La crise bancaire américaine se poursuit avec plusieurs grandes banques ayant fait faillite récemment, la dernière étant la First Republic Bank. C’est la troisième faillite bancaire américaine de l’année, après l’effondrement de la Silicon Valley Bank et de la Signature Bank, qui vient de conduire les régulateurs financiers américains à approuver son rachat par JPMorgan. Les actifs de ces trois banques en faillite s’élevaient à 532 milliards $. Pour comparer, les actifs des 25 banques qui ont quitté le marché en 2008 ne s’élevaient qu’à 526 milliards $. Rappelons que l’effondrement de Washington Mutual, ainsi que des banques d’investissement Lehman Brothers et Bear Stearns, avait provoqué l’effondrement du système bancaire.
De 2008 à 2015, plus de 500 banques ont cessé leurs activités. Suite à leur faillite, les banques régionales de petite et moyenne taille sont tombées sous le contrôle d’acteurs plus importants. Nous assistons maintenant à un autre cycle d’acquisitions à grande échelle.
L’effondrement de la Silicon Valley et de la Signature Bank en mars 2023 a suscité des inquiétudes dans le secteur bancaire. La Fed a relevé les taux d’intérêt, ce qui a entraîné une baisse de la valeur des actifs dans les bilans des banques et provoqué une forte sortie des dépôts.
En mars, First Republic a été capitalisée à hauteur de 30 milliards $ par de grandes banques américaines pour restaurer la confiance des clients. Au premier trimestre de cette année, les déposants ont retiré plus de 100 milliards $ des dépôts, ce qui a provoqué un effondrement brutal du cours des actions de la banque de plus de trois quarts.
Dans une situation où les actifs de la banque se déprécient, des injections supplémentaires sont peu susceptibles d’aider. Mais une partie de ces 30 milliards $ pourrait bien être utilisée pour émettre des prêts non performants, ainsi que d’autres opérations, qui seront alors très difficiles à identifier dans le chaos de pré-faillite.
Par conséquent, il est très avantageux pour la direction des banques donatrices de recapitaliser les banques à l’agonie.
La First Republic Bank avait de nombreux comptes d’entreprises et de startups qui y entreposaient plus de 250 000 $. C’est le montant couvert par l’assurance fédérale US. Pour le marché local, il s’agit d’un faible montant assuré.
Le secteur bancaire américain a des exigences strictes en matière de fonds propres depuis la crise de 2008. Les grandes banques sont tenues de détenir un certain montant de réserves et de diversifier leurs activités. Mais en 2018, l’équipe Trump a promulgué une loi qui a réduit le niveau de contrôle de nombreuses banques régionales. Le PDG de la Silicon Valley Bank, Greg Becker, avait été un fervent partisan de cette décision. Ainsi, les banques américaines moyennes sont devenues plus efficaces, mais aussi plus vulnérables. Maintenant, leurs clients paient pour ces actions à courte vue.
La directrice du FMI, Kristalina Georgieva, a félicité les régulateurs de la rapidité de leur réponse à cette faillite, mais elle a souligné qu’elle s’attendait à de nouvelles vulnérabilités dans le futur.
La crise bancaire aux États-Unis pousse les petites et moyennes banques hors du marché. Les actions de PacWest Bancorp, de Western Alliance Bancorp et de certaines banques régionales américaines sont désormais sous forte pression. C’est ce qui intéresse en premier lieu la Fed.
La crise deviendra un argument de poids pour la mise en place d’un système de dollar numérique et d’un contrôle financier poussé. Un scénario réaliste est la réduction du nombre de banques aux États-Unis à six à huit banques d’importance systémique.
Il est difficile d’estimer les pertes des entreprises et des investisseurs privés, mais la facture s’élèvera à des billions $ (milliers de milliards $).
La seule option pour éviter les bouleversements sociaux pourrait être l’absorption des petites banques par les grands acteurs, l’injection de liquidités supplémentaires, et le prolongement de ce processus aussi longtemps que possible.
Source : Actualités mondiales et françaises