de terres à partir du 1er juillet 2021 et elle permet restrictivement l’acquisition de terres par des sociétés étrangères enregistrées en Ukraine. Mais elle n’a pas régulé le mécanisme de location-fermage de ces terres pour leur exploitation. C’est ainsi que les prédateurs cités ci-dessus ont pu contourner les limites de cette loi et s’accaparer les terres et leur production.
Finalement dans cette affaire de terres et de blé ukrainiens, les mondialistes de l’UE n’agissent que dans les intérêts de leurs maîtres américains, sucrant au passage les oligarques complices locaux en Ukraine.
Petite chronologie de la prise de contrôle des terres à blés ukrainiennes par la finance apatride :
Au nom de Monsanto : Des cultures OGM pour l’Ukraine, grenier de l’Europe 01/09/2014
Monsanto en Ukraine, la nourriture génétiquement modifiée et le retour de H&K, 10/09/2014
The Corporate Takeover of Ukrainian Agriculture 27/01/2015
L’agriculture ukrainienne livrée aux multinationales ? 26/02/2015
En Ukraine, les agriculteurs manifestent pour empêcher la « vente des terres » aux riches étrangers 30/10/2019
L’Ukraine autorise la vente de terres agricoles, prélude d’une libéralisation 02/07/2021
Who Really Benefits from the Creation of a Land Market in Ukraine ? 06/08/2021
Three Large American Multinationals Bought 17 Million Hectares of Ukrainian Agricultural Land 27/05/2022
Les entreprises américaines possèdent des terres arables ukrainiennes via des fonds d’investissement 04/08/2022
La région russe ukrainienne vers une nouvelle collectivisation de ses terres.
Après l’invention de « l’Ukraine » par les Soviétiques, particulièrement le Géorgien Staline alors commissaire aux Peuples, et la collectivsation (ou nationalisation) des terres agricoles (et du reste), accompagnée de quelques extermination et de famines plus ou moins orchestrées par ce régime anti-Russe, voici la collectivisation libérale orchestrée par le grand capital à son profit, accompagné lui aussi d’une tentative d’extermination du Peuple Russe organisée au moyen d’une guerre civile où toutes les mafias et terroristes du monde entier sont invités à tuer du russe, ou du russe à se faire tuer par d’autres russes pour des intérêts américains, maçonniques…