Suite à la prise d’Artiomovsk (Bakhmut) qui a brisé le mythe ukrainien d’une « forteresse imprenable », les troupes de Wagner ont cédé la place aux réguliers. La prise de la ville stratégique, où des dizaines de milliers d’hommes sont morts, a disparu des médiats. Les contre-offensives ukrainiennes sur les flancs sont à l’arrêt. Ailleurs, les batailles de positions se poursuivent sur toute la ligne de front, chacun essayant de trouver une brèche dans le dispositif. Les deux s’échangent l’initiative locale et poursuivent leur guerre d’usure pour éviter de gaspiller leur force et leur réserve dans la bataille.
Guerre psychologique ukrainienne et montée en puissance russe
En revanche ces dernières semaines sont marquées par la multiplication des frappes des Forces armées ukrainiennes ou assimilées sur des localités russes, principalement dans l’oblast de Belgorod : des tentatives d’infiltration de la pseudo légion « Liberté de la Russie » (en réalité pour certains des activistes russes réfugiés à Kiev depuis des années, pour d’autres des étrangers s’exprimant en polonais, mais tous embauchés ou manipulés par le pouvoir à Kiev et tous équipés d’armement américain, anglais, belge, tchèque…(1)) ont été repoussées, ainsi que des frappes de drones sur les arrières. Ces initiatives sont clairement la marque d’une guerre psychologique puisque les cibles, éloignées du théâtre de conflit terrestre, n’ont manifestement pas d’objectifs d’intérêt stratégique.
Mais ce n’est pas une nouveauté pour tout observateur attentif du conflit débuté en 2014. Aujourd’hui, le pouvoir à Kiev ne fait qu’étendre aux oblasts russes de toujours, l’activisme terroriste dont il fait preuve depuis 8 ans contre les oblasts retournés à la Russie depuis le début de l’opération militaire spéciale (Donetsk et Lougansk).
En retour, la Russie réagit en frappant l’Ukraine avec des vagues de missiles et de drones, de plus en plus puissantes, passant du ciblage d’infrastructures (électriques, ferroviaires) à des cibles militaires par leur nature (regroupement de troupes, réserves des forces armées ukrainiennes, centres de commandement, bâtiment des services spéciaux…) ainsi qu’en renforçant les troupes du FSB à la frontière.
La Russie poursuit sa montée en puissance et va créer deux nouveaux districts militaires en 2023 – Moscou et Leningrad – ainsi que deux armées. Cela coïncide avec les informations et hypothèses qui ont courues il y a quelques mois sur la hausse des effectifs de l’armée russe, les déclarations de Shoigu en décembre 2022 et le recrutement de 400 000 hommes.
Fuite en avant psychopathique et schizophrénie occidentales
De son côté, le camp occidental, c’est-à-dire principalement les États-Unis et leurs vassaux notamment en Europe, poursuit son soutien financier (sans lequel l’État ukrainien serait failli et le conflit terminé) et militaire, évoquant la fourniture de char Abrams et d’avions de chasse F-16, sans en donner le calendrier précis, ni le nombre, et sans qu’on ne voit vraiment en quoi ces matériels pourraient provoquer un retournement du conflit sur le terrain en faveur du pouvoir à Kiev.
En marge du G7 à Hiroshima, Jake Sullivan (conseiller à la sécurité nationale à la Maison Blanche) a déclaré :
« Les avions de combat de quatrième génération F-16 en font partie. Dans les mois à venir, nous travaillerons avec nos alliés pour déterminer quand les avions seront livrés, qui les livrera et combien d’entre eux seront livrés. »
Comme lors de la livraison de chars par l’Allemagne, puis celle de missiles à longue portée par Londres, Washington envoie ses alliés en première ligne pour provoquer Moscou.
Les renseignements occidentaux prétendent actuellement que l’armée russe a constitué des groupes de combat conçus pour percer les défenses ukraino-otaniennes à l’est, ce qui indiquerait la reprise prochaine de l’offensive. Mais il faut se rappeler que de telles « rumeurs » sont souvent diffusées pour servir de prétexte pour justifier de nouvelles livraisons d’armes à l’Ukraine. Les Etats-Unis viennent ainsi de débloquer 300 millions de dollars d’aide militaire, principalement des munitions qui permettront peut-être aux Forces armées ukrainiennes de tenir jusqu’à la fin de l’année.
L’Ukraine de son côté a laissé entendre qu’elle ne pourrait lancer une contre-offensive efficace sans support et défense aériens. Zelensky déclarait, il a quelques jours, au Wall Street Journal que l’Ukraine est prête pour l’offensive mais a besoin de 50 systèmes Patriot.
Une façon de gagner du temps et de repousser les attentes occidentales. L’absence de résultats territoriaux significatifs contraint les autorités ukrainiennes à justifier l’immobilisme qui dure depuis plus de 6 mois par le fait que rien n’aurait encore commencé. Kiev s’est piégé par sa propre propagande, qui présente « la Russie comme épuisée, affaiblie et incapable de continuer à se battre sur le long terme ». On en vient à se demander si cette contre-offensive sera lancée ou si les brigades ukrainiennes modernisées auront réellement un but offensif et n’ont pas été constituées que comme une réserve afin de garantir l’intégrité d’une « Ukraine » post-conflit…
Notons quand même depuis 48 heures deux attaques ukrainiennes, une sur le front de Donetsk et une autre sur le front de Zaporozhye, d’intensités plus importantes qu’habituellement. Les Forces armées ukrainiennes se sont enfoncées dans les lignes russes avec quelques dizaines de blindés légers américains. Si ces attaques se maintiennent dans les jours à venir avec leur intensité, ou avec une plus grande percée, alors on pourra peut-être envisager qu’il s’agit du début d’une véritable contre-offensive ukrainienne. À suivre…
Côté discours occidental, les déclarations les plus psychopathiques et/ou orwelliennes se succèdent toujours, comme les dernières saillies d’Andriy Yermak, le chef de cabinet du président ukrainien, qui a déclaré le 4 juin :
« Aujourd’hui, il n’y a pas de bons ou de mauvais Russes, 100 % de la population russe est responsable de ce qui se passe en Ukraine. »
Stoltenberg, secrétaire général de l’Otan, a justifié les frappes de drones ukrainiennes et les incursions en territoire russes qui n’ont fait que des victimes civiles, par le « droit à l’autodéfense inscrit dans la Charte des Nations unies», ajoutant que :
« C’est ainsi que l’on crée la paix et la stabilité et que l’on veille à ce qu’il n’y ait pas d’escalade de la guerre. »
De son côté, le sénateur américain Lindsey Graham, fanatiquement haineux contre les Russes, en déplacement à Kiev, a qualifié l’élimination des Russes de « meilleur investissement » de l’argent américain dans le cadre de l’aide à l’Ukraine :
« Les Russes meurent… Nous n’avons jamais aussi bien dépensé notre argent »
Finalement, alors qu’elle fait languir ses « partenaires » occidentaux avec son hypothétique « contre-offensive », l’Ukraine ne semble donc plus mener depuis des mois qu’une guerre « psychologique », ne pouvant asséner à la Russie que quelques coups symboliques (drones au-dessus du Kremlin) ou hors du théâtre d’opération terrestre principal (drones sur le navire de guerre Ivan Khurs en mer Noire).
Des frappes qui ne sont rendues possibles que par la complicité des forces de renseignement et de planification de l’Otan. Et qui finalement ne permettent que de meubler du temps d’antenne sur les chaines infos occidentales.
Note :
(1) Selon le le Wall Street Journal, citant des sources au sein du renseignement américain, 3 véhicules blindés ayant servi à ces opérations terroristes étaient en effet des MRAP, fournis par les États-Unis. Un quatrième provenait de Pologne. Les combattants étaient aussi équipés de fusils de facture belge et tchèque. Un lance-roquettes AT-4, couramment employé par les troupes américaines, a également été identifié. Une utilisation du matériel de l’Otan qui pose question, puisque les alliés de Kiev ont interdit aux forces ukrainiennes d’employer des armes occidentales pour des assauts sur le sol russe, rapporte le Wall Street Journal.
Le problème, c’est que les bulletins du Mindef russe sont tout aussi psycho-schizophréniques.
Les Russes sont censés avoir déjà dégommé 3 fois chaque avion ukrainien, 2 fois chaque LRM, 3 fois chaque canon.
D’un mois sur l’autre, les chiffres sont les mêmes, ils ne fléchissent jamais.
Et il faut comprendre que les Ukrainiens ont toujours autant de matériel qu’au début de la guerre, autrement, le front s’effondrerait, on ne tient pas une ligne de défense sans artillerie, autrement les Ukrainiens seraient incapables d’envoyer des Storm Shadows et ainsi de suite.
Leurs engins de guerre électroniques étaient censés éteindre les radars de l’OTAN, or, les Russes dénoncent l’aide informationnelle apportée par l’OTAN.
Les satellites russes étaient du moins censés tout voir, or, on apprend que c’est seulement maintenant que les Russes envoient les satellites d’observation militaire aptes à couvrir le champ de bataille à peu près en permanence.
En fait, comme pour le Covid, on se demande s’il se passe réellement quelque chose et on en doute.
On se demande qui est de quel côté, reste nous, les pauvres cons derrière nos claviers à attendre un miracle qui ne viendra pas.
Point d’étape peut se comprendre de deux façons:
1 – on fait le point à la fin d’une étape dans un parcours qui en compte plusieurs et qui a une ligne d’arrivée.
2 – qu’il n’y a en fait aucune étape identifiable ni aucune ligne d’arrivée définie.
–> je penche nettement en faveur de la deuxième interprétation.
Je relaie un excellent article de Nicolas Bonnal (Le Saker Francophone)
Qui va gagner cette guerre ?
Publié le juin 4, 2023 par Le Saker Francophone
Juin 2023 – Source Nicolas Bonnal
Nicolas Bonnal
Certains distraits se contentent des chiffres de pertes humaines pour savoir qui gagne cette guerre : mais comme dit Anatole France les hommes sont compris dans les huit millions de dollars de sa guerre de l’Ile aux pingouins. Les russes peuvent tuer tous les ukrainiens qu’ils veulent, les gens de la coulisse de Disraeli se tiennent les côtes de rire. Savoir qui a gagné cette guerre est enfantin : après il y en a d’autres, c’est comme pour le football. Une guerre ça coûte à tout le monde et ça rapporte à une minorité. Le lendemain le résultat est oublié (qui a gagné au Qatar ? Mr pénalty ?). Mais ce qui compte c’est ce qui a été mis en place. A la prochaine coupe du monde à Paris (1600 chambres d’hôtels à plus de 200 euros dans cette ville pourave, alors imaginez pendant le Mondial : 2000 ? 3000 euros en moyenne la chambre ?). On aura aussi la reconnaissance faciale à Paris en 2026 et c’est une grande victoire sportive, vous ne croyez pas ?
Ce qui a été mis en place avec cette guerre, après le semi-échec du vaccin, c’est le Grand Reset, la chasse au carbone, la réforme des retraites, la surveillance généralisée. Cherchez qui a gagné, du soldat russe (qui écope du rouble numérique en échange), du soldat ukrainien blessé tué ou mutilé ou bien les actionnaires de BP qui grâce aux sanctions bruxelloises (finalement très habiles et pas du tout idiotes comme le pensent les distraits) a gagné trente milliards en 2022 ?
L’autre vrai vainqueur des guerres comme dit Jouvenel c’est l’État. La guerre de cent ans a créé et renforcé le redoutable État moderne. C’est facile de chanter la guerre via Zarathoustra – comme Nietzsche dans une chambre d’hôte à Menton. Mais le vrai vainqueur de la guerre c’est l’État, c’est le monstre froid, c’est la surveillance, c’est la tuerie, c’est la boucherie des âmes (Gaume). La guerre est fondatrice mais pas au sens romantique : ici elle est fondatrice d’un super-État européen qui dirigé par une héritière avait besoin de cette guerre pour étendre sa main de fer sur les zombis imbibés de chaines news.
L’autre vainqueur bien sûr c’est Wall Street et les bourses, toujours ravis d’avoir un sparring partner russe ; comme dit Bernanos dans sa France (mal partie) contre les robots, la Russie c’est ce parlementaire qui a fait fortune – ou infortune – dans l’opposition… Cette guerre aide à ruiner les peuples occidentaux et à enrichir les riches : les agendas ainsi sont remplis, les carnets de commande sont pleins, les actionnaires contents – les nonagénaires génocidaires euphoriques comme jamais. La brutale et interminable opération spéciale a renforcé facilement le pouvoir des oligarques qui a coup d’invocation humanitaire mènent toujours les masses hébétées ou enthousiastes à l’abattoir – ici sociale et carbonique – comme ils veulent.
Le triomphe des Nuland, Blinken et Kerry autour du vieux Biden est total. Le peuple américain jadis le plus riche du monde peut fouiller dans les poubelles comme à Austin pour se nourrir : ils s’en carrent et continuent de rire en imprimant des dollars (on attend toujours son crépuscule, pas vrai ?). On continuera de fabriquer sous licence en Chine en éclatant de rire et en faisant peur au péquenot avec la troisième guerre mondiale. Je n’y peux rien si la masse ne relit pas Orwell : la guerre ne détruit pas l’adversaire ; elle détruit les surplus (objectif Reset) et elle renforce le pouvoir de l’élite sur la masse affamée et abrutie.
La guerre est engagée par chaque groupe dirigeant contre ses propres sujets et l’objet de la guerre n’est pas de faire ou d’empêcher des conquêtes de territoires, mais de maintenir intacte la structure de la société.
Nicolas Bonnal
Banal, pas Bonnal.
Il délire complètement le type, il n’a rien à dire.
Il ne sait même pas où il campe.
Aux dernières nouvelles, il a viré sioniste, et il vit quelque part en Espagne.
Fracasse, si vous avec tiré une quelconque grille de lecture ou prévision quant à l’évolution du conflit et des opérations avec des dates, mêmes approximatives, suite à cet article, je vous tire mon chapeau.
Après, bien sûr, quand on ne comprend plus rien à quelque chose, on peut toujours ce dire que ce n’est pas grave, que le problème est ailleurs, je veux bien, mais pour que ce ne soit pas de la mauvaise foi pure, il faut être capable de donner les prochaines phases et leur enchaînement, et là, bien sûr, le Banal Bonnal, il bloque, il est aux abonnés absents.
« Toujours se dire », oups, belle bourde.
Les prémisses du conflit ne sont-ils pas dans la donation du Donbass et de la Crimée rétrospectivement par Lénine en 1921 et 1954 pour la Crimée?
Comme Vladimir Volkoff l’explique dans son ouvrage « Le Montage », une certaine caste oligarchique a besoin pour se maintenir au pouvoir d’un moyen et le concept utilisé est celui défini par Volkoff comme le « fil de fer tordu », c’est la création artificielle de deux camps antagonistes (Exemple: nazisme/communisme) et aujourd’hui monde unipolaire/multipolaire. Leur but est-il de mettre en place la dystopie du Forum de Davos (Grand Reset), si oui, nous assistons aujourd’hui à un jeu de rôles, comme celles des fausses disputes entre protestants (L’un des protagonistes jouant le rôle d’un catholique « benêt »).
L’histoire nous montre d’ailleurs des précédents (l’Alsace Lorraine) pour exacerber les nationalismes et le corridor de Dantzig?
Crimée = N. Kroutchev
Une analyse technique et un bilan de la bataille d’Artemosk:
https://reseauinternational.net/la-bataille-de-bakhmout-postmortem/
En résumé, la Russie gagne sur trois plans, sachant, dès le départ, que la ville était impossible à encercler (les forces Ukros en deuxième rideau à Chassiv Yar étaient trop fortes):
1 – La ville avait un intérêt opérationnel par elle même, donc, sa perte par l’Ukraine devra avoir des conséquences visibles dans le secteur.
2 – Les deux parties ont accepté que la ville devienne un point de fixation, c’est-à-dire un entonnoir à pertes, les Ukrainiens ont perdu à la fois en quantité et en qualité, environ 45000 troupes d’élite contre 15 000 essentiellement du Wagner composé de détenus. D’un côté, les Ukrainiens avaient l’avantage d’être en défense, de l’autre, le rapport de puissance de feu était de 1 à 10 pour la Russie.
à noter que la méthode d’estimation des pertes est donnée: on doit relever une unité quand elle a perdu 15% de son effectif, car alors, elle ne peut plus remplir sa mission. Or, les Ukros ont fait tourner une soixantaine d’unités, et certaines n’ont jamais été relevées, elles ont été détruites, tout simplement.
3 – Les deux côtés avaient besoin de gagner du temps pour renforcer leur ordre de bataille (ORBAT), là aussi, la Russie l’emporte, l’ORBAT russe est plus puissant après la bataille qu’avant, pour l’Ukraine, c’est le contraire.
–> voilà, ça c’est une analyse avec des cartes, un historique, la liste des unités engagées, c’est pas du Bonnal avec son Rouble numérique qui confond « prendre du recul » et « être à côté de la plaque ».
–> critique de cette analyse: pour l’instant, aucune exploitation visible ni annoncée de la victoire par le côté russe, c’est très inquiétant: après avoir fait tomber Soldedar, les Russes avaient immédiatement annoncé qu’ils marchaient sur Artemosk (qu’ils avaient déjà approché depuis le nord et le sud). Là, rien, de plus, si des bonnes réserves ukrainiennes ont été consommées à Artemosk, elles ont dû manquer ailleurs: à Advika, Ugledar et Marinka, or, pas de progrès significatif dans ces secteurs, rien que les éternelles « avancées » et « progrès » invérifiables.
Un point pourtant, Poutine a annoncé que Marinka était la prochaine priorité pour dégager Donetzk, il revendique la contrôler à 70%, reste 30%, on va voir combien de temps ça va mettre à tomber sachant les soi-disant trois points cités plus haut.
–> De son côté, l’Ukraine a l’air partie dans une série d’attaques Kamikazes pour faire durer la guerre.
–> Que penser de la propagande de Prigozine contre le Mindef russe, à quoi est-ce qu’elle rime? On sait déjà que contrairement à ce qu’il disait, les flancs russes à Bakmout ont tenu, les fusiliers motorisés se sont bien battu et n’ont retraité que sur ordre et de quelques centaines de mètres.
Or, maintenant, Prigozine annonce des pertes russes à venir énormes, en effectif et en territoire; il pense donc que la chute d’Artemosk a été trop lente et que ce sont les Ukrainiens qui ont le plus renforcé leur ORBAT. Est-ce qu’on doit le prendre au sérieux?