L’espion juif américain Jonathan Pollard, au coeur d’un bras de fer entre Washington et Israël, a fini de purger sa peine vendredi et est désormais libre de quitter les Etats-Unis, selon le ministère américain de la Justice.
Cet ancien analyste de la marine américaine avait été arrêté en 1985 pour espionnage au profit de l’entité sioniste.
L’affaire avait suscité une crise aiguë entre les deux alliés, qui s’était résorbée après la promesse d’Israël de mettre un terme à toutes ses activités d’espionnage sur le sol américain. Promesse bien évidemment non tenue.
Après 30 ans en prison, Jonathan Pollard avait été libéré sur parole en 2015, avec obligation de porter un bracelet électronique et de respecter un couvre-feu, et interdiction de quitter le territoire américain.
« A ce jour, il a purgé cinq ans de libération conditionnelle », a souligné dans un communiqué la Commission des probations, une agence du ministère de la Justice.
Après un examen de son dossier, elle a « jugé que rien n’indiquait qu’il risquait de violer la loi et (…) a ordonné de lever les conditions imposées à sa libération ».
Pollard, qui a désormais 66 ans, a régulièrement exprimé son souhait d’aller s’installer en Israël, dont il a obtenu la nationalité et où il est vu comme un héros national.
« Nous sommes ravis que notre client soit enfin libéré de toute restriction, et nous espérons le voir bientôt en Israël », ont commenté dans un communiqué ses avocats, Eliot Lauer et Jacques Semmelman.
Son dossier a fait l’objet d’un bras de fer entre Washington et Israël. Le gouvernement israélien a assuré avoir régulièrement demandé depuis 2015 qu’il puisse rejoindre Israël, sans succès jusque là.
De hauts responsables du Pentagone ou de la CIA n’ont jamais pardonné à l’espion la masse d’informations classées secret-défense livrées contre de l’argent, et en pleine guerre froide, à l’allié stratégique israélien des Etats-Unis.
Il a aidé Israël à bombarder en 1985 le quartier général de l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP), alors exilée en Tunisie, et à assassiner le numéro deux de l’OLP, Abou Jihad, à Tunis en 1988.
Israël, suivant sa nature, ne se montre jamais aussi ingrate qu’envers ses alliés. Une leçon que Donald Trump est en train d’apprendre en pleine tourmente électorale, lâché par Bibi Netanyahou en faveur de Biden avec une célérité toute hébraïque. Les liens entre les E.U et l’état juif sont depuis longtemps des plus tumultueux – on se souviendra de l’affaire du USS Liberty, de la mise sur écoute de la maison blanche et des « dancing israelis » lors des attentats du 11 septembre.
C’est avec des affaires de ce genre que l’expression ironique « nos meilleurs alliés » prend tout son sens.
Quand apprendront-ils?