La Cour suprême de Pologne a définitivement mis fin mardi à la procédure d’extradition vers les États-Unis du cinéaste juif à papiers français et polonais Rajmund dit Roman Polanski (anciennement Liebling, avant le changement de nom de son père), poursuivi par la justice américaine pour le viol d’une mineure en 1977.
La Cour a « rejeté le pourvoi en cassation » introduit par le ministre polonais de la Justice Zbigniew Ziobro. Le juge a expliqué que la Cour avait décidé de soutenir la décision du tribunal de Cracovie qui avait déjà refusé l’extradition en 2015, et de repousser l’argumentation de M. Ziobro.
Cette décision met fin à la procédure d’extradition entamée en 2014 à la demande de la justice américaine. Le pouvoir conservateur polonais avait rouvert en mai la procédure d’extradition de l’artiste, contestant ainsi une décision du tribunal de deuxième instance de Cracovie qui avait tranché en faveur du réalisateur le 30 octobre 2015. Son initiative semblait s’inscrire dans l’orientation générale du gouvernement populiste de Droit et Justice (PiS) qui déclare mener une œuvre d’assainissement du pays en prenant pour cible les élites libérales.
Rajmund Polanski, 83 ans, n’a pas assisté à l’audience où sa présence n’était pas requise. Ses avocats l’ont immédiatement informé de la décision par texto, a indiqué l’un d’entre eux. « Il est à Paris, en train de tourner un film », a dit Me Jerzy Stachowicz. « C’est clos en Pologne, en Suisse, en France, on espère que ce sera clos un jour aux États-Unis », a-t-il ajouté. « Je me réjouis de cette décision qui met un terme à une procédure ubuesque », a déclaré de son côté l’avocat français du cinéaste, Me Hervé Temime.
Le juge Michal Laskowski a souligné qu’une décision sur la cassation ne concernait pas le fond de l’affaire, mais uniquement la régularité de la procédure judiciaire. Néanmoins il a toutefois relevé que Polanski « a déjà purgé sa peine ». Alors que l’accord conclu avec le tribunal américain prévoyait 90 jours de prison, l’artiste a passé au total 353 jours en détention aux USA et en Suisse – selon un calcul fait par la justice californienne. En outre, « 38 années se sont déroulées depuis l’événement en question, la partie lésée a publiquement pardonné à Roman Polanski, et ce dernier lui a versé le dédommagement qu’elle réclamait », a-t-il dit. « Depuis tout ce temps, Roman Polanski n’a eu aucun conflit avec la justice, depuis plus de vingt ans il mène une vie familiale stable, il travaille et c’est un citoyen polonais âgé de 83 ans », a encore dit le magistrat.
Polanski vit en France qui n’extrade pas ses « ressortissants ». Mais il vient souvent en Pologne. Selon ses avocats, ces temps derniers il s’est abstenu de visiter son pays d’origine, craignant d’être arrêté. En octobre, il a dû renoncer, à son grand regret, à assister aux obsèques d’un autre grand du cinéma, Andrzej Wajda, qui repose à Cracovie, au même cimetière que le père de Polanski.
En 1977, en Californie, Rajmund Polanski, à l’époque âgé de 43 ans, avait été poursuivi pour avoir violé Samantha Gailey (aujourd’hui Geimer), alors âgé de 13 ans après l’avoir drogué. Après 42 jours de prison, puis sa libération sous caution, le cinéaste qui avait plaidé coupable de « rapports sexuels illégaux » avec une mineure s’était enfui des États-Unis avant l’annonce du verdict, craignant d’être lourdement condamné, malgré un accord conclu avec la justice américaine.
À l’heure actuelle, Rajmund Polanski peut continuer de vivre sereinement en France avec son épouse, l’actrice Emmanuelle Seigner. Le pervers pédomane Polanski aura donc finalement purgé 42 jours de prison pour avoir drogué et violé une mineure, toutes les procédures visant à le ramener devant la justice américaine ayant été déjouées non sans doute sans le secours de tous ceux de sa caste.